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Lacroix défonce la télé dans Téléviathan

Publié le 08 juillet 2010 par Artyficielles

Lacroix défonce la télé dans Téléviathan Alexandre Lacroix, le rédacteur en chef de Philosophie Magazine (magazine auquel je suis abonnée depuis 2 ans et que je lis avec passion tous les mois) vient de publier un essai dénonçant la puissance de la télévision et des présentateurs télé dans le Téléviathan. Tout est parti de sa participation au débat post « Jeu de la Mort », ce faux jeu TV diffusé récemment sur France 2 qui reproduisait une expérience scientifique des années 60. Des candidats étaient poussés à administrer des décharges électriques – à des doses potentiellement mortelles – à un autre candidat qui est en fait un acteur. Et malgré les cris émanant du caisson où se situe l’acteur, 80% des candidats sont allés jusqu’à une décharge mortelle.Le Téléviathan commence par revenir sur les origines de ce bouquin, à savoir un clash entre Alexandre Lacroix et Christophe Hondelatte.

Suite à cette émission, un débat sur « La TV va-t-elle trop loin ? » est enregistré quelques jours avant diffusion. Il est animé par Christophe Hondelatte qui commence par faire parler un candidat et révéler son homosexualité alors que celui-ci n’a finalement plus envie de parler de ça en public. Lacroix, qui précise n’avoir pas de télévision depuis des années et ne pas savoir qui est Christophe Hondelatte, commence par une diatribe contre le petit écran. Hondelatte s’énerve et lui intime de quitter le plateau. Commence un peu un jeu de « il m’a dit qu’il a dit, mais non c’est moi qui lui ai dit ». Bref, on ne sait pas vraiment ce qui s’est passé, mais je pencherais sans hésiter pour la version du philosophe selon laquelle il aurait refuser d’obtempérer.

Ce clash selon lui, démontre exactement le propos du « documentaire » de France 2 : le présentateur a trop de pouvoir. Alexandre Lacroix décide de publier une tribune dans Libé le jour de la diffusion du Jeu de la Mort pour dénoncer cela. Il semble alors découvrir le poids de la télé : des « amis » qui avaient pourtant décider de le suivre commencent à lui tourner le dos sur ce coup là.

Puis, cet essai enchaîne sur analyse de l’étude de la télévision par quelques philosophes / sociologues comme Bourdieu, Popper, Baudrillard, en passant par la catharsis de Socrate. Avec la plume limpide d’Alexandre Lacroix, c’est limpide, ça se lit d’une traite, c’est très convaicant. Son point est clair : jetez votre télé !

Je ne pense pas qu’on puisse nier l’érudition ni les qualités de raisonnement d’Alexandre Lacroix. Hondelatte le traite de « petit petit petit » philosophe, mais moi qui lis sa revue depuis plusieurs mois, je ne partage pas ce point de vue. Et pourtant, on sent une certaine naïveté à l’égard de la télévision dans son essai. D’abord, j’étais très surprise qu’il ne prenne pas la peine de se renseigner sur le présentateur qu’il allait avoir en face de lui. Et malgré toutes les références auxuqelles il fait appel, je trouve qu’il tombe parfois dans une dénonciation simpliste de la TV qui délite la démocratie et qui abrutit le peuple sans jamais proposer d’alternative. Que peut-on ou doit-on faire alors ? Il faut visiblement réformer l’offre de programmes télévisuels, mais quid des autres divertissements ? Comment encourager les gens à regarder moins de télé ?

Lacroix se vante de n’avoir pas de télé depuis de nombreuses années, mais combien de foyers n’ont pas de télévision en France ? Moins de 5% je parie. Les 95% qui en ont une sont-ils tous à mettre dans le même panier ? Ne peut-on regarder un programme de temps en temps sans tomber dans l’abrutissement ? Quant aux conséquences politiques de la télégénie et de la « télécratie », le mal est fait et comme en économie on parle « d’effets de clapet », j’ai l’impression qu’il en est de même au niveau politique : on ne pourra pas revenir en arrière, à moins de télévision. Alors comment faire ?

Alexandre Lacroix n’apporte pas de réponses à ces questions. Ce qui fait que son essai semble manquer un peu de corps et de pensée : non pas celles des auteurs qu’il convoque, mais bien de la sienne. Dommage pour ce brillant auteur.



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