Magazine Poésie

230610

Par Volodia

Laisser tandis que le soleil s'enfuit, se prenant peut-être les pieds dans le long tapis gris-bleu du ciel, laisser l'ombre s'amarrer au ponton vaguement solide d'ici et la cueillir telle la funeste folie qu'elle est, l'accueillir avec élégance – sortez vestons et bons alcools – et l'amadouer doucement pour qu'enfin elle soit bonne, afin que cette nuit ne soit pas toujours la même et les années d'idiotes personnes que l'on trouve niaises mais que l'on a aimées, il y a longtemps, et que j'accepte comme par habitude, non, par habitude tout court ; elles me laissent amorphe de sans cesse leur même ritournelle éventée, puis me pende lorsque l'ennui se fait vraiment sentir. Il y a ces jours l'odeur décisive de l'été, cette herbe fraîchement coupée s'empare de l'air et en fait son royaume terrestre. J'aime alors y fumer lentement, c'est comme après la pluie mais il n'a pas plu, l'obscurité tombe sans un heurt sur le sol de nos vieux rêves, plutôt des projets, rien n'a été fait et pourtant c'est bon encore d'inspirer là sans rien demander de plus – et l'on aurait tort de s'enquérir, car nulle surprise à l'horizon des étroits mètres carrés ne saurait être tolérée. J'admets que parfois je cherche la trame de tout cela ; je reconnais j'ai peur de la trouver tellement usée, peut-être de ne pas m'y retrouver entier, mais plutôt comme un puzzle, comme un tas de Legos, et j'y serais entier que je ne pourrais pas même le savoir. Les certitudes ont sans doute été de sales pièges. La vie a réservé et n'est pas venue. L'hôtel est vide et en faillite. Sur le coup de 19h Le Cheval Blanc m'a tiré une larme limpide. Lâche. Sur le coup de quelques minutes plus tard je me suis permis un pastis. L'existence est coagulée de ce miel qu'on a, abeilles de beaucoup de flemme, travaillé sans relâche pour en faire notre sel quotidien, pour le pain qu'on a mangé sans faim, pour la route qu'on a marché sans regard, pour le grand chapiteau qu'on a dressé sans dresser. Ce que j'ai fait j'étais somnambule, ce que j'ai dit j'avais perdu ma langue, ce que je t'ai arraché je te l'ai donné au centuple je te l'ai pris de force je te l'ai cassé je te l'ai réparé mal. Rien ne m'impressionne que ton couteau et mes tripes toutes sales de ces mauvais tours de piste. A ramper de ces souterrains que l'on souhaiterait en perdre la peau et la chair toutes ensembles juste pour que ça cesse sur l'os, mais ça frotte sur l'os et ça continue. Rien n'empêche les génuflexions que tout interdit ; mais cela glisse avec l'orange bleu foncé sur le château, et s'allumer une cigarette reste encore la meilleure décision en ces jours somme toute naturels, faisandés et presque beaux, où l'on parle trop de pardon pour ce qui n'en a pas et qui devra s'épurer comme les mystères de toi et les régals de nos vieilles entournures incertaines et sans notes explicatives.


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