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Le terrorisme de la politesse

Publié le 08 juillet 2010 par Hermes
Le terrorisme de la politesse
Désuète la poésie? Disons plutôt qu'on l'a mise à l'ombre. L'art aurait suivi le même chemin s'il n'avait été "sauvé" par la spéculation financière . Mais l'invention de "l'art contemporain" s'est chargée de faire le ménage dans ce qu'il y avait de subservif dans un discours.
Subversion dans le sens d'un renversement dans les mots.
Je me contenterai de citer Jean-Paul Sartre qui, dans une préface à l'oeuvre de Mallarmé, dit tout de la relation de la politique et de la poésie:
" Mallarmé sent croître en lui de bonne heure une révolte qui ne trouve pas son point d'application. La société, la Nature, la famille, il conteste tout, jusqu'au pauvre enfant pâle qu'il aperçoit dans la glace. Mais l'efficacité de la contestation est en raison inverse de son étendue. Bien sûr, il faut faire sauter le monde: mais comment y parvenir sans se salir les mains. Une bombe est une chose au même titre qu'un fauteuil empire: un peu plus méchante, voilà tout; que d'intrigues et de compromissions pour pouvoir la placer où il faut. Mallarmé n'est pas, ne sera pas anarchiste: il refuse toute action singulière; sa violence - je le dis sans ironie - est si entière et si désespérée qu'elle se change en calme idée de violence. Non, il ne fera pas sauter le monde: il le mettra en parenthèses. Il choisit le terrorisme de la politesse; avec les choses, avec les hommes, avec lui-même, il conserve toujours une imperceptible distance. C'est cette distance qu'il veut exprimer d'abord dans ses vers."

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