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Farce bleue

Publié le 23 juin 2010 par Cdsonline

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Dessin de Pakman pour Bakchich, le texte a été publié ici avec des commentaires intéressants…:o)

Le naufrage de l’équipe de France de football est-il une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
L’année même où fut ébauchée la question d’une “identité nationale”, la célébration religieuse planétaire appelée Coupe du Monde aura peut-être été riche d’enseignements pour le destin du “peuple français”.

Après la consécration du soufflé idéaliste “black-blanc-beur” de 1998, suivi de sa “retombée” en 2002, le salutaire “coup de boule” en 2006 d’un Zidane refusant sa réduction en icône publicitaire, anticipe désormais un cru 2010 sonnant le glas de la “tolérance multiculturelle”, véritable fer de lance idéologique du capitalisme globalisé.

La globalisation repose en effet sur une idéologie déniée, la fameuse “tolérance multiculturelle”, foyer de tous les communautarismes, proposant à la bien-pensance médiatisée une sorte de compensation moraliste au déni porté à l’héritage des Lumières quant au concept de vérité.

La tolérance multiculturelle n’est pas un concept. C’est le masque sous lequel s’avance la colonisation par le capitalisme de toutes les sphères de l’activité humaine, sur toute la planète, aucune “niche” n’étant censée pouvoir échapper au marché.

Si la tolérance multiculturelle n’est pas un concept, c’est qu’elle de bout en bout “abstraite”, fausse, sans réalité, “l’autre” y étant présenté comme un autre sommé d’être “light”, un autre dépossédé de son “altérité”, et donc de son pouvoir d’altérer.

Comme il y a du café décaféiné, de la bière sans alcool, des cigarettes dénicotinéisées (et on l’a vu, de la philosophie sans pensée avec Onfray, BHL, etc.) le capitalisme a inventé “l’autre désaltérisé”, un autre qui n’est tout simplement pas autre.

La gauche, qui depuis les années 80 a progressivement déserté ce qui faisait précisément d’elle la gauche, à la fois l’héritage Kantien-Hegelien et le concept de Lutte des classes, s’est définitivement vautrée dans une paresse conceptuelle sans précédent reposant sur une double démission opportuniste:

1/ démission par rapport à l’idée démocratique d’un « bien commun » héritée des Lumières (la Vérité sous le signe d’un universalisme “concret” dégagé de toute prétention holistique) qui s’est métamorphosée en un relativisme cynique (tout se vaut) trouvant son expression la plus suggestive dans le multiculturalisme ultra-tolérant (que penser de ce juge italien ayant autorisé un père musulman à séquestrer sa fille de 18 ans? Toute idée de progrès social serait-elle devenue définitivement « has been » ?)

2/ Démission par rapport aux pratiques du libéralisme capitaliste (dépolitisation de l’économie) avec une « logique de marché » régissant désormais la quasi-intégralité des échanges humains (elle-même soutenue par l’utilisation incontournable des technologies numériques fondées sur une logique binaire, non dialectique)

Si les leçons tirées de cette mini-dramaturgie chez les tuniques bleues sont d’une part que la tolérance multiculturelle est un faux-nez, et d’autre part que l’argent ne peut pas tout acheter — qu’il peut même gâter et gâcher — alors la grand-messe commercialo-sportive quadriennale aura justifié ce sacrifice français annoncé.


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