Magazine

Plaidoyer pour Kerviel

Publié le 08 juin 2010 par Laurelen
Plaidoyer pour Kerviel Jérôme Kerviel, l'homme qui a failli couler sa banque, la Société générale, en lui faisant perdre 4,9 milliards d'euros (soit, au passage, 4,8 millions de smic, et à peu près dix million de RMI), passe en procès aujourd'hui. Un procès qui devrait durer trois semaines, et au cours duquel les juges devront déterminer si le jeune trader de base est coupable de faux en écriture et d'abus de confiance au préjudice de sa banque. Des juges qui devront entrer dans le système particulièrement opaque des opérations spéculatives pour tenter d'en démeler l'écheveau.
Si on était l'avocat de cet accusé si particulier, on construirait notre plaidoirie sur un argument simple : oui, Kerviel est coupable. Coupable d'avoir joué de l'argent qui n'était pas à lui, d'avoir spéculé sur la baisse des marchés, coupable de s'être pris pour Dieu, de s'être pris au jeu, de s'être pris les pieds dans le tapis, le tapis que mettent sur la table les joueurs de poker.
Mais alors, où sont tous les autres joueurs ? Ceux qui ont ruiné la Grèce, et s'apprêtent à faire de même avec le Portugal et l'Espagne ? Devant quel tribunal comparaissent-ils ? Devant quels juges se présentent les patrons de Goldman Sachs, qui, non contents d'avoir foutu la merde dans le monde entier, ont récupéré de l'argent public pour, à nouveau, spéculer, et gagner du fric, encore plus de fric, et mettant à la rue des centaines de milliers d'êtres humains ? Où sont, enfin, les politiques, qui depuis des décennies cautionnent les "marchés", facteurs de croissance et de richesse ? Devant le tribunal correctionnel de Paris, il manquera du monde dans le box des accusés. Du beau monde. Kerviel a juste eu le tort de se prendre pour un capitaine de la finance, alors qu'il n'était qu'un soutier. Quitte a solder des comptes, il faudrait en demander aux vrais coupables. Aux gros coupables. Aux fous criminels qui jouent avec des ordinateurs le destin de pays entiers. Mais bon, on est pas avocat. Ou alors, du Diable.

François GILLET

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Laurelen 224592 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte