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La Russie veut créer sa Silicon Valley

Publié le 06 juin 2010 par Entrepriseglobale
Saviez-vous que la Russie était toujours, en 2010, l’un des pays où le taux d’alphabétisation et d’éducation générale restait l’un des plus élevés du globe ? Le chaos des années 90 n’a pas totalement balayé l’un des (rares) acquis de la période soviétique : un système éducatif plutôt égalitaire, ainsi qu’une initiation aux arts et lettres sans doute supérieure à la moyenne des Etats développés. Sur le papier, la Russie devrait être l’un des pays les mieux armés pour tirer son épingle du jeu dans l’économie de l’intelligence et de l’innovation. Pourtant, dans la pratique, le pays délaisse son potentiel intellectuel. Peut-être plus pour longtemps…   Un géant de la recherche et de la science qui s’est effondré…   Aujourd’hui, l’économie de la Fédération s’est tournée vers et repose quasi exclusivement sur l’exportation de matières premières. Le gaz et le pétrole représentent 40% des rentrées russes.     Au début des années 90, les Russes dépensaient encore 6% de leur PIB en recherche et développement (R&D). Un seuil largement supérieur à ceux du Japon ou de la Suède, déjà champions en la matière. Vingt ans plus tard, le total cumulé des dépenses en R&D de la Russie atteint péniblement 1,5%. Le secteur spatial est à peu près le seul secteur d’exportation « à haute teneur technologique » sur lequel peut compter Moscou. Et encore, la singularité russe dans ce domaine repose sur des solutions inventées voici presque 50 ans…   … mais tente de se reconstruire   "Ce modèle économique n’est plus tenable" affirme, à présent Dimitri Medvedev, le président russe. Moscou entend asseoir l’économie future de la Russie sur des fondations plus solides, un tissu d’activité moderne, compétitif et puisant ses racines dans l’économie de la connaissance, explique un long article du magazine "Newsweek".   Vaste gageure. Pour y parvenir, Medvedev mise comme la plupart des économies développées sur le développement de réseaux dynamiques d’entrepreneurs, dans un substrat imbriquant universités, laboratoires de recherche et sociétés de capital-risque. En d’autres mots, Moscou entend creuser le sillon de sa propre Silicon Valley.   Skolkovo, mélange entre un MIT et un Stanford russe   La Silicon Valley Made in Russia a déjà trouvé son implantation : Skolkovo, dans la banlieue de Moscou. La zone est déjà le siège de l’une des écoles de gestion le plus réputées du pays.   Le Kremlin, avec l’aide de quelques milliardaires locaux, tente de reconstruire une sorte de mélange entre, d’une part, la technopôle entrepreneuriale qui entoure Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT), autour de Boston, et, d’autre part, l’université de Stanford, pivot de la Silicon Valley, en Californie. Skolkovo sera un campus et un espace d’entreprises moderne, étanche à la corruption (promet-t-on), et multisectoriel.   En point de mire : l’innovation dans les communications, la biomédecine, mais aussi l’espace, le nucléaire, les technologies de l’information ou les nanotechnologies.   Le plus grand fonds d’investissement dédié aux nanotechnologies   Les responsables russes vont mettre sur pied le plus grand fonds d’investissement consacré aux nanotechnologies. Les forces vives, publiques et privées, prévoient de réunir 10 milliards de dollars. Objectif : investissements en développement de technologies nouvelles.   La stratégie « Smart Russia » doit s’étaler jusqu’en 2020. Skolokovo devrait être opérationnel en 2014. Tout devrait être en place pour encourager une portion des milliers de grands chercheurs russes partis chercher de meilleures conditions de travail à l’étranger. Les entrepreneurs sont également bienvenus.   Encore une Silicon Valley…   Vrai, tout le monde, aujourd’hui, rêve de mettre le pied à l’étrier de sa propre Silicon Valley. Quelles sont les chances que les responsables russes parviennent, un jour, à réaliser un écosystème équivalent au modèle californien ? Qui sait…   L’intérêt, néanmoins, réside surtout dans le fait que la Russie, un pays émergent, à son tour, croit et valide un modèle de développement économique adapté à son temps. En d’autres termes, encore une fois, basé sur l’entrepreneuriat, les startups, la mise en réseau et les écosystèmes d’innovation.  

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