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Pipty pipty

Publié le 29 novembre 2007 par Gilles Poirier

Mercredi 28 Novembre

Dans le camp, il y a un mignon petit chat noir qui miaule auprès chaque personne qui passe près de lui, lui réclamant à manger et après il suit cette personne pendant quelques mètres espérant tomber sur la bonne personne qui aura pitié de lui. Le problème n’est pas de le nourrir, mais de faire en sorte qu’il ne s’attache pas à moi, afin que je n’aie pas de remords lors de la fin de ma rotation. Mais du coup, chaque fois que je passe et que je l’entends miauler, j’ai envie de m’arrêter. Il faudra bien que je prenne un bout de viande et que je lui laisse ca dans un coin. Avant, il ne semblait pas si affamé, comme si la personne qui le nourrissait été parti. C’est comme le chien qui trainait, il a subitement disparu avec le départ des premiers philippins. S’ils avaient été chinois, j’aurai pu penser qu’ils l’avaient débité et fait au barbecue pour fêter leur départ, mais les Philippins n’ont pas ce genre d(habitudes, même si il y a beaucoup de chinois qui vivent chez eux. C’est très dur de comprendre les Philippins quand ils parlent anglais, car ils ne prononcent pas les F ni les V, ils disent P à la place, par exemple Fifty five sera prononce PIPTY PIPE et si on veut faire deux parts égales on fait du Pipty Pipty. Eux, n’ont pas du tout le même régime que nous et on voit bien qu’ils sont exploités à fond, par exemple alors que nous avons un régime de 4x4, eux aussi ils ont un régime 4x4 mais ce n’est pas du 4 semaines x 4 semaines c’est du 4 mois / 4 jours. Certains d’entre eux ne sont pas rentrés voir leurs familles depuis plus de 6 mois et quand ils demandent de rentrer 5 jours pour Noël, les américains qui dirigent le chantier, les engueulent et les traitent de tous les noms. En plus, alors que nous avons une chambre par personne, ils sont obligés de partager la leur avec un collègue et bien entendu, ils ne sont pas autorisés de manger dans la même cantine que nous. Y a pas à dire, mais les américains se comportent ici comme des vrais chiens et appliquent une forme de ségrégation raciale, et je n’ose même pas parler du salaire qu’on leur donne. Le salaire d’un superviseur de projet local, c'est-à-dire Algérien qui soit dit en passant est mieux payé qu’un Philippin, est de 1200 dinars soit environ 12 euros par jour, un ingénieur de démarrage free lance Français se vend au client jusqu’à 1200 euros par jour, et même s’il ne touche qu’un peu moins de la moitié de cette somme, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais ce n’est pas grave soit disant, car il paraît qu’ils sont bien content d’être là et qu’ils gagnent quand même plus que dans leur pays. C’est vrai quoi, ils pourraient aussi être au Darfour et crever de faim, alors quoi ou est le problème ? Continuons à exploiter et ayons la conscience tranquille car après tout, il y a toujours pire ailleurs. Avec ce genre de raisonnement, on arriverait peut être à rétablir l’esclavage tout en étant persuadés de contribuer ainsi à l’amélioration de la condition humaine, de la sienne bien entendu.


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