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Accountants Killed the Radio Stars

Publié le 09 juin 2010 par Fabien Major @fabienmajor

Si on doit refaire un jour la toune pop de mes 15 ans, il faudra plutôt chanter: Accountants Killed the Radio Stars… parce que la vidéo n’a rien tué du tout. Au contraire, les comptables à la tête d’un média spontané et créatif comme la radio, ont fait un sale boulot!

Au cas où cela vous aurait échappé, Cogeco (T.CGO) doit mettre la main sous peu sur une douzaine de stations de radio de Corus. La grosse Corus (T.CJR.B) se retire du Québec. Plutôt que de congédier ses gestionnaires incapables.. (à la recherche de l’argent avant le talent), elle a démissionné et souhaite remettre entre les mains d’un de ses compétiteurs les clefs de 98-5fm, CKOI, Q92, CKAC, CHLN, CIME…. et autres joyaux régionaux. Cette curieuse entente est digne des épisodes précédents auxquels le cartel des télécoms nous a habitués depuis des décennies. Oui, les grands réseaux de câbles discutent entre eux et s’échangent des cartes comme des gamins. Avec le temps, leurs activités se sont étendues et comme Cogeco, ils se sont accaparé des hebdos, des télés, des radios et parfois des licences de téléphonie cellulaire et terrestre.

Je suis assuré que la vente de liquidation de Corus au profit de Cogeco est un contrat qui n’implique pas SEULEMENT les stations de radio mises en cause. Il y a un an, lorsque les petites INFO690 et 940 HITS se mourraient, CORUS a reçu des offres pour les maintenir en vie. Mais, elle a levé le nez dessus. Fermer des stations, entrait dans une stratégie d’assouplissement des contraintes du CRTC. Avec certains émetteurs éteints, Cogeco trouvera moins de réticences auprès des commissaires pour faire passer cette grosse pilule (acquisition d’un bloc de stations). Le transfert de Corus Québec vers COGECO se tramait déjà en novembre 2009 ou plus tôt.

Cogeco par son réseau de câblodistribution propose déjà le contenu de chaînes de télé spécialisée de CORUS… Offrir un gros bouquet de stations de radio à 50% de rabais, implique certainement un retour d’ascenseur quelque part dans les activités complémentaires des 2 groupes. Évidemment, cette vente-débarras assainit le bilan de CORUS… dans un bon moment. Mais concrètement 80 millions $ pour ce groupe, ce ne sont que des pinottes.

Voilà qu’arrive en jeu bien tardivement, le duo Tétrault-Tietolman (T&T Média). Ils ont l’argent, l’expérience et la capacité de reprendre au COMPLET et de faire revivre les antennes fermées par CORUS. Wow. Ils s’offrent même d’inclure dans la transaction le mouton noir syndiqué aguerri, CKRS Chicoutimi. La famille Tieltolman a fait beaucoup pour la radio au Québec. On leur doit les plus belles années de radio innovatrice de CKOI et CKVL. À l’époque où les animateurs de radio avaient le droit d’avoir une personnalité et d’être passionnés en ondes. L’époque où l’on découvrait de nouveaux talents sur disque… et en direct des studios. Puis arrivèrent les comptables….

T&T Média planche sur son projet depuis 1 an et demi. La transaction d’avril entre Corus et Cogeco les a pris de cours. Ils ont aiguisé leurs crayons et reviennent à la charge. J’ai déjà écris que si le CRTC approuvait la transaction des 2 grosses, la population ne serait que perdante. Je le pense encore.

Mais, si T&T Média avait sa chance… le contenu local et régional et les auditeurs gagneraient énormément en diversité et en dynamisme. Oui Cogeco a un certain talent pour imiter les programmations des gagnants américains et placer en ondes des comédiens et humoristes à gros prix… mais est-ce suffisant pour faire de la radio longtemps à l’ère de l’iPod et de la radio Internet. NON. La radio est un média de proximité. Les conglomérats font la démonstration qu’ils ne souhaitent pas desservir les populations et respecter leur intelligence. Ils veulent ajouter des dividendes à leurs actionnaires avec une vision axée sur les résultats trimestriels. Pas de chance à prendre avec l’innovation, elles mettent donc en ondes de la mélasse connue, reconnue qui rassure les annonceurs. Si les revenus de ses stations de radio étaient basés comme sur le net au «pay by clic», ce serait la faillite instantanée.

Même dans la pub, la radio ne s’est pas rafraîchie. Il n’y a qu’à la radio qu’on ose passer des jingles poches comme St-Eutache Nissan ou les rimes idiotes de Germain Larivière. Ça passe, parce que les comptables ne voient pas les dommages que ça cause à la fidélité des auditeurs, mais ils ne voient que le 100$ que ça rapporte.

Suivant la sortie de T&T Média, les réactions rapides et vives de Cogeco et de CORUS en disent long. Pas question de reculer même dans l’intérêt des actionnaires et des populations. Le marché ne peut être cassé, il y aurait de grosses pénalités! Une marionnette de service de Corus a prétendu à La Presse: «C’est une promesse d’engagement formelle avec Cogeco, on n’a même pas la possibilité de considérer cette offre-là»! Et que fait-on de la promesse de maintenir des emplois de qualité et d’exploiter dans le meilleur intérêt des communautés les ondes qui «appartiennent» aux Canadiens et aux Québécois?

Moi je veux entendre le ministre des Relations internationales à ce sujet. Pierre Arcand a empoché des millions en vendant ses parts de Métromédia à CORUS. Il connaît le dossier en profondeur. Maintenant qu’il doit défendre les intérêts supérieurs de la province…, il doit s’immiscer dans ce débat et engager son gouvernement dans ce qui sauvera le maximum d’emploi ou de création de valeur à long terme. Le gouvernement Charest a autant le devoir de mettre son nez dans cette transaction que dans celui d’une équipe de hockey à Québec. Et si jamais, Arcand est en conflit d’intérêts parce que ses poches sont encore remplies d’actions de CORUS… Alors qu’on implique la ministre de la Culture et des Communications. Ça presse!


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