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Kadhafi: le Net crie haro sur le nouvel ami de Sarkozy

Publié le 10 décembre 2007 par Willy


Par Zineb Dryef (Rue89)     10/12/2007



Embarras à droite, condamnations à gauche et à l'étranger: la venue du Libyen à Paris ne laisse pas indifférent.

A Lisbonne, le colonel Kadhafi a fait son show. Ce vendredi, à la veille du sommet Europe-Afrique, le dirigeant libyen a estimé "normal que les faibles aient recours au terrorisme", puisque "la dictature règne aux Nations unies". Les pays européens, "forces coloniales", ont également été vertement critiqués par le nouveau partenaire de la France.

Habituellement plus susceptible, Nicolas Sarkozy a consideré que son homologue libyen pouvait dire ce qu’il voulait. Même appeler au "dédommagement" des peuples colonisés? Le président français a préféré ne pas commenter. Contrairement aux blogueurs et journalistes, auprès de qui le colonel Kadhadi n’a décidemment pas la cote.

Royal offensive, Kouchner sur la défensive

Dans une lettre adressée aux adhérents de Désirs d’Avenir, Ségolène Royal condamne la politique étrangère de Nicolas Sarkozy. Chine, Russie, Libye, l’ex-candidate à l’Elysée dénonce:

"La Realpolitik devient un cynisme difficilement supportable qui va culminer lors de l'accueil du colonel Kadhafi pour une visite d'Etat, contrairement à ce que font tous les pays de l'Union européenne, quelle appréciation portez-vous sur ces dérives? Cette visite en France est intolérable alors que les tortures en prison sont désormais connues de tous."

Du côté du PS, la position officielle est la fermeté:

"Si le colonel Kadhafi veut être invité, il doit mettre fin à son système d'exactions. Il doit cesser de promouvoir, en actes et en paroles, le terrorisme international."

Les transfuges socialistes au gouvernement, eux, ne protestent que mollement. A commencer par Bernard Kouchner qui a, de son propre aveu, "avalé son chapeau". Dans une interview accordée au site d’information Bakchich, le ministre des Affaires étrangères justifie la vente d’armes à la Libye:

"Je préférerai un monde sans armes mais, pour le moment, c’est un monde rêvé, alors nous essayons de ne pas les utiliser et que la démocratie l’emporte."

La journaliste insiste et lui demande s’il ne craint pas que la Libye utilise ces armes un jour. En difficulté, le ministre bredouille un:

"Nous établirons des relations qui seront, non pas des relations de surveillance mais de conscience développée, de la nécessité d’être toujours ouvert et euh…amical…comment dirai-je…mais attendez, on n’est jamais sûr!"

La France vend donc des armes à un pays dont elle n’est pas sûre. Voilà qui va rassurer les blogueurs les plus sceptiques sur cette visite.

Des blogs de droite discrets sur le sujet

Dominique Hasselman livre un regard caustique sur la venue du "chien fou du Moyen-Orient" en illustrant son post à l'aide de photos de tentes de SDF parisiens. Le blogueur rappele "l’humanisme" du Libyen avant d’égratigner le président français:

"Puisque Nicolas Sarkozy est 'très heureux' de recevoir le dictateur libyen Kadhafi à Paris, lundi prochain et pour une durée de cinq jours, on ne saurait que s’incliner devant son réalisme politique. Le 'guide suprême' de Tripoli a en effet permis la libération des otages (du temps où Cécilia jouait 'Madame bons offices'), il a donc montré son amour immodéré pour les droits de l’homme et de la femme.

"Vendredi, le colonel Kadhafi, qui aura, il faut le souhaiter pour notre bien-aimé VRPrésident ®, acheté quelques Airbus, Rafale (ce serait une première pour l’avion Dassault !) et un réacteur nucléaire, fera un détour par le château de Versailles."

Les électeurs de droite sont discrets sur le sujet. Parfois, comme l'a fait Hevré Mariton, député UMP de la Drômé, des blogueurs favorables à la majorité s'indignent. C'est le cas sur le blog Ma droite:

"Je suis de droite et je partage l’ensemble des idées de droite. Cependant, même dans une grande famille, des avis peuvent diverger. Je suis particulièrement hostile à la visite du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Dérouler le tapis rouge pour un individu impliqué dans de nombreuses affaires de terrorisme m’irise les poils! Je rejoins largement l’avis d’Amnesty international, qui appelle le président Nicolas Sarkozy à se préoccuper des droits de l’homme en Libye. (…) Il faut vendre de l’industrie française (avions militaires Rafale compris) à l’étranger mais il ne faut quand même pas exagérer sur les moyens pour y arriver!"

Un entrepreneur précède l’information de la venue de Kadhafi par un laconique "Je n'ai pas voté pour cela..." et observe que "ces derniers mois, les frontières françaises sont de plus en plus étanches pour les étrangers, certains ne sont pas soumis aux mêmes tarifs..."

Hommage au Mali

Hors de nos frontières, Kadhafi et sa tente bédouine à Paris font gloser The Telegraph, qui revient sur la problématique de la vente de savoir-faire nucléaire aux pays musulmans:

"La coopération la plus importante a été négociée avec l’Algérie. La France va aider son ancienne colonie à développer sa technologie en matière de nucléaire civile et à construire un réacteur."

Et le quotidien britannique d'énumérer le Maroc et l'Arabie Saoudite, qui vont également bénéficier de ce savoir-faire au nom de le "prévention d'un conflit entre l'Islam et l'Occident" (dixit Sarkozy). On trouverait presque perfide la conclusion du journaliste sur les bonnes affaires d'Areva en Chine ("5,7 miliards de livres").

Les mauvaises fréquentations françaises ne sont finalement saluées que par une poignée de partenaires de la Jamahiriya arabe. L'Aube, journal malien, souligne l'accueil "avec honneur et fanfare" du colonel Kadhafi en France et révèle que les Français ont déconseillé au "Guide" de se rendre à Paris en bus depuis Tripoli:

"Effectivement, Kadhafi a eu à parcourir plusieurs milliers de kilomètres en bus, traversant quatre pays africains pour se rendre au dernier sommet des Chefs d’Etat de l’Union africaine. Dieu sait combien ce procédé en a rajouté à sa popularité."

Prompt à défendre le président à l'éternel badge continental, le journaliste adresse aux Français un avertissement:

"Le pays de l’Oncle Sam est en train d’ériger un imposant bâtiment sous forme d’Ambassade en Libye, pour y demeurer très bien visible. C’est un signe patent de la décrispation des relations bilatérales Libye/Etats-Unis d’Amérique. La France a donc intérêt à bien traiter le Colonel Kadhafi, dont l’influence et la notoriété, de dimension africaine, ne sont plus à démontrer. Surtout que la Russie guette depuis longtemps l’occasion de jouer le rôle de troisième larron."

Une cause qui semble avoir été entendue à l'Elysée.


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