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Me voilà désemparée. Je viens de terminer un livre très bref...

Publié le 21 juin 2010 par Mmepastel
Me voilà désemparée.
Je viens de terminer un livre très bref...

Me voilà désemparée.

Je viens de terminer un livre très bref d’Alice Ferney intitulé Le Ventre de la Fée. Tout était prometteur : le titre, l’objet-livre (petite édition soignée d’Actes Sud) -ça compte beaucoup pour moi même si c’est idiot, le quatrième de couverture : Où l’on voit que le plus beau ventre du monde, le Ventre de la Fée, peut enfanter une créature satanique. Par ce conte noir, où la pudeur de l’écriture contraste avec la démesure de l’ogre meurtrier, une jeune femme fait en littérature, sous le nom d’Alice Ferney, une entrée surprenante.”

Enfin, l’incipit : 

“De loin, la fée est une ligne dansante, un trait de lumière vaporeuse, un éclat de pastels tamisé et presque translucide comme celui des bonbons acidulés. De près, elle a une chair pulpeuse et claire de pétale. On la regarde, on ne peut détacher les yeux de ce point de couleur. Dans la surprise qu’elle crée on reste un moment silencieux. L’impression vient peut-être de sa silhouette fine qu’elle enveloppe dans des voiles, ou bien des couleurs qu’elle choisit pour cet habillement, ou alors, avec plus de mystère, d’une sorte de grâce qu’elle met en tout, on ne sait. Ce que l’on voit très vite, c’est qu’elle est seule à se vêtir ainsi d’étoffes vagues, sans forme et sans couture, et à donner à voir autre chose : le mirage d’une traîne sur une robe magique.”

Le style est clair, limpide, poétique et sobre. Tout pour (me) plaire.

Et puis, comme indiqué, la fée tombe enceinte de l’homme qu’elle aime, et enfante un garçon : Gabriel (comme l’ange, faut-il le surligner ?). Tout va vite dans le récit, comme dans un conte, les étapes s’enchaînent. Car le coeur de l’histoire n’est pas là. On va nous raconter, ce que, devenu adulte, le fils fait, une fois sa mère morte. Il viole, tue, dépèce, conserve des jeunes filles puis des fillettes. Il jouit de la souffrance qu’il obtient d’elles. Les détails sont fournis, l’horreur ne peut nous échapper. Certaines scènes sont insoutenables. Par vagues, bien sûr, il revoit l’image de sa mère, de la fée, de la perfection. Et l’histoire se termine.

Me voilà donc désemparée. Je suis même un peu fâchée. Parce que je n’ai pas compris ce livre. J’aurais espéré une réflexion (même rêveuse et suggérée) sur le lien mère-fils, les mystères de la transmission, la contradiction fée/monstre. Or, je me retrouve avec ce qui ressemble fort à une arnaque. De la beauté, de la violence, de l’horreur, des bribes de passé pour suggérer que l’histoire est plus profonde qu’elle n’y paraît (comme des traces de l’inconscient -clef de tout, n’est-ce pas ?) : le fils est ainsi car… mais l’embryon d’une explication ne vient jamais, même subtilement. Ça ressemble à un livre profond et ça n’en est pas un. 

Parfois certains livres me font ça. Je crois qu’ils se veulent plus profonds qu’ils ne le sont. En laissant du flou, de l’ambiguité, ils nous disent : il y a mille choses à comprendre, mais tu ne sauras jamais lesquelles. Et effectivement, on ne sait pas. Mais parfois je crois qu’il n’y a rien à savoir. Le miracle de l’écriture ouvre quelques fois des portes, trace des pistes, à suivre ou pas d’ailleurs. Mais parfois, tout n’est qu’artifice.

Sur un malentendu, ça peut marcher, quelqu’un ne comprenant pas se dira, bon sang, ce livre doit être sacrément profond puisque je ne le comprends pas. En plus, il est dérangeant ! Bingo ! Une femme qui décrit minutieusement des viols ! Wahoo ! Quelle audace ! Assurément un livre courageux. Avec le parrainage de Romain Gary en plus : “Avec l’amour d’une mère la vie nous fait à l’aube des promesses qu’elle ne tient jamais” peut-on lire sur la page de garde… Bigre ! 

Moi qui était en train de penser que seule l’écriture différenciait un bon roman d’un mauvais, je revois mon jugement. Non. Alice Ferney écrit joliment, même l’horreur, mais ça ne suffit pas. Son livre est creux. Aussi vide de sens que le ventre de la fée était plein de mauvaises promesses.

Mais il est aussi possible, je ne l’exclus pas totalement, que je n’ai effectivement rien compris. Dans ce cas, je veux bien qu’on m’explique…


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