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Objectifs Copé : Matignon 2012 et Élysée 2017

Publié le 11 juin 2010 par Sylvainrakotoarison

Nouvelle étape dans la carrière politique de Jean-François Copé, une émission politique de grande audience qui vise à le hisser parmi les "grands" de la vie politique française. Une allure à la fois décontractée et solide, qui ne manque cependant pas de faire apparaître une certaine fragilité. Une homme de plus en plus incontournable.

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On dira ce qu’on voudra de Jean-François Copé, dents longues jusqu’au plancher, langue de bois un peu plus subtile que la moyenne, moi, je l’apprécie car il est à la fois transparent, presque fragile dans sa trajectoire, tout en étant dense intellectuellement et imposant politiquement.
Grande émission télévisée
Jean-François Copé était l’invité de l’émission politique (la seule du PAF ?) d’Arlette Chabot "À vous de juger" ce jeudi 10 juin 2010 sur France 2. Malgré ses nombreuses prestations télévisées depuis une quinzaine d’années, c’était sa première grande émission et il l’a préparée consciencieusement comme un futur bachelier à l’oral du bac.
C’est l’émission qui veut cela, puisqu’elle commence par un portrait relativement flatteur de l’invité, mais on peut être en effet subjugué par le garçon de 8 ans qui placardait des affiches de Georges Pompidou dans sa chambre. Une situation loin d’être exceptionnelle quand on connaît l’enfance d’un Dominique Baudis ou encore d’un Nicolas Dupont-Aignan. La plupart des personnalités politiques sont des passionnées de la vie politique dès leur plus "tendre enfance". L’argument de vente du jeune Copé pour draguer les filles était son obsessionnel : "je serai Président de la République", un argument qu’il a reconnu peu efficace auprès de ses "cibles".
Trente-huit ans plus tard, à 46 ans, le petit garçon est devenu l’un des personnages-clefs de la majorité présidentielle, nageant désormais dans la cour des grands, avec derrière lui déjà quinze ans de responsabilités nationales.
Un parcours remarquable
Élu maire de Meaux en juin 1995, à 31 ans, devenu député au même moment par la magie de la suppléance de Guy Drut nommé ministre (le plus jeune député à l’époque), Jean-François Copé, qui a fait Science Po et l’ENA, a connu l’échec très tôt puisqu’il est une des nombreuses victimes de la dissolution de 1997 (dans une triangulaire fatale avec le FN au second tour). Il doit attendre juin 2002 pour retrouver son siège de député, après un quinquennat de "traversée du désert" qu’il effectue pas loin de… Nicolas Sarkozy (en disgrâce de Chiraquie), et qu’il met à profit en s’infiltrant (le mot n’est peut-être pas bien choisi) au sein du RPR puis de l’UMP. À l’époque, il était une force de proposition proche du Premier Ministre Alain Juppé.
C’est donc la différence avec les autres jeunes grands ambitieux de la vie politique française dont l’objectif était l’Élysée depuis leur jeunesse : Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Lui, Copé, il a connu l’échec électoral à 33 ans.
À la différence aussi des personnalités citées, il n’a pas évolué que dans le monde politique et connaît assez bien le monde économique en commençant sa carrière de haut fonctionnaire à la Caisse des dépôts et consignations, à Dexia Crédit local et à l’Institut des managers du développement local. Pur "produit" de l’immigration (d’origine roumaine, algérienne et tunisienne), il est confronté à Meaux aux enjeux de l’intégration.
C’est à la réélection de Jacques Chirac que Jean-François Copé commence à se faire connaître nationalement par son entrée au gouvernement à 38 ans où il siège de 2002 à 2007 : Secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement (il avait été directeur du cabinet de Roger Romani dans ce même ministère), puis, après une brève période au Ministère de l’Intérieur (auprès de Dominique de Villepin entre mars et novembre 2004), il est nommé au Budget jusqu’à la fin du quinquennat. Pendant ces cinq années, Jean-François Copé est aussi un très médiatique porte-parole du gouvernement.
En mars 2004, il s’impose aussi comme le leader de l’UMP aux élections régionales en Île-de-France (sans succès) après les ennuis judiciaires de Pierre Bédier initialement pressenti.
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Soutenant (par défaut) la candidature de Nicolas Sarkozy en 2007, Jean-François Copé n’obtient aucun ministère mais réussit à rebondir avec la présidence du groupe UMP à l’Assemblée Nationale qui devient une position centrale dans la vie de la majorité présidentielle, renforcée par la réforme des institutions au point que certains ont trouvé qu’il avait plus d’influence que le Président de l’Assemblée Nationale lui-même, Bernard Accoyer.  Jean-François Copé a pris personnellement une part décisive aux discussions sur la réforme de l'audiovisuel public, sur la loi contre la burqa, sur la réforme des retraites, sur cette réforme des institutions et sur beaucoup d'autres sujets.

« Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur » (Churchill)
Sur France 2 face à Arlette Chabot, Jean-François Copé a développé des idées relativement graves : le recul de l’âge légal de la retraite à 63 ans au lieu de 60 ans pour 2020 et la réduction des dépenses de l’État et des niches fiscales « au rabot », souhaitant que chaque ministère fasse 10% d’économie, en expliquant que l’Allemagne, qui a une situation budgétaire assez proche de celle de la France, fait beaucoup plus d’efforts pour réduire les déficits publics.
Malgré ces mesures peu enthousiasmantes, Jean-François Copé a montré tout au long de l’émission un véritable optimisme et une foi en l’avenir, décrivant les services publics comme parmi les meilleurs du monde et insistant énormément pour faire apprendre l’anglais massivement aux Français, considérant que la France doit se faire entendre dans le monde et pour cela, il faut savoir parler anglais (il a lui-même été scolarisé dans un établissement bilingue, à Jeannine-Manuel).
Parlez anglais !
En effet, contrairement à ce que les défenseurs inefficaces de la francophonie peuvent imaginer, c’est l’anglais qui est le meilleur vecteur de propagation de la culture et des valeurs françaises dans le monde, parce que l’anglais est la langue des échanges internationaux d’aujourd’hui, qu’on le regrette ou pas, c’est une réalité humaine qu’on ne peut pas nier (mais qui peut évoluer). La ratification de l’Accord de Londres par la France (en 2008) sur les brevets européens est allée dans ce sens.
Duel Copé vs Duflot
L’émission s’est terminée avec un duel entre Cécile Duflot, la leader des Verts, et Jean-François Copé. Il n’y a pas de doute que Jean-François Copé est un excellent débatteur à la télévision et il avait largement pris l’ascendant par exemple lors d’un débat avec François Bayrou le 11 décembre 2008 dans la même émission.

Cécile Duflot est, elle aussi, une excellente débattrice mais elle avait en face d’elle un interlocuteur assez coriace qui a montré qu’elle n’était plus la jeune femme de 35 ans naïve et entrée par hasard en politique mais qu’elle s’était, elle aussi, comme lui, beaucoup préparée à l’émission (heureusement du reste).
Jean-François Copé a l’art de renvoyer les balles (ou les scuds).
À propos par exemple du sourire du responsable UMP qui met mal à l’aise Cécile Duflot car elle ne sait plus où est la sincérité affichée et où est la langue de bois (« Même quand vous dites des choses graves, vous avez un petit sourire parce que vous êtres content d’être là »). Jean-François Copé a su rattraper la remarque en pointant du doigt le sourire de son interlocutrice quand elle parlait de la pollution de l’eau dans l’Ouest (un sourire qui montre un peu trop toutes les dents). Après cette réplique, Cécile Duflot n’a plus osé sourire.
Ou encore à propos des relations avec leurs proches "camarades" (ou rivaux) de parti. Cécile Duflot s’est amusée ainsi à évoquer les propos de Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, ce qui a encouragé Jean-François Copé à lui lancer à la figure les récents propos de Daniel Cohn-Bendit (à ce petit jeu, rien de constructif n’est offert aux téléspectateurs citoyens).
Au final, la joute aura sans doute profité aux deux protagonistes, à Jean-François Copé qui confirme (mais qui en doutait ?) qu’il est un talentueux débatteur et à Cécile Duflot hissée elle aussi dans la cour des grands.
Candidatures élyséennes
La véritable cour des grands, c’est évidemment le cercle des candidats à l’élection présidentielle de 2012. Potentiels, virtuels, ou même déjà déclarés.
Cécile Duflot n’y songe pas encore mais sa candidature est forcément dans sa logique (elle souhaite ardemment une candidate écologiste en 2012 et qui mieux d’autre qu’elle pourrait représenter Europe Écologie après ses deux succès de juin 2009 et mars 2010 ?).
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La position de Jean-François Copé est plus complexe. Lui est très clair sur son soutien plein et entier à la candidature de Nicolas Sarkozy, qu’il souhaite absolument, considérant qu’il faut autant défendre son bilan (donc avoir agi) que présenter un projet pour l’avenir. Dominique de Villepin ne représente donc pas, selon lui, le meilleur candidat.

C’est peut-être la première personnalité politique qui calcule si loin à l’avance, qui projette si longtemps en avance les campagnes présidentielles. Comme Nicolas Sarkozy ne pourra pas se représenter en 2017 depuis la réforme des institutions, cibler l’échéance de 2017 permet à Jean-François Copé de ne pas avoir, pour l’instant, de rival déclaré et il sait très bien qu’en politique, la méthode Coué est très efficace (Nicolas Sarkozy n’avait-il pas fait la même chose entre 2002 et 2007 ?), surtout auprès des barons du parti dont il aura besoin le soutien le moment venu.
Jacques Chirac, contre les conseils de quelques gaullistes comme Alain Peyrefitte, n’aura pas voulu attendre si longtemps et préféra tenter sa chance dès 1981 (à l’âge de 48 ans, même âge que Valéry Giscard d’Estaing en 1974). Jean-François Copé aura 53 ans pour la campagne présidentielle de 2017, soit presque le même âge que Nicolas Sarkozy (52 ans) en 2007.
Avant l’Élysée, Matignon ?
Mais avant cela, Jean-François Copé a besoin de franchir une étape supplémentaire pour être crédible. Une étape qui a d’ailleurs manqué à François Bayrou et à Ségolène Royal en 2007 : celle de gouverner au plus haut niveau.
Il a l’intention de participer pleinement à la conception du projet présidentiel de l’UMP en 2012 à l’aide de son club de réflexions "Génération France" qu’il a fondé en 2006 pour lui servir de réservoir à idées. Son objectif est de présenter des propositions dès le début de l’année 2011.
Et en cas de succès électoral en 2012, qui mieux que Jean-François Copé à Matignon pourrait mettre en œuvre un tel projet ?
C’est encore très loin dans les esprits.
À trop se focaliser sur des échéances encore très virtuelles pour les Français, Jean-François Copé risque cependant de rester un peu trop longtemps à découvert.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (11 juin 2010)
Pour aller plus loin :
Vidéo "À vous de juger" du 10 juin 2010 sur France 2.
Dépêches sur la prestation de Jean-François Copé.
Cécile Duflot et 2012.
Site officiel de Jean-François Copé.
Site de son club de réflexion Génération France.
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http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/objectifs-cope-matignon-2012-et-76284

http://www.lepost.fr/article/2010/06/12/2110717_objectifs-cope-matignon-2012-et-elysee-2017.html


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