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Parce qu’on nique la police!

Par Leschatserrants

Parce qu’on nique la police!

Chris habitait non loin de chez A. Un petit pavillon dans le coin le plus huppé de sa banlieue, avec une clôture facile à escalader.

Allez chez elle ressemblait donc à un final de notre petite fuite: après cette visite inattendu chez son ex, A. n’aurait probablement plus qu’à rentrer chez elle si elle le voulait.

O.et moi n’étions pas franchement sure de ce que nous allons faire dans cette maison, alors Audre prit la tête de l’opération et s’avança, l’air terriblement sérieux, pour sonner à l’interphone.

Pas de réponse. Ils dormaient forcément.

Elle fit le tour de la maison pour toquer à la fenêtre de la chambre de Chris. Toujours rien.

A nous trois, nous nous tortillâmes pour essayer de voir si elle y dormait, mais la chambre avait l’air désespérément vide. Notre plan tombait à l’eau.

A. avait l’air désappointée. Elle toqua encore une fois à la fenêtre, plus fort, et elle s’ouvrit.

Je fus surprise de notre chance insolente: pas d’alarmes, personne dans la maison et une porte qui s’ouvrait quasiment toute seule.

Nous nous regardâmes avec indécision, puis elle sauta le pas, escalada le mur et entra dans la chambre.

Qui était bel et bien vide. Chris avait oublié de refermer la fenêtre avant de partir.

La pièce avait ce côté lugubre et inquiétant qu’ont les endroits plongés dans la pénombre. O. s’allongea sur le lit, A. s’avança vers le bureau, effleurant les photos posées dessus avec un mélange de tristesse et de nostalgie.

Je restai les bras ballants, légèrement mal à l’aise de violer son intimité alors qu’elle était absente, quand un objet attira mon attention : une bombe rouge qu’on utilise généralement pour peindre les Eastpacks. En la ramassant, je fis tomber une boite à bijoux.

-Merde, tu veux qu’on se fasse chopper ? siffla A.

-J’ai pas fait exprès !

-Alors…

Elle s’arrêta net. En bas du bureau, dans la poubelle qui débordait, gisaient des bouts de papiers et un collier brisé. Elle déplia l’un des papiers du dessus, le relut et je l’entendis pleurer silencieusement. O. se releva et la serra contre elle. Il n’était pas compliquer de deviner que le papier était probablement un des nombreux mots qu’elles avaient du s’échanger.

J’ouvris ma bombe et traçais une longue ligne rouge, aussi longue que ma rage, le long du mur. Et, puisque personne ne m’en empêchait, la ligne rouge se prolongea sur toute la chambre. On aurait dit le drapeau de la croix rouge, mais sans la croix.

A ma grande surprise, au lieu de m’engueuler, O. m’approuva et, d’un geste rageur, balança la poubelle sur le lit. Puis elle se jeta dessus et se mit à sauter avec entrain, le salissant avec ses chaussures. Elle se pencha un peu, la main tendue vers Audre:

-Allez, viens!

Elle la suivit sans protester.

J’écrivis un beau : « Sale Petite Pute de Merde » sur le mur et rejoignis Océane.

Je pris leurs mains et nous tournâmes sur le matelas en criant chaque fois que nous menacions de tomber. Nous faisions un bruit d’enfer- ce qui prouvait que la maison était vide, donc totalement à nous.

Dans son élan, A. tomba en rigolant. Notre cercle brisé, nous cherchâmes d’autres bêtises à faire.



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