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Etat chronique de poésie 923

Publié le 22 juin 2010 par Xavierlaine081

923

Il ne savait rien de ses origines, ne pouvait se douter que sa musique transpirait de frontières artificielles, imposées par les hommes mais que les mêmes transgressent avec allégresse.

Lui, il se contentait, du haut de ses quinze ans maladroits, d’assumer un héritage dont il ignorait la source.

Il y avait simplement cette étrange vibration qui l’animait, dès que les violons entraient dans la danse. Il admirait bien sûr ces êtres d’exception que sont les grands compositeurs classiques, mais son cœur flambait littéralement dès lors que les cordes l’entraînaient vers des steppes dont il n’avait aucune idée, des hivers de neige et de glace qu’il ne connaissait pas.

A chaque joyeux vibrato, il sentait son cœur battre à l’est.

La musique l’entraînait dans ces zones de non-dits qui habitent tout esprit de famille.

C’est avec grand appétit qu’il recueillait ces histoires incroyables que des lèvres de grand-mères récitaient à demi-mots.

Il était cet homme parti, baluchon à l’épaule, traversant l’Europe et ses conflits. Il était cet éternel migrant courant d’un pays à l’autre en quête de quelque chose dont il ne saurait jamais rien.

Il ne savait rien de l’histoire, il tentait de tout en deviner…

Exilé à lui-même comme on peut l’être à cet âge, il puisait dans les variations imaginaires d’une histoire bien réelle, le ferment de symphonies, de concertos qui l’habitaient, dès qu’il se trouvait livré à ses propres élans.

Il ne cherchait à rien identifier (c’est une quête qui ne vient qu’avec l’âge). Il buvait à l’instant et s’en construisait un monde.

Qu’un Dvorak lui ouvre la porte des musiques tziganes et ses rêves le portait sur des routes incertaines, au pas chaloupé de chevaux de traits. Il s’imaginait des roulottes de rêve. Un violon à l’épaule, il faisait danser les flammes en des veillées endiablées.

Ses oreilles entendaient des langues inconnues. Parfois, il rêvait d’une communication avec l’au-delà de cet esprit qui lui semblait encombrant et lourd.

Mais toujours, une flûte résonnait dans sa solitude, mêlant à ses rêves la fragilité d’exister.

Son voyage ne faisait que commencer…

Manosque, 10 mai 2010

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