Etat chronique de poésie 907

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Pourquoi rouler sinon pour qu’humain nous soyons en mesure de devenir ?

C’est chose étonnante que cette inquiétude qui taraude les esprits : il faut avoir arrière pensée pour agir, écrire, dire et faire ce que la vie nous inspire…

Nul n’envisage spontanément qu’il soit possible tout simplement de vivre l’instant, de s’asseoir à sa table, de laisser les doigts évoluer sur un clavier qui ne sait rien de son pouvoir à agencer les lettres et les mots, les phrases et les paragraphes.

C’est dans l’esprit vide que se formulent les pensées.

C’est dans cette vacuité que se créent les relations qui nous font émettre sons et pattes de mouches noires sur fond blanc de page vierge.

Un regard croisé, une peine posée, un chagrin étouffé, une vague montant à l’assaut de la grève, une huppe picorant à marée basse entre les rochers un instant dénudés sont le ferment, l’humus, le nectar où l’esprit peut boire à satiété.

Par delà les heures diurnes méthodiquement explorées, il en reste encore qui se consacrent à lire, et à dormir, rêves emportés de main de maître par ces écrivains, compagnons de route d’une vie, qui ont un talent immense pour alimenter l’imaginaire.

*

Le monde tourne si mal que tout ne devrait être qu’étrange calcul.

Alors les calculateurs sont rois, et l’art détourne son regard pour ne rien voir de cette cacophonie boursière.

Le martien est cet être qui écoute sa voix intérieure, médite sans idée préconçue, laisse le vide le gagner avant tout jaillissement de lumière.

Le martien a les pieds sur terre, boit à la source du réel pour alimenter son monde, peuplé d’étoiles.

Fâché avec les chiffres, il ne sait si demain ne le conduira pas en d’infinis exils, faute d’avoir su calculer les traites à payer, les impôts à rembourser.

On lui demande de se voir en retraité pépère quand il ne sait même pas si, un jour, il travaillé.

Par insuffisance de cotisation, d’ailleurs, il sait, sans aucun calcul qu’il lui faudra mourir en scène.

Son seul repos sera éternel.

A moins que d’un coup il ne décide de revenir sur ses pas, pour une nouvelle vie…

Manosque, 22 avril 2010

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