Magazine Société

Une série ancrée dans la réalité

Publié le 10 juin 2010 par Bix

J'ai découvert récemment The Wire / Sur écoute, la série préférée de Barack Obama. Une superbe série ultra réaliste, qui prend son temps, sans manichéisme, où tous les personnages y compris les pires malfrats ont une épaisseur ; on s'attache à tous ces gens qui ont tous leurs intérêts bien compris.

Si la saison 1 se concentre sur les "projects" (les cités) du West Baltimore, la saison 2 élargit l'intrigue à d'autres quartiers où les dealers sont blancs, ainsi qu'au port, où les magouilles de vols de containers et d'immigration clandestine / réseau de prostitution nous font entrer dans la très grande criminalité. De quoi faire passer les dealers d'Avon Barksdale pour des petits rigolos.

Vidéo de l'intro de la première saison

Pourquoi dis-je que c'est une série ancrée dans la réalité ?

Une scène du début de la saison 2 nous montre Francis Sobotka, chef du syndicat des dockers[1], dialoguant avec un prêtre catho (normal, on est entre Polonais). Le docker demande au prêtre de jouer l'entregent pour contacter la sénatrice de l'état, Barbara Mikulski.

Je vous rassure, j'oublie le nom sitôt la scène passée. Coïncidence, je décide d'aller me renseigner un peu sur la Maryland et Baltimore, histoire de comprendre un peu de quoi parlent les personnages et identifier les lieux des intrigues. Et sur la fiche Wikipedia du Maryland, les noms des sénateurs avec... Barbara Mikulski, effectivement sénatrice des États-Unis, depuis 1987[2].

Rien de répréhensible n'est dit dans les dialogues. Les scénaristes n'ont pas mêlé la sénatrice dans des magouilles de pognon et de dons électoraux. D'autres dialogues se chargent de tailler un costard au "parti démocrate" en général. Le "state senator" Clayton Davis (sénateur à la chambre du Maryland donc), qui parait être au centre d'un réseau d'argent sale, est bien évidemment fictif. Mais quand même, évoquer un personnage politique réel, comme ça, au cours d'un dialogue, ça vous pose une série. En France on n'est pas habitué.

The famous fucking crime scene

Plus dans le détail maintenant. La série se passe au début des années 2000, en plein dans le 2e mandat Bush, post 9-11 (prononcer "nine eleven"). C'est la création du Department of Homeland Security, en remplacement du Office of Homeland Security. Un court plan nous montre le remplacement d'un blason par un autre, suivi d'une courte réflexion d'un fonctionnaire pour qui tout ça c'est du bullshit. Un discret portrait de Bush égaye un mur.

Je me souviens d'un téléfilm du mercredi soir, probablement sur France 2, qui parlait de politique dans une petite ville, quelque part en France. Des écolos étaient montrés. C'étaient les Verts, mais ce n'étaient pas les Verts. À savoir que la production avait gardé le fond, mais changé toute la forme. Des affiches toute verte disaient : "Et si la couleur de l'an 2000 était le vert ?" ; une affiche des Verts, pour les européennes de 1999, disait également : "Et si le vert était la couleur du 21e siècle ?"

C'est l'incursion la plus osée dans la réalité politique que je n'ai jamais vu à la télé, dans une série française. Peut-être que ça a changé un peu, avec les créations Canal+... Non ?

Notes

[1] On est loin de la GT ou de la CFDT, le système du syndicat règle les anciennetés des dockers, avec un système quasi mafieux.

[2] Autant dire qu'elle fait partie des meubles, un autre exemple, s'il en fallait, que le cumul des mandats dans le temps est hallucinant aux États-Unis.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bix 96 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine