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« La république des enfants de salauds »

Publié le 10 juin 2010 par Gezale

« Il est troublant de constater à quel point l'histoire se répète. Si l'on considère que le régime de Vichy a été l’instrument d’une formidable revanche de la droite la plus réactionnaire sur le Front populaire et ses conquêtes sociales, comment ne pas voir aujourd'hui, après que le Gaullisme n'est devenu que l'ombre de lui-même, que l'acharnement mis par l'équipe au pouvoir à réduire à néant le programme du Conseil national de la Résistance n’est que la revanche tant attendue de cette droite d'avant-guerre.

La droite du grand patronat, des firmes, des fortunes coloniales, des deux cents familles, et aujourd’hui de ses héritiers. Cette droite qui faisait tirer sur les ouvriers grévistes. Celle des Papon, Bousquet et Touvier, empêchée depuis plus d'un demi-siècle, à quelques exceptions près, de figurer dans le premier cercle du pouvoir. Cette droite d'abord réduite au silence en raison de sa collaboration massive avec l'Allemagne nazie, puis par l'influence incontournable des gaullistes sur la politique, et enfin par l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981, peut désormais s’afficher au grand jour et réaliser son rêve.

Ce rêve ? Celui d’une société où la liberté est celle du plus fort, du plus riche, d’une société où l’argent régit tout. D’une société ou « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé » et où l’on rend hommage aux bienfaits du colonialisme face à une Afrique « pas encore assez entrée dans l’Histoire. » D’une société décomplexée où l’on prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches. Une société qui ressemblerait à s’y méprendre à celle de l’Ancien régime : les privilégiés d’un côté, le peuple de l’autre.

L’oubli est passé par là mais les fils ressemblent étonnement à leurs pères et la descendance relève aujourd’hui la tête, suivie par la cohorte des affairistes et autres opportunistes : les Bernard Tapie, Alain Minc, Stéphane Courbit pour ne citer qu’eux parmi la bande du Fouquet’s. Robert Hersant et Ambroise Roux doivent en frétiller d'aise dans leur tombe. »

Reynald Harlaut

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