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Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prix

Par Hugues
Amis Bibliophiles bonsoir,Poursuivons le cycle Bernardien "Bibliophilie et Sciences", avec aujourd'hui un article de Bernard consacré à l'Académie Royale de Bordeaux et aux prix qu'elle décerna.L’Académie Royale des Belles Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux est créée en 1713. Voltaire fait une allusion à cette Académie dans Candide: « Candide ne s'arrêta dans Bordeaux qu'autant de temps qu'il en fallait pour vendre quelques cailloux du Dorado, et pour s'accommoder d'une bonne chaise à deux places ; car il ne pouvait plus se passer de son philosophe Martin. Il fut seulement très fâché de se séparer de son mouton, qu'il laissa à l'Académie des sciences de Bordeaux, laquelle proposa pour le sujet du prix de cette année de trouver pourquoi la laine de ce mouton était rouge ; et le prix fut adjugé à un savant du Nord ( Maupertuis), qui démontra par A plus B, moins C, divisé par Z, que le mouton devait être rouge, et mourir de la clavelée.»Dès sa création l’académie attribue un prix annuel à la meilleure dissertation sur un sujet d’actualité qu’elle propose. Le premier prix a été attribué en 1715. Les dissertations primées sont immédiatement publiées. On les trouve rarement sur le marché, et plus rarement en bon état. Je vous en présente quelques-unes du début du XVIIIème. Les trois premières années le prix a été attribué à Jean-Jacques Dortous de Mairan (1678-1771), physicien et mathématicien. DISSERTATION SUR LES VARIATIONS DU BAROMÈTRE.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1715. EO. 1 volume in-12 ; (2), 82 pp.Mairan attribue aux vents les variations du baromètre. Il écrit : « Quand l'atmosphère n'est point agitée, quand il n'y règne aucun vent, alors son poids est plus grand qu'en tout autre temps, et le mercure monte. S'agite-t-il? Plus son agitation est grande, moins il pèse, et par conséquent moins le mercure doit monter. »DISSERTATION SUR LA GLACE OU EXPLICATION DE LA FORMATION DE LA GLACE ET DE SES DIVERS PHÉNOMÈNES.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1716. EO. 1 volume in-12 ; (4), 113, (3) pp.Cette dissertation étudie le phénomène de cristallisation, c’est à dire le passage de l’état liquide à l’état solide. Il l’explique par les principes du cartésianisme qui dominent alors en France.DISSERTATION SUR LA CAUSE DE LA LUMIERE DES PHOSPHORES ET DES NOCTILUQUES.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1717. EO. 1 brochure in-12 ; (4), 56 pp.Mairan obtenant le prix pour la troisième fois, l’académie lui demande de ne plus concourir. Ce mémoire donne sa théorie de la lumière, théorie corpusculaire tirée de celle de Newton. Il traite du phénomène de phosphorescence en général. Noctiluca scintillans, ou noctiluque, est une microalgue bioluminescente qui génère fréquemment en période estivale des manifestations d'eaux colorées appelées « eaux rouges ». Le prix de l’année 1720 est attribué au médecin Jean Bouillet (1690-1777).DISSERTATION SUR LA CAUSE DE LA PESANTEUR.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1720. EO. 1 volume in-12 ; (4), 53, (2) pp.Bouillet admet, comme Newton, que la pesanteur est un phénomène général de l’univers, mais son explication est cartésienne.Le prix de 1721 est attribué à Jean-Pierre de Crousaz (1663-1750), mathématicien suisse.DISSERTATION SUR LES CAUSES DU RESSORT.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1721. EO. 1 volume in-12 ; (4), 52, (4) pp, 1 pl.Crousaz compare l’attraction newtonnienne « à des vertus occultes qui ressemblent pas mal à celles des fées. » Il ajoute : « Que des corps, sans le savoir, aient quelque inclinaison à s’approcher les uns des autres, qu’ils y soient portés par quelque instinct intérieur, ou par quelque chose d’analogue : qu’une espèce d’âme soit le principe de ces mouvements qu’on appelle naturels, et qu’elle répugne à ceux qu’on appelle violents, ce sont là des suppositions dont je n’ai aucune idée ». Le prix de 1726 est attribué au bénédictin Dom Jacques Alexandre (1653-1734).TRAITÉ DU FLUX ET DU REFLUX DE LA MER.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixParis, Babuty. 1726. EO. 1 volume in-12 ; XIV, (8), 176, 5 pp, 6 pl. dont 3 avec figures mobiles.A une époque où Kepler et Newton ont établi exactement et mathématiquement les causes du phénomène des marées et toutes les bases de l’astronomie moderne, Jacques Alexandre admet sur ce sujet une hypothèse absurde à savoir que la terre tournerait autour de la lune en un mois.En 1756 un autre prix est attribué au jésuite Louis Antoine de Lozeran du Fesch (1691-1755), professeur de mathématique.DISSERTATION SUR LA CAUSE ET LA NATURE DU TONNERRE ET DES ÉCLAIRS.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1726. EO. 1 volume in-12 ; (6), 100, VIII pp.Lozeran du Fesc se méprenant sur les causes de l'orage nous entraîne dans des théories savoureuses. Ces dernières étaient du goût de Gaston Bachelard qui leur consacre quelques bonnes pages critiques dans La Formation de l'esprit scientifique. Dans ce mémoire, la cause du tonnerre est rapportée à l'embrasement des exhalaisons terrestres, selon la doctrine alors en vogue. Les découvertes de Nollet ne sont plus très loin.Le prix de 1728 est attribué au jésuite Nicolas Sarrabat (1698-1737), professeur de mathématiques à Marseille et professeur de philosophie à Nîmes.DISSERTATION SUR LA CAUSE DE LA SALURE DES EAUX DE LA MER.Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Vve et P. Brun. 1728. EO.1 volume in-12 ; (4), 50 pp. Le prix de 1729 est attribué Jean-Pierre de Crousaz, déjà cité.DISSERTATION SUR LA NATURE, L’ACTION ET LA PROPAGATION DU FEU. Bibliophilie et Sciences: l'Académie Royale de Bordeaux et ses prixBordeaux, Brun. 1729. EO. Très rare.1 volume in-12 ; (4), 72 pp.Ces petits ouvrages ne sont pas des objets de bibliophilie, mais plutôt des documents qui nous montrent quels étaient les « questionnements », pour utiliser le vocabulaire de nos nouveaux pédagogues, des scientifiques au début du XVIIIème. Les opinions des auteurs sont nettement cartésiennes. Elles sont respectables ; que dira-t-on des nôtres dans trois siècles ?Merci Bernard,H

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