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L'oubli radical

Publié le 08 juillet 2010 par Anargala
L'oubli radical

L'Ornementde la lumière de la connaissance qui introduit l'objet de tous les Bouddhas

Essais de traduction d'extraits du Jñānālokālaṃkārasūtra

"Le Bouddha, l'Arhat, le parfaitement éveillé ne travaille pas à se purifier. Il ne pense à rien. Il ne développe pas, il ne forge pas, il ne tergiverse pas. Il est sans comparaisons, sans constructions mentales, sans soucis, sans méditation (amanasikāra). Il est serein, frais, sans production ni cessation, invisible, inaudible, inodore, insipide, intangible, sans caractéristiques, sans sujet ni objet. Car le Bouddhaa pris refuge dans le sans naissance. On le voit en ce monde comme on voit un reflet.

(...)

Les rayons du soleil éclairent la Terre dans toutes les directions, sans en privilégier aucune. "Les rayons solaires sont sans esprit ni entendement ni conscience. Ils ne construisent rien, il ne déconstruisent pas. Ils ne font attention à rien, ils ne sont pas distraits (non plus). Ils ne sont pas produits. Ils ne cessent pas. Ils n'ont pas de but car tout but a cessé (en eux), il ne méditent rien (amanaskāra) car toute cogitation a cessé (en eux), ils ne développent rien, car tout développement a cessé en eux, il ne se tourment pas, car tout tourment a cessé en eux..."

De même, l'espace est, comme le Bouddha "sans naissance ni cessation (...), sans point d'appui (apratiṣṭha), sans croyance (agrāhya) (...), sans méditation (amanasikāra)".

De même, il "ne médite rien, car toute cogitation a cessé (en lui)".

La connaissance du Bouddha est pareille à un écho. Elle est pourtant immobile et au-delà de tout les opposés que forge l'entendement. "Elle vision de l'absence de nature propre, sans vigilance, sans méditation (amanasikāra), sans raisonnement, sans réflexion, sans esprit, ni entendement, ni conscience, toujours égale, sans pensée..."

"En résumé, toute méditation mentale est mauvaise et cause d'accroissement des passions. Toute non méditation est bonne et cause de purification".

"Dans le sans naissance ni cessation, l'esprit-entendement-conscience n'est pas présent. Là, il n'y a aucune activité de construction mentale. Grâce à cela, il y se produit un oubli radical des constructions mentales (yoniśaḥ amanasikuryāt). (Au contraire) toute activité mentale délibérée (yoniśaḥ) est incapable de déraciner l'ignorance".

L'expression yoniśaḥ manasikaroti "il prend à coeur", "il médite du fond du cœur" est une expression fondamentale (yoni !) du discours bouddhiste depuis les origines. D'où la force de ce soûtra et de quelques autres, qui prennent le contrepied du culte de la vigilance, de la présence d'esprit, de l'entraînement de l'esprit. Sur cette expression dans le Theravada, voir ce billet.


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