Magazine Animaux

Extrait du livre "Le sang du monde" de Catherine Clément paru en 2004

Par Melo2

"-80% de la forêt primaire dégradés en trente ans, en majeur partie par la coupe des arbres pour exploiter les bois tropicaux, sans compter les 25% d'augmentation prévue d'ici à 2010. Ce qui nous induit à 75% de dégradation pour les forêts primaires. Bigre! Ce ne sont pas seulement les grands exploitants,non, les petits paysans aussi déboisent allégrement pour cultiver leurs parcelles, lesquelles pour cause d'héritage ou d'interventions gouvernementales, se réduisent comme peau de chagrin, de sorte qu'on est obligé d'éradiquer les arbres pour cultiver son tout petit lopin. Au bout du compte, les petites exploitations font autant de ravages que les multinationales, sinon davantage.

Et tu connais les résultats, dit Martin. Un, quand la voûte de feuillage disparaît, la température au sol grimpe dans des proportions considérables, tiens, en Amazonie, ça va jusqu'à 12 degrés de plus que la forêt humide encore couverte de feuillage. Deux, comme le cycle de la transpiration des arbres est déréglé, les arbres ne relâchent plus d'humidité dans l'atmosphère et les pluies diminueront.Trois, le reste des pluies tropicales ne sera plus retenu par les sols forestiers déboisés et n'ira plus nourrir les nappes phréatiques. Les sols, dans ces cas là, sont "cuits". Quatre, il y aura donc des inondations et des glissements de terrain. Cinq, lorsque la forêt est rasée, le carbone stocké dans les arbres à proportion de 40% du carbone terrestre se libère sous la forme du CO2. Six, quand il y a des forêts le sol se recycle en nutriments avec les matières organiques issues des arbres, mais sans forêt, le sol n'a plus de nutriments. Est-ce que tu vois?

-Je vois l'apocalypse! Augmentation du réchauffement climatique, déperdition des eaux de pluie, inondations et catastrophes, érosion définitive des sols. Quoi d'autre?

-Eh bien, les solutions! dit il. Un, cesser de gaspiller; deux, recycler le bois coupé, recycler le papier; trois, interdire l'exploitation des bois de la forêt primaire, boycotter les architectes qui s'en servent; quatre, obliger les gouvernements à créer des parcs nationaux, les empêcher de se lancer dans des chantiers coûteux utilisant le bois précieux, bref, le topo habituel, tu vois?

-Et les petits paysans?

-Que les gouvernements les payent pour replanter. Mais là, il faut voir large. Un, annuler les dettes des pays pauvres; deux, conseiller les agriculteurs pour qu'ils reboisent avec des arbres fixateurs d'azote; trois...

-Stop! Arrête de compter sur tes doigts, on dirait un boulier!

J'ai crié, Martin stupéfait fixe les cinq doigts de sa main gauche qui servent de compteur à sa main droite.

- Ma foi, tu as raison, dit-il enfin. Je suis tellement absorbé par mon boulot que je deviens un peu mécanique quelquefois. Il faudrait avoir des yeux dans le dos pour tout surveiller et c'est si difficile de convaincre! Tous les jours, j'ai l'impression de prêcher dans le désert. Quand ils subventionnent la culture des bananiers, les gouvernants d'Afrique sont sûrs de faire le bien, n'est ce pas? Et bien pas du tout, le bananier exige un gros déboisement. Et c'est pareil pour tout! Les gens ne savent pas. Il faudrait, il faudrait ...

-Ca va aller, lui dis-je. On va le faire."


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