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Samarcande 1

Publié le 30 juin 2010 par Argoul

A 700 m d’altitude vivent les 500 000 habitants de Samarkand, la rose préférée des Timourides, la cité des coupoles turquoise, est ceinte de puissantes murailles, entourée de vignes et vergers. Comme toutes les villes de la route de la soie, elle a subi les invasions, les destructions. Vieille de plus de 2 500 ans, contemporaine de Rome, d’Athènes et de Babylone, elle est connue comme « la perle de l’orient ». Mais à la fin du 6e siècle, la ville perd le secret de fabrication de la soie et donc son importance.

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La place du Registan (place de sable), cœur de la cité, est immense. Tamerlan y exposait tous les trésors rapportés de ses conquêtes, il y faisait accomplir les peines capitales également. On se trouve en présence de trois immenses et superbes medersas. Depuis les jardins, on se trouve face à la medersa Tilla-Kari, à gauche la medersa Ulug-Beg, et à droite la medersa Chir Dor.

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Le haut portail (pichtak) de la medersa d’Ulug  Bek (1417-1420) est orné d’une mosaïque de briques cuites et d’autres émaillées, couleurs du ciel, des spirales de majoliques, des étoiles à cinq ou dix branches, quelques touches de jaune, de vert. La façade et les minarets sont ornés de frises géométriques. La cour est maintenant transformée en galerie d’art. C’était la plus prestigieuse université d’Asie Centrale. Ulug Beg y enseignait les mathématiques et l’astronomie. Il conçut avec l’aide de Khadizad Roumi (surnommé le « Platon » de son temps) les plans de l’observatoire de Samarkand. Etaient enseignés les mathématiques, l’astronomie, la théologie, la philosophie et le Coran au plus haut niveau, cela à une centaine d’étudiants logés dans de minuscules chambres sur deux étages donnant sur la cour intérieure.

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Le regard, dès l’arrivée sur la place du Registan, est attiré par la façade de la medersa Chir Dor. Face à celle d’Ouloug Bek, ses tigres-lions ornent le portail lumineux et ajoutent leur feu. Certains pensent à une représentation allégorique de la puissance, mais c’est aussi une référence au symbolisme zoroastrien et au culte du feu. Chir Dor veut dire « qui porte lion ». Le lion est en réalité un tigre. Il porte sur son dos le soleil. Symbole de courage guerrier, il poursuit une biche blanche, symbole d’obéissance, tandis que le soleil a le visage d’un génie.

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Au centre de l’iwan décoré d’arabesques, on trouve un swastika, symbole des Zoroastriens (adorateurs du feu). Deux coupoles à godrons de part et d’autre du portique. Samarkand est au cœur de la Sogdiane et a su mêler les différentes influences religieuses et culturelles qu’elle subissait, même si les lois de l’Islam interdisent l’art figuratif. La cour est décorée de motifs géométriques et floraux, verts, jaunes, bleus et abrite deux étages de cellules. Les vendeurs de tapis et suzani ont remplacé les étudiants.

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La medersa Tilla Kari (la couverte d’or) possède un haut portail et deux niveaux de cellules décorés de majoliques, motifs floraux entrelacés et symboles solaires. La coupole bleue de la medersa la distingue de ses deux voisines. La mosquée de Bibi Khanoun  était en ruine, Yalangtush  voulait doter Samarkand  d’une mosquée jami. La construction dura 10 ans, de 1646 à 1659, et la mosquée fut en effet couverte d’or. Les murs, la coupole, le mihrab sont entièrement décorés de motifs floraux rouge et or sur un fond bleu outremer. La coupole est impressionnante, les cercles concentriques de feuilles d’or sur fond bleu nuit happent le regard.

Ce soir, au menu, spectacle son et lumière sur la place du Registan.

Le mausolée de Gour Emir fait face au Registan, c’est le mausolée de Tamerlan. Le dôme, un bulbe bleu, est réalisé en briques émaillées turquoise, quelques briques jaune et bleu outremer. Le dôme à 60 godrons haut de 12m80 repose sur un tambour surhaussé de 14 m de diamètre, décoré d’inscriptions répétitives en style coufique. Cet ensemble comprenait une madrasa à l’ouest destinée à l’éducation des fils de famille nobles. La khanaqah à l’est était la résidence des derviches avec sa mosquée. A l’intérieur, le volume est impressionnant : la coupole élancée est couverte de carreaux d’albâtre vert pâle et d’une plinthe en onyx vert. Les tombeaux de Cheikh Umar, vénéré professeur de Tamerlan, occupe les lieux. Il jouxte le catafalque d’Ulug Beg, petit-fils de Tamerlan, celui de Marsaïd Baraka, autre professeur de Tamerlan, celui de Chah Rokh, fils cadet de Tamerlan, celui de Miran Chah, 3e fils de Tamerlan. Enfin le tombeau de Tamerlan est couvert d’une dalle de jade vert.

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Pour le pays, pour les Ouzbeks, Tamerlan occupe la première place. Il fut un guerrier victorieux bien que sanguinaire, le symbole de la grandeur et de la puissance de la nation ouzbèke. Tamerlan avait de son vivant demandé à être enterré sobrement « Juste une pierre et mon nom dessus ». Son tombeau avait été préparé dans sa ville natale Chakhrisabz mais l’histoire en a décidé autrement ! Muhamad sultan, petit-fils préféré de Tamerlan et désigné comme son successeur, fit construire un ensemble architectural en 1401. En 1403, il périt lors d’une campagne en Perse. Tamerlan lui fit construire ce mausolée. En février 1405, Tamerlan mourut à son tour, son corps fut embaumé d’eau de rose de musc et de camphre temporairement et secrètement enterré dans le khanaka à côté de son petit-fils. Quatre années plus tard, les luttes de succession finies, les dépouilles royales furent installées dans la crypte du mausolée. C’est grandiose. Ouloug Bek ramena de Mongolie le bloc de néphrite qui recouvre la tombe de Tamerlan et entoura les dalles mortuaires d’une barrière en marbre ajouré.

Masjid i Jami, la mosquée de Bibi-Khanoum est aussi une construction grandiose, élevée pour honorer la femme préférée de Tamerlan (dite Bibi, fille de l’empereur de Chine). Il ne reste pas grand-chose. Les restaurateurs travaillent depuis plus de quarante ans à sa reconstruction.

Sabine


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