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Bonne pioche

Par Borokoff

A propos de La disparition d’Alice Creed de J Blakeso 4 out of 5 stars

Bonne pioche

Sur l’île de Man, deux hommes kidnappent la jeune fille d’un homme riche à qui ils demandent (tiens, tiens) une rançon…

Si la trame et le scénario de La disparition d’Alice Creed semblent déjà vus et reprendre les codes et les stéréotypes d’un thriller psychologique sur fond d’enlèvement, ce qui marque dans le film, c’est la radicalité du dispositif visuel et sonore, la qualité d’interprétation des trois acteurs., l’inventivité du scénario.

Pendant les quinze premières minutes, La disparition d’Alice Creed ne comporte aucun dialogue. Deux hommes, Vic et Danny, insonorisent minutieusement et sans se parler un appartement qu’ils destinent à leur future victime, Alice, une jeune femme qui est en fait la petite amie de Danny (mais Vic ne le sait pas).

Très vite, on sent qu’on est bien dans un contexte anglais, avec en toile de fond une misère sociale et humaine et comme enjeu, une manipulation sordide motivée par le seul appât de l’argent. On pense, dans ce trio manipulateur, à Petits meurtres entre amis mais aussi, dans la rudesse de ces personnages, à du Ken Loach. La disparition d’Alice Creed joue avec les codes de la série B mais s’en amuse avec délectation.

Surtout, il y a une dimension cynique dans le film qui est très anglaise. Cette manière dont le piège se retourne contre ses instigateurs est un élément récurrent des polars anglais mais aussi des films des frères Cohen. La disparition d’Alice Creed est remarquablement interprété par Eddie Marsan (Vic).  Gemma Arterton (Alice) est un ton en dessous.

L’exigence de la mise en scène, sa sobriété, son côté épuré participent à la tension du film et la sécheresse de son style. Les trois personnages de ce huis-clos sont à la fois retors et manipulateurs mais aussi touchants dans les sentiments qu’ils éprouvent les uns pour les autres (Vic pour Danny et Danny pour Alice). On va de découverte en découverte, de coup de théâtre en coup de théâtre, mais Vic et son acolyte ne sont pas des tortionnaires comme les autres. Ils ne torturent pas, ne violent pas leur victime, mais lui mettent au contraire un coussin sous la tête après l’avoir attachée sur le lit (so british).

Les rebondissements et les retournements de situations nombreux dans La disparition d’Alice Creed (qui tourne presque exclusivement autour du thème de la manipulation) rendent le film captivant, particulièrement dans la dernière demi-heure. La rigueur formelle, l’imagination du réalisateur dont c’est le premier long métrage et qui est aussi le scénariste, renouvellent les codes du polar et rafraichissent un genre un peu essoufflé en Angleterre…

www.youtube.com/watch?v=3QIiiYMpz9Q


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