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Tous à la campagne ! - Judith O'Reilly

Par Emmyne

51xc2PXBf_L__SL500_AA300_La campagne dans tous ses états ou comment survivre au fin fond du Northumberland quand on n'a connu que la trépidante vie londonienne. Femme au bord de la crise de nerfs en terrain rural inconnu : un témoignage désopilant et plein d'émotion. " Dans la santé et dans la maladie ": oui! Mais " à la ville et à la campagne "? Judith n'a jamais rien promis et se demande encore pourquoi elle a accepté d'abandonner sa carrière et son Londres bien-aimé pour suivre son mari dans cette contrée hostile. Les hormones de grossesse altèrent le discernement, elle ne voit que ça ! Enceinte jusqu'au cou, deux garçons en bas lige dans les jambes et une mère quasi aveugle au bras, Judith va découvrir un monde étrange où tomber en panne sèche peut mettre votre vie en danger, quand vous n'avez pas déjà succombé aux invasions de mouches. Et attention à la seule minorité ethnique visible : une famille de rouquins... Récolte d'huîtres, tonte de moutons, chasse à courre, il ne sera pas dit que Judith ne fait pas d'efforts. Ni qu'elle est à l'abri de prendre goût à ces activités au grand air, aux paysages grandioses et surtout à la solidarité de ses nouveaux amis. Restera ? Restera pas ? Et si la vie à la campagne était la vie rêvée?

- Editions Belfond -

Quelle déception que ce livre ! Des heures laborieuses à tourner les pages par principe.

Le thème me tentait. Je m'attendais à une lecture à la fois légère sur la forme et dense sur le fond. De l'humour et un regard pertinent. Je n'y ai rencontré que poncifs et mélange des genres d'une plume complaisante. L'auteur est journaliste, ce livre est issu du blog qu'elle a tenu relatant son expérience ( le récit se présente comme un journal, des " billets" datés ). J'espérais donc aussi une certaine qualité d'écriture alors que j'ai lu un texte abrupt, parfois confus, souvent répétitif, les lamentations et tergiversations de la dame sans le moindre recul, ni réflexion. Un peu d'autodérision, il est vrai, la touche d'humour anglais, certes, mais en piques et formules faciles.

J'ai été gênée dès les premières pages par l'amalgame fait par l'auteur entre sa vie de citadine avec celle de femme sans enfant. Le motif de ce texte est faussé. La nostalgie de Judith O'Reilly pour son existence londonienne est en réalité celle d'une époque où elle exerçait un métier prenant, passionnant et valorisant sans contrainte familiale. A la quarantaine, elle choisit de devenir mère : 3 enfants en cinq ans et un déménagement à la campagne quelques mois avant d'accoucher du dernier. Elle raconte ces bouleversements, les mêlant à  des anecdotes sur la rénovation et l'agrandissement de leur logement, à ses préoccupations sur la santé déclinante de sa mère, aux difficultés sociales de son fils dans sa nouvelle école - sans que l'on parvienne à comprendre si ces difficultés sont réellement liées au changement d'environnement ou si elles auraient aussi pu survenir si le garçon avait changé d'école dans Londres - Les scènes de vies domestiques de cette maman de trois enfants en bas âge sont d'un classissisme torride - oui madame, les petits se réveillent tôt, pleurent, jouent avec l'eau, réclament beaucoup d'attention et renversent la boite de corn flakes pour dénicher la surprise au fond du paquet -, des épisodes amusants s'ils sont décrits d'un style enlevé sur un court texte. Que de clichés et de lieux communs sur les modes vestimentaires, les réunions saisonnières, la culture équestre mais finalement bien peu sur les mentalités, les motivations, sur la pratique du blog. Et puis que penser de la longue confidence, celle d'un premier bébé mort-né, qui tombe sur les dernières pages ?

Cette femme m'a apitoyée au mauvais sens du terme, je n'ai ressenti aucune compassion, aucune complicité non plus. Ce témoignage ne m'a paru ni émouvant, ni tendre, ni drôle ( ce qui est dommage pour un livre considéré comme relevant de la chick-litt au vu de la collection et de la couverture ). Les qualificatifs qui me viennent à l'esprit sont plutôt exaspérant et ennuyeux.

- A lire : le billet d'Antigone qui a beaucoup aimé ce livre, celui de Cuné -

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