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La grève du sprint est née

Publié le 05 juillet 2010 par Jlhuss

Etape 2 : Bruxelles-Spa

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Makhno :  “Mimosa au paradis !”

Tout d’suite, j’ai bien ”entravé” que les “choses” avaient changé (vous aussi, j’imagine), par rapport à l’étape précédente. Déjà, sur le bord des routes, un  petit coq rouge avait remplacé le lion des Flandres (jaune), sur les oriflammes agités frénétiquement par les “indigènes unis”. Toujours pas de vent mais un petit crachin breton, c’est déjà ça.

Bref : “la bataille des Ardennes” pouvait commencer. N’effet ! Quelle bagarre !

C’est au Km 11 (l’Histoire le retiendra sans doute), qu’il s’est envolé notre “Mimosa” national (paraît qu’y veut pu qu’on l’appelle comme ça), bientôt rejoint par quelques comparse (au nombre desquels Jérôme Pinot). Qu’il était beau le Sylvain dans son maillot “Quick Step” (aussi neuf que ses dents) !

Assez rapidement (pas b’soin d’être expert es cyclisme pour s’en rendre compte), le Châtelleraudais nous a montré toute l’étendue de sa connaissance du “métier” (et de sa  forme du moment). Un vrai sans faute, pour aller déposer délicatement Pinot dans son nouveau paletot à pois.

Sur cette terre où le Baron Edouard Louis Joseph (dit “le cannibale”, dit Merckx), forgea une notable partie de son immense légende (niveau des classiques ), pratiquement sur le même parcours où le 25 avril de cette année, il s’était “fracassé”, pour “el caballo” (un autre de ses surnoms) : “le jour de gloire est arrivé !” (et Tom fut vengé).

Alors bien  sûr ! La chute !  Que dis je ? L’hécatombe ! Quasiment comme “à Gravelotte” que ça tombait de tous les côtés,  des  vélos, des motos, un vrai carnaval, kwo !

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“Conformément aux usages”, les rescapés décidèrent donc d’un armistice qui ne devait être que provisoire (normal).

“Conformément aux usages” également, Sylvain, déjà échappé lors du “truc” et qui était parvenu à passer à travers les “gouttes” sans dommages, continua de produire son effort (normal  aussi). Je vous narre pas la suite, mais ce fut grandiose.

A Sylvain le bouquet, à Sylvain presque tous les maillots, mis à part celui à pois et  celui du meilleur d’j'eun (tu m’étonnes), à Sylvain les bravos, à Sylvain les bisous, à Sylvain la gloire ! Après l’étape d’hier (j’insiste pas), quel contraste !

Juste un truc. “Le mieux est l’ennemi du bien”, une fois le peloton à peu près regroupé, il eût été aussi normal (selon moi), que les “coursiers” se remettent à l’ouvrage. Il n’en fut rien. Au prétexte que, “Petacchi l’était pas là”, ces messieurs regagnèrent la ligne d’arrivée sur un train de sénateur (UMP), aux ordres d’un Cancellara auto proclamé “patron du peloton”.  A ce compte là, si jamais demain matin Petacchi (ou un autre),  “a bobo quelque part” suite à la chute de la veille, on pourrait aussi annuler l’étape du jour, nan ? Selon moi (et quelques autres), cette “grève sur le tas” (encore une), était une erreur (au moins une maladresse). Nombre de spectateurs Wallons (c’est surtout à eux que je pense), avaient attendu des heures sous la pluie pour les voir passer, un minimum de respect exigeait que l’on termine la course et que ” le spectacle continue”.

Et pi demain c’est les pavés !

(une info : les pavés seront secs)

Cordialement

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Benjamin : Une étape “wallonée” et complètement dingue.

L’exploit incroyable d’un Chavanel qui est parti quasiment dès le début de l’étape, qui lâche ses compagnons d’échappée après avoir aidé son coéquipier à conquérir le maillot à pois (trophée du “meilleur grimpeur”). On rappellera que très près d’ici, il a été renversé par la voiture d’un directeur sportif lors de Liège Bastogne Liège : il y a laissé une pommette, des ratiches et un morceau de crane. En plus de la victoire, trophée de la combativité, maillot jaune avec quasiment 3 mn d’avance sur Cancellara. Chapeau !

Derrière, sur une route - patinoire invraisemblable (même un mécanicien, à pied, s’est viandé en allant changer une roue !) succession de chutes, de blessés dont on ne saura que plus tard quel est leur “état”, Armstrong, Contador, Les Schleck (Andy apparemment assez touché) le Mével dépanné par un coéquipier finissant sur un vélo de quinze centimètres trop haut, obligé de rouler en danseuse ou assis sur son cadre! Des retardés à quasiment 20 mn de retard, situation assez inouïe pour une étape de plaine (même avec des bosses)

Cancellara, agit en “patron” du peloton (normal, il portait encore le maillot jaune),  sacrifie son paletot et incite les autres à “neutraliser” l’étape (cf. ce que j’écrivais hier : “on n’attaque pas sur chute”) pour permettre un regroupement en ne roulant pas. Le peloton, compte tenu des innombrables chutes et des coureurs involontairement retardés par de véritables “embouteillages” est passé groupé, sans sprinter avec l’assentiment des commissaires (Cancellara a consulté le responsable des commissaires, Jean François Pescheux : il y a eu accord pour ne pas attribuer les points de l’étape – à l’exception de ceux de Chavanel puisque de nombreux aspirants au maillot vert étaient dispersés dans la nature)

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Il faudra quand même se poser la question, de savoir si on peut faire passer le Tour – course de trois semaines - sur des routes aussi dangereuses. Que les tracés soient exigeants, terribles même sur le plan physique, c’est une chose. Qu’il passe sur des routes couvertes de mousse et de gazole (on imagine dès qu’il y a un peu de flotte dessus…) et si étroites qu’il faut deux à trois minutes pour que les voitures de dépannage atteignent les victimes, c’en est une autre. Perdre à la pédale, sur chute due à la maladresse ou à l’excès de prise de risque, c’est le jeu. Le perdre par la roulette russe, c’est autre chose. Je ne parierais pas ma chemise que demain on ne déplore des abandons, ou qu’on apprenne qu’il y a des blessés assez sérieux (dont Andy Schleck)

Cunego et Van de Velde “out” : ils ont perdu de 8 à 9 mn… Le Mével, malgré son vélo emprunté et de ce fait inadapté a réussi à rejoindre le groupe des favoris.

Avant cette succession hallucinante de chutes, Michael Delage, qui est allé tout droit dans une glissière de sécurité a du abandonner (sonné, claviculé pétée, plaies au visage, pommette sans doute fracturée).

Je parlais de Hansen, qui a fini l’étape hier malgré une mauvaise chute. 180 km avec une clavicule, une côte et un sternum fracturés…

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Le vélo pour les nuls :

La comptabilisation des “temps”.

Finis, les chronomètres manuels avec leur part d’approximation et les fastidieux calculs qu’il fallait opérer le plus vite possible pour donner une information fiable et “dans les temps”

Chaque vélo est désormais équipé d’un “transpondeur” placé sur la fourche arrière et calé au millimètre près par rapport à l’extrémité de la roue avant. Celui-ci envoie un signal électronique qui permet de déterminer instantanément le temps de passage du coureur, des caméras indexées sur le facteur temps étant en outre placées sur la ligne à la fois pour vérifier les arrivées tangentes et pour pallier une éventuelle panne ou absence de transpondeur (en cas de changement de bécane).

Ensuite, les commissaires peuvent infliger des pénalités (aussi bien en secondes qu’en points perdus pour le maillot vert, de même que des amendes – en francs suisses puisque le siège de l’UCI est basé chez nos amis helvètes, près des coffres et comptes numérotés) Un changement de ligne, un coup de coude, peuvent entraîner un déclassement partiel ou intégral (le fautif est alors relégué à la dernière place)

A noter, et c’est important, qu’un coureur retardé pour cause de chute survenant dans les trois derniers kilomètres ne sera pas pénalisé côté temps. En revanche ils doivent tous prendre garde à ce qu’il n’y ait pas de cassure dans le peloton… même si celui-ci met trente secondes à défiler, ils seront tous classés “même temps” à condition qu’il y ait continuité. Une cassure ne serait-ce que d’une seconde, et le second “groupe” peut être relégué à 20 ou 30 secondes du premier ! C’est pour cela que sans faire les sprints, les cadors qui concourent pour la gagne ne trainent quand même pas en fin de peloton

Sur le Tour – et c’est fort bien ainsi – il n’y a plus de bonifications attribuées aux vainqueurs d’étapes, à ceux qui gagnent les sprints intermédiaires, qui passent en tête des côtes et cols répertoriés. Seul le temps pris à chaque fin d’étape compte.

Pour le classement général, c’est simple : on additionne chaque jour le temps passé par le coureur entre le départ et l’arrivée. C’est ainsi qu’on peut gagner un tour sans avoir remporté la moindre étape, c’est ainsi qu’on peut être relégué très loin malgré de nombreuse victoires, suite à une seule grosse défaillance qui vous met, “un jour sans”, à une demi-heure des concurrents

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Les délais avant élimination.

Ils sont calculés de façon rigoureuse selon une équation complexe qui prend en compte deux paramètres : le type d’étape (plaine, montagne, contre la montre) et la moyenne horaire du premier. Ainsi, pour telle étape de montagne, le délai limite sera par exemple “le temps du vainqueur majoré de 30%”. Les commissaires, auparavant relativement indulgents, sont devenus impitoyables et des coureurs arrivés quelques secondes après cette limite sont mis hors course (la maladie, les blessures, les incidents mécaniques, ne sont pas des circonstances atténuantes). Il faut vraiment avoir un motif en béton pour obtenir une grâce (exemple : lors d’une arrivée au sommet, des coureurs ont fait valoir qu’ils avaient été gênés par des spectateurs qui avaient entamé la descente alors qu’eux-mêmes étaient toujours en course)

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Le gruppetto. (auparavant appelé “l’autobus”)

Dans les étapes de montagne, il y a deux courses : celle des cadors qui sont là pour la gagne (de l’étape ou du Tour) et celle des “fers à repasser” qui courent pour ne pas se faire mettre hors course. Dès que la pente devient dure, que ça lâche derrière, on entend des “gruppetto ! gruppetto !” et un second peloton se forme avec les non grimpeurs. Dans ce gruppetto, quelle que soit l’équipe, on s’entraide, on se stimule, on s’encourage, on s’attend mutuellement ; hors la vue des commissaires de discrètes poussettes aident les plus malheureux ; les sprinters sont habituellement là et ils font profiter leurs collègues de leur habileté pour opérer des descentes canon en choisissant les bonnes trajectoires, descentes que n’oseraient pas tenter des vainqueurs potentiels peu soucieux de tout perdre sur chute. Les rouleurs donnent la cadence dans les vallées pour reprendre un peu de temps sur les cadors (ou du moins ne pas trop en perdre), des leaders naturels de gruppettos calculant les efforts pour respecter un savant compromis : tenter de ne larguer personne, et arriver dans les délais – même de justesse. Mac Ewen est un de ces leaders reconnus, de même que Tom Boonen, figure charismatique des gruppettos (hors course cette année pour cause de blessure)

On dira que c’est une obsession chez moi, mais je signale qu’une des raisons pour lesquelles Cavendish est détesté au sein du peloton, c’est son refus de participer aux efforts du gruppetto auquel il s’agrège sans vergogne et sans faire sa part de boulot. M’est avis que s’il est vraiment largué cette année, personne ne l’attendra - sauf peut être un ou deux membres de son équipe.

Je trouve dommage qu’une fois de temps à autre, un reportage complet ne soit consacré au gruppetto… quitte à le passer en différé un jour de repos, si on ne veut pas perturber la retransmission de “l’essentiel”

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Le Chat : Il m’est arrivé récemment d’évoquer “l’amateurisme “ en parlant des politiques. En serait-il de même chez les cyclistes ? C’est simple ils ne peuvent plus faire dix kilomètres sans se casser la G….. ! Biens sûr la route est mouillée, mais est-ce nouveau sur le Tour ?
Ils ne savent plus tenir sur un vélo les chéris! C’est Beyrouth est allé jusqu’à dire un des commentateurs inénarrable de France 2. Même les mécanos se “ramassent” en changeant les roues.
Je ne sais pas si c’est Beyrouth ? Mais les acrobates du vélo ne sont plus ce qu’ils étaient : pas de chien dans le peloton, aujourd’hui, seulement la pluie. Demain, sur les pavés de Makhno, ça va être sportif si il pleut ! AH ! Ma pôve Dame … De mon temps !
Cette étape sous la pluie était finalement très rafraîchissante pour ceux qui comme comme moi là regarde, volets fermés, sous la canicule.
Je me demande finalement si les coureurs réunis au sein d’une intersyndicale musclée ne devraient pas refuser de courir sous la pluie. Ils feraient le parcours en bus, précédés, bien sûr, par la caravane publicitaire … faut ce qui faut ! Un communiqué rageur serait promulgué par cette intersyndicale.  Les directeurs techniques seraient chargés de venir le lire devant les caméras : on ne mélange pas les dossards et les bidons …

Une formule fait fureur dans les commentaires inoubliables des reporters de France 2 : “la cerise sur le gâteau” ! Aujourd’hui lasphalte se teintait “jus de cerise” et l’intersyndicale décida de repêcher les frères Schleck … ” Tout le monde est content” : un Français gagne dans une équipe belge. Et Cancelara, le chef syndical du jour, est sacré “Monsieur” parce qu’il a arrêté le peloton; il paraît que ça a du sens  ? La “grève du sprint” est née !

Amateurs et combines sont les mamelles du jour ! 

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