Cotonou, quand tu nous tiens,
Tu t'accroches et ne lâches rien.
La corruption, la pollution et la violence
T'habitent en permanence.
Dans ta ville, les gens semblent fuir devant la misère.
Une masse humaine motorisée sans code de circulation
Qui tourne en rond comme une fourmilière
Que l'on vient d'exciter avec un long bâton.
Le jour et la nuit, tu es en effervescence,
Tu étouffes dans une odeur d'échappement.
Ton bruit incessant me stresse sans nuance,
Je tousse et suffoque douloureusement.
Cotonou, quand tu nous prends en otage,
La faim, le désespoir nous mettent en rage.
Ta plage est officiellement les latrines publiques,
Pourtant les couchers de soleil y sont magnifiques.
Il paraît même que, dans ton centre, ça grouille d'activités culturelles
Mais, dans toutes tes rues, les déchets s'amoncellent.
Tu ne fais rien pour arrêter l'illettrisme et l'exode rural
Mais comment réfléchir dans toute cette bacchanale ?
Cotonou, quand tu nous tiens,
Tu t'accroches et ne lâches rien.
La corruption, la pollution et la violence
T'habitent en permanence.
Nous voulions juste débloquer un conteneur
Rempli de livres et de matériel humanitaire.
Il nous a fallu pas moins de huit jours ouvrables
Car ton port, assailli par des margoulins, est incontrôlable.
Du chef déclarant, au chef des douanes, au chef des clefs,
Au chef de visite, au chef du syndicat des travailleurs,
Tous se sont mis d'accord pour nous détrousser
Même la douane mobile voulait quelques faveurs,
Et ainsi a séquestré un de nos véhicules
Contre quelques CFA (1) bien ridicules.
Notre détermination à retrouver le sourire
Et l'intégrité de tous nos amis burkinabés
Ont eut raison de leurs torves avidités,
Toutefois nous restons désabusés
Par une telle volonté de nuire.
Cotonou restera dans mon souvenir une ville qui a perdu toute humanité.
Pourrait-elle, si elle le voulait, revenir en arrière et changer ?
Poême de Bluette STAEGER.
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