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Pourriture

Publié le 24 juin 2010 par Malesherbes

Oyez, oyez, le monde tremble sur ses bases : un joueur, Anelka, a insulté son entraineur, Raymond Domenech. Examinons d’un peu plus près ce cataclysme. Pendant la pause entre mi-temps d’un match de coupe du monde de football, l’entraîneur, mécontent de la prestation de ce joueur, lui a signifié qu’il ne retournerait pas sur le terrain pour la seconde mi-temps. Rendu furieux par cette décision, le joueur l’a insulté en des termes aussi crus que vifs.

En ayant à l’esprit d’autres cas d’insultes récents, considérons d’un peu plus près les circonstances de ces épisodes. A la différence de certain ministre de l’intérieur, Anelka avait été sanctionné par son interlocuteur. On peut donc l’estimer fondé à réagir. Rien de tel chez le sieur Hortefeux lorsqu’il s’en prend, selon l’humeur du jour, aux Auvergnats, aux photographes ou, comme de mauvais esprits l’ont prétendu, aux Arabes. Autre différence, la vindicte d’Anelka est adressée à une personne, et non à un groupe aux contours assez vagues. En outre, la cible des insultes d’Anelka est présente et, si les juges n’ont pas retenu contre notre irréprochable ministre le caractère public de l’injure, force est de reconnaître que le vestiaire d’un stade est, et de loin, beaucoup plus privé que l’université d’été de l’UMP. Dernier point, Anelka insulte un supérieur et prend ainsi des risques. Il n’en va pas de même pour un ministre qui, comme ses semblables, quelles que soient les fautes qu’ils commettent, et les exemples ne manquent pas par les temps qui courent, est indéboulonnable.

La question qui a été posée à l’occasion de l'incident Anelka est de savoir s’il s’agit là d’un épiphénomène ou si au contraire s’il n’est pas dû au climat général de notre société. Eh bien oui, à mon sens, il découle de la vulgarité qui sévit au plus haut niveau de l’Etat. Lorsqu’un Président se permet d’insulter un quidam qui n’a pas voulu lui serrer la main, il n’est en rien différent d’un Anelka. Ou plutôt si. Parce que Sarkozy ne prend aucun risque. Il faut l’entendre, tel un matamore d’opérette, apostropher un pêcheur au Guilvinec : « Ben descends un peu le dire ! Descends un peu… si t’as des… si tu crois que.. », comme le premier pilier de bistrot venu, bardé qu’il est d’un essaim de gardes du corps. Le plus cocasse est de le revoir, lors d’un débat télévisé, faisant la leçon à Ségolène Royal, sur l’air de « Quand on est Président, il faut savoir maîtriser ses nerfs ». On peut aussi remarquer que si, dans l’injure con, le lien avec la signification originelle du mot s’est estompé, le registre sexuel des termes employés par Anelka reste sous-jacent dans l’insulte proférée par Sarkozy au Salon de l’Agriculture.

Pour conclure, je me tournerai vers la sagesse populaire qui enseigne : « le poisson pourrit toujours par la tête ».


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