Magazine Humeur

“Si je dis à Eric Woerth de partir …”

Publié le 30 juin 2010 par Sagephilippe @philippesage

Eric et Nicolas.jpg

Bon déjà, noter qu’il y a un léger souci.
Sur la phrase prononcée par Nicolas Sarkozy.
Oh, c’est pas grave-grave, tant l’esprit reste le même, je veux dire ce qui émane, en définitive, des propos (présumés) du chef de l’Etat. Mais nous sommes tout de même bien embarrassés.
Eh oui ..
C’est qu’il y a des précédents, comme on dit.
Récemment, cette saillie, assez grossière vous en conviendrez, du footballeur de Chelsea, Anelka, qui se retrouve (va savoir comment) en Une du quotidien l’Equipe (dont on aimerait, itou, qu’il soit sommé, ce quotidien, de s’expliquer sur cette Une dégueulasse, ne serait-ce que via les syndicats de journalistes) et dont certains de ses coéquipiers disent que ce n’est pas ce qu’a dit Nicolas Anelka. Pas, tout à fait.
Ainsi Thierry Henry, qui face à Michel Denisot affirme que “ce ne sont pas les mots de Nico” tout en avouant, le malheureux écervelé, que de là où il était, il “n'arrivait pas à entendre ce que disait Nico. Il ronchonnait. Ce qui me frappe, c'est comment la personne qui a dit ça aux journalistes ait pu l'entendre” ..
... Mais QUI le conseille ce pauvre Thierry Henry (ne me dites pas que c’est Nicolas Sarkozy ..) ?
Et puis, y’en a un autre, de précédent, et non des moindres, comme dirait le camarade journaliste toujours aussi imaginatif, c’est le SMS du candidat au mariage, Sarkozy :
“Si tu reviens, j’annule tout !” rendu public par Le Nouvel Observateur.
Qui a fait : pshiiiiiiit …
Vous avez remarqué, ceci étant, comme depuis quelques temps (mauvais, très mauvais) des phrases parviennent à faire la Une ou les gros titres de la presse traditionnelle, infiniment respectable, n’est-ce paaaaaaaas, cette presse qui n’hésite pas, qu’il canicule ou qu’il pleuve à tomber sur le paletot de l’Internet en le traitant de Voici géant ? [Rires à gorge déployée].
Mais où en étais-je ?
Ah oui !
Or, donc, une phrase, enfin des propos (présumés) de Nicolas Sarkozy se retrouvent en Une ou titres de certains de nos quotidiens en ligne. Le Nouvel Observateur (des récidivistes, donc) et Le Monde (normal, vu comment Sarkozy a tenté de leur faire avaler de nouveaux actionnaires dont ils ne voulaient – peut-être – pas).
Selon Le Nouvel Observateur, la phrase s’énonce ainsi :
”Si je dis à Woerth qu’il doit partir, ça veut dire qu’il y a quelque chose”
Mais pour Le Monde, les propos du chef de l’Etat sont :
”Si je dis à Eric de partir, ça voudrait dire qu’il a quelque chose à se reprocher”.
Evidemment, d’emblée, tel le bleu moyen, on se demande bien qui a balancé. Soit : qui est le traître ?
Ah ben si, tout de même !
C’est important !
De part le théorème qui dit : “Qui a intérêt à ce que ça se sache (à qui ça profite) ?”
Vous voulez mon petit avis ?
C’est pas Eric Woerth, le “traître”.
Ni sa femme ...
Comment ?
J’entends que ce pourrait être un “villepiniste” infiltré dans le gouvernement !
J’avoue : c’est très cocasse.
Mais trêve de spéculations à la noix.
Laissons ça, si vous le voulez bien aux bistroteurs (trop nombreux, à mon goût, sur la toile) …
Revenons plutôt sur les propos (présumés) du chef de l’Etat.
Nonobstant le fait que pour Le Nouvel Observateur, Sarkozy donne du Woerth à Eric, et pour Le Monde du Eric à Woerth, et que le “quelque chose” est reprochable d’après Le Monde, plus évasif pour Le Nouvel Observateur, globalement, l’essence du message reste le même.
Et il est énorme.
Pour ceusses qui ne l’auraient pas encore compris - je le précise, car c’est d’une grande importance - Sarkozy n’est pas maître dans “L’art d’avoir toujours raison” seulement ceinture noire de sophisme. Ce qui est moins compliqué. Et d’ailleurs, la preuve, Frédéric Lefebvre y arrive très bien. Et Nadine Morano, itou. C’est vous dire si le sophisme, c’est très simple. Et donné à tout le monde. Vous dire, aussi, à quel niveau assez bas, nous sommes rendus.
Un exemple de sophisme ?
Si vous voulez !
En même temps, ça me permet de parler de la ceinture marron du genre, le sieur Hortefeux qui répondant à ceusses s’insurgeant de la prolifération sur le territoire français de caméras de vidéosurveillance ... de vidéoprotection pardon, rétorquait peu ou prou, que si l’on avait rien à se reprocher, pourquoi craindre d’être filmé ? .. Tu vois le niveau .. C’est, comme je le disais, très bas. Mais ça marche.
Et pourquoi ?
Il y a, si ça t’intéresse (oui, je te tutoie, je prends exemple sur notre président de la République qui tutoie le citoyen lambda) quelques réponses par ici.
Bref.
Sophisme pour sophisme, renversons allégrement les propos (présumés) du chef de l’Etat.
Et nous obtenons ceci :
”Si je ne dis pas à Eric Woerth de partir, ça voudra dire qu’il n’y a rien (ou : qu’il n’a rien à se reprocher)”.
C’est pas énorme, ça ? La pensée d’un Nicolas Sarkozy … Qui se résumerait à : “si je .. y’a rien”
Et nous ?
On est où ?
Les journalistes, ils sont où ?
Dans ce “je” présidentiel ?
Or, donc, ça continue. Et c’est insupportable. Même Le Figaro – c’est dire – laisse entendre que ça l’est, insupportable, en donnant la parole à des journalistes étrangers (en l’occurrence anglais et italien) qui, goguenards, nous apprennent (mais sans qu’on s’en étonne, le moins du monde, vu que nous avons tout de même une certaine idée de la démocratie) que “chez eux” Eric Woerth serait depuis belle lurette “hors-jeu”.
Mais ce qui est le plus marquant dans ces propos (présumés) c’est qu’ils sonnent comment un aveu.
Terrible.
Qui les tient, ces propos ?
N’est-ce pas celui qui nous a promis, vendu, vanté, une République irréprochable ?
A sa décharge, c’est vrai, le terme "irréprochable" est intenable.
Fallait-il être complètement naïf (ou con, je crois que c’est plus approprié) pour y croire.
Enfin, tout de même !
Vous connaissez, vous, dans la vraie vie de tous les jours, quelqu’un d’irréprochable ? Une entreprise irréprochable ? 
Quoi, ou qui que ce soit d’irréprochable ? ..
... Ça n’existe pas. Même “Ensemble” ça n’est pas possible.
Et ça me conforte dans l’idée que d’y avoir cru et voter pour, c’était avoir un cerveau (très) déficient (mais prêt pour un festival de sophismes)
N’empêche que celui qui se demande si en sortant un ministre ce ne serait pas donner à penser que ce ministre aurait quelque chose à se reprocher, c’est typiquement le raisonnement d’un type qui n’est pas dans un concept d’irréprochabilité.
Si c’était le cas, je veux dire, si cet homme croyait en une République irréprochable, et quand bien même les faits ne seraient pas avérés (encore que, ils s’amoncellent, et ça commence à ressembler à une infâme poubelle) au nom de l’irréprochabilité qu’il nous a promise, il agirait et penserait autrement. Tout en apportant son soutien (ce qui est son rôle, quoi qu’on en dise) à son “soldat”, il lui demanderait de se mettre en retrait de la République, le temps que “toute la lumière soit faite” sur cette affaire.
Pour deux raisons :
La première pour respecter sa promesse, celle d’une République irréprochable.
La seconde, pour permettre à son ministre de se défendre.
Cette seconde raison n’est pas moins importante que la première. Au contraire. Elle est d’autant plus disqualifiante (pour le chef de l'Etat). Tellement on s’aperçoit (mais est-ce une surprise ?) le peu de cas que Nicolas Sarkozy accorde à ce qu’on nomme (ou nommait) : l’honneur.
De toutes les façons, par ses propos (présumés) Nicolas Sarkozy vient de nous avouer que la République irréprochable qu’il nous avait promise, était un mensonge.
Et c’est bien cela, qu’il faut retenir et ne pas oublier quand viendra 2012 : définitivement, cet homme nous a mentis.
Et ça, c’est impardonnable !


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