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« Terrorisme », le premier rempart pour le sionisme

Publié le 01 juillet 2010 par Tanjaawi
Nous vivons une période où le « terrorisme » - en tant que phénomène à combattre - est devenu le premier rempart derrière lequel le sionisme se défend contre toute analyse.
Paul Woodward
Mondoweiss
« Terrorisme », le premier rempart pour le sionisme 
Le 11 Septembre 2001, George Bush a changé la façon des Américains de voir le monde, et le brio avec lequel il a réussi cet exploit est évident quand on voit que cette optique reste grandement incontestée - même chez ses critiques les plus virulents. Sa formule simpliste, pour nous ou contre nous, a soulevé manifestement les passions et elle garde toute son efficacité.

Depuis presque une décennie, on dit aux Etats-uniens de regarder le monde à travers le prisme du « terrorisme » et même s'il existe des divergences d'opinion sur la grandeur de l'angle de l'objectif, est-il trop étroit ou trop large, ou sur l'importance de ce qu'il met en lumière, ceux d'entre nous qui soutiennent que l'objectif est si profondément vicié qu'il faut l'abandonner, restent une minorité.
L'administration Obama pourrait maintenant s'abstenir d'utiliser le terme, en lui préférant « extrémisme violent » mais le changement serait purement superficiel (tout comme le sont les autres « changements » dans la continuité sans faille de l'ère Bush dans l'ère post-Bush).
Il y a deux ou trois jours, Philip Weiss attirait l'attention sur le fait que, lorsque l'ex-ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, a qualifié ses parents de « combattants pour la liberté », Deborah Solomon, qui l'interviewait pour le New York Times, a rebondi sur ce sentiment de Livni pour dire que le combat pour l'indépendance d'Israël avait eu lieu dans une « période plus romantique ».
Comme le fait remarquer Weiss, les parents de Livni appartenaient à l'Irgoun, ce groupe sioniste qui a fait sauter l'hôtel du Roi David à Jérusalem, le 22 juillet 1946, faisant 91 tués et 46 blessés.
Le premier compte rendu public de ce qui s'était passé ce jour-là, a, malencontreusement, été publié avant l'attentat.
Dans Par le sang et par le feu (l'attentat contre l'hôtel du Roi David - 1981), Thurston Clark écrit :Jérusalem, 22 juillet 1946, l'attentat terroriste sioniste contre l'hôtel du Roi David, siège du QG britannique, fait 91 tués et 46 blessés.
"Les terroristes juifs viennent de faire sauter l'hôtel du Roi David !". Ce court message était reçu par le bureau de l'United Press International de Londres peu après midi, heure de Palestine. Il était signé par un correspondant d'UPI en Palestine, lequel était aussi un membre secret de l'Irgoun. Ce correspondant était au courant de l'opération, nom de code "Opération Chick", mais il ignorait qu'elle avait été reportée d'une heure. Espérant devancer ses collègues, il a câblé son message quelques minutes avant 11 heures. Et le censeur britannique a estampillé machinalement son câble sans même le lire.
Le chef du bureau de Londres d'UPI a trouvé ce message trop laconique. Il n'y avait pas assez de précisions. Il décida alors de ne pas le mettre dans les télégrammes de l'agence destinés à la radio et à la presse avant d'avoir reçu confirmation que l'hôtel avait bien été détruit.
En dépit des efforts des dirigeants de l'Irgoun de limiter le nombre de personnes à connaître l'objectif et le timing de l'opération Chick, il y eut de nombreuses autres fuites. Les dirigeants tant de la Haganah et du gang Stern étaient au courant de l'opération. Des amis avaient alerté des amis. Le Roi David avait reçu un nombre extraordinaire d'annulations de chambre à la dernière minute. Au secrétariat, (l'aile sud de l'hôtel du Roi David abritait le quartier général du gouvernement britannique en Palestine) (c'est cette aile qui s'est écroulée - ndt), il y eut ce jour-là beaucoup plus de dactylos juives malades qu'à l'accoutumée. »
Le lendemain, le Premier ministre britannique, Clement Attlee, qualifiait l'attentat d' « acte de terrorisme insensé » tandis que quelques jours plus tard, le Président US, Harry Truman, déclarait : « Le crime inhumain qui a été commis... exige l'action la plus forte contre le terrorisme... »
C'était il y a 64 ans. Du haut de son perchoir protégé, le New York Times estime apparemment que cela remonte assez loin dans l'histoire pour qu'on en parle maintenant comme d'« une période romantique ».
Cela devrait à peine nous surprendre quand de nombreux observateurs, soucieux de justice pour les Palestiniens, s'offensent de la complicité du New York Times pour camoufler la réalité du terrorisme juif. Pourtant, il y a un paradoxe : vouloir promouvoir un usage impartial du terme « terrorisme » fait tout simplement le jeu des Israéliens.
L'emploi de ce mot ne répond qu'a un seul objectif : « empêcher la prise en considération des motivations politiques pour les actes de violence ». Invoquez ce mot avec la plus grande gravité, et vous pouvez alors jouer sur votre indignation morale et votre révolte pour étouffer toute analyse intelligente. Les terroristes font ce qu'ils font parce qu'ils sont dans le domaine du terrorisme - c'est en eux.
Aussi, quand Tzipi Livni dit que ses parents étaient des combattants de la liberté, ça ne me pose aucun problème : elle fait allusion à leur foi dans ce pourquoi ils luttaient plutôt que dans les méthodes qu'ils utilisaient. De plus, en appelant les gens qui posaient des bombes et faisaient exploser des civils pour atteindre leurs objectifs politiques, « des combattants de la liberté », Livni précise qu'elle entend que le mot « terrorisme » est un terme subjectif employé pour faire effet.
Quand Ehud Barak, il y a quelques années, a reconnu que s'il avait été palestinien, il aurait lui aussi rejoint l'une des organisations dites terroristes, il ne faisait aucune révélation extraordinaire, il arrivait à reconnaître la situation désespérée des Palestiniens. Il faisait simplement preuve d'une certaine franchise sur le parallèle entre des groupes comme l'Irgoun et le Hamas - parallèles que de nombreux Israéliens voient plus qu'ils n'en parlent.
La grande question n'est pas de savoir si les méthodes employées par les groupes sionistes comme l'Irgoun pouvaient être justifiées, mais si les objectifs politiques pour lesquels ces groupes se battaient étaient légitimes. Le sionisme n'aurait pas acquis plus de légitimité s'il avait simplement usé de moyens non violents pour atteindre ses objectifs qui étaient de chasser une grande partie de la population non juive hors de Palestine.
Nous vivons une période où le « terrorisme » - en tant que phénomène à combattre - est le mot devenu le premier rempart derrière lequel le sionisme se défend contre toute analyse. Continuez à jouer à ce jeu qui consiste à parler de « terrorisme » et les sionistes gagnent.
Paul Woodward est éditeur du site : War in context
Du même auteur :
Le silence complice d'Obama sur Gaza
1er juillet 2010 -
info-palestine

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