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De l’indépendance de la Presse

Publié le 19 juin 2010 par Citerne

De l’indépendance de la PresseIl est quelques principes qui sont plus que des vains mots et qu’il est bon de rappeler de temps en temps en démocratie : la séparation des pouvoirs, le sens de l’Etat, l’indépendance de la Presse, entre autres.

Cette dernière vient d’être sérieusement mise à mal par Nicolas Sarkozy qui – toujours prêt à se hisser plus haut que la nature ne lui autorise – s’est arrogé le droit de donner son avis sur les choix des repreneurs du groupe LeMonde (LeMonde, Le Monde Diplomatique, Télérama, LePost.fr, Courrier International…).

Imagine-t-on les réactions si Obama, Cameron ou Merkel se mêlaient des affaires du New York Times, du Guardian ou de la FAZ, essayant de pousser des repreneurs qu’ils jugeraient plus en accord avec leur ligne éditoriale ? C’est bien simple, ces leaders ne joueraient jamais à un jeu pareil tant l’indépendance de leurs medias n’est pas un vain mot dans ces pays.

En France, au pays de Sarkozy l’omnipotent – qui a déjà fait modifier la loi pour pouvoir nommer des patrons de l’audiovisuel public « sarko-compatibles » – rien n’est impossible au souverain. Ce dernier n’a en effet pas hésité, suivant la Société des Rédacteurs du Monde, à appeler le patron du quotidien, pour critiquer le trio de repreneurs Bergé-Pigasse-Niel, jugé trop à gauche selon lui, allant même jusqu’à qualifier Xavier Niel d’homme du peep-show (la première des affaires de ce dernier était dans le minitel rose). Continuant sur sa lancée, il n’aurait pas hésité selon lepoint.fr à menacer de ne pas accorder d’aides d’Etat à l’Imprimerie du Monde si le trio était choisi.

Mais comme les choses sont bien faites à la cour du Souverain, la suite devait le rasséréner. Orange annonçait en effet, à la surprise générale, cette semaine son intention d’entrer dans la compétition aux côtés du deuxième repreneur potentiel, Claude Perdriel, président du groupe Nouvel Observateur. Rappelons que le PDG d’Orange n’est autre que Stéphane Richard, ex-Directeur de Cabinet de Christine Lagarde et proche de Sarkozy, qui lui a remis sa Légion d’Honneur, concluant par ces paroles restées mythiques : « «Tu as réussi, Stéphane. Tu es riche. Tu as une belle maison. Tu as une belle femme». Qu’importe que cette prise de participation dans Le Monde s’inscrive à 180° de la stratégie de sortie des contenus dont Richard se fait l’avocat depuis son arrivée à la tête de l’ex-opérateur historique… Cette option nous rassure, tant il est vrai qu’avec un obligé du Président à sa tête, Le Monde risque d’être beaucoup moins offensif.

Résumons : TF1 aux mains du parrain du mariage avec Cecilia (Martin Bouygues), un nouveau président choisi par Sarkozy à la télévision publique, Radio France aux mains de proches de Carla, les Echos chez Bernard Arnault, le second témoin du deuxième mariage, Le Monde prié de filer droit et chaperonné par Stéphane Richard, le tout sous la bénédiction d’un Président n’hésitant pas à utiliser des subventions publiques pour orienter le ton des éditoriaux…

2012 sera bleue ou ne sera pas !



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