Magazine Culture

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur # harper lee

Par Tinusia

OISEAU_MOQUEURJe ne sais pas très bien pourquoi, mais je rechigne ordinairement à me précipiter sur les romans qui sont d'emblée couronnés de lauriers ; je redoute toujours que leur succès ne soit que d'estime. Quand les éloges se font trop ronflants, je les soupçonne d'être trompeurs. Ce roman n'a pas échappé à "ma" règle, et il est resté longtemps sur le rayon de la Pile à Lire.

C'est donc avec un peu de malaise que j'ai ouvert cet ouvrage... avec soulagement, je viens de le refermer.

En me référant à la quatrième de couverture, je découvre qu'il faut lire ce livre à deux niveaux : un roman universel sur l'enfance d'une part, une action qui se situe dans les années 30 en Alabama, sur fond de racisme, d'autre part.

"Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 - au cœur de la lutte pour les droits civiques -, connut un tel succès. Il ne suffit pas en revanche à comprendre comment ce roman est devenu un livre culte aux États-Unis et dans bien d'autres pays. C'est que, tout en situant son sujet en Alabama à une époque bien précise - les années 1930 -, Harper Lee a écrit un roman universel sur l'enfance confrontée aux préjugés, au mensonge, à la bigoterie et au mal."

Deux niveaux de lecture et deux parties...

La première nous place dans le contexte de Maycomb, cette petite ville fermée sur elle-même, sur ses us et coutumes, ses travers. Deux enfants, Jem et Scout, élevés par un père veuf et par Calpurnia, une cuisinière dévouée, Noire. Les principes d'éducation d'Atticus, le père, sont assez avant-gardistes ; il prône l'autonomie, la communication entre lui et ses enfants, au grand dam des "bien-pensants" de la bourgade, surtout des "bien-pensantes" dévotes et hypocrites.

J'avoue que cette partie du roman m'a un peu engourdie ; l'écriture est languide et même si Scout, la narratrice, fait preuve d'esprit moqueur et si son regard est acéré, je n'ai pas réussi à vraiment m'immerger dans cette société conservatrice, immobiliste, réactionnaire. J'ai eu maintes occasions de lire des ouvrages sur l'enfance en différentes époques, en différents lieux, celui-ci ne m'a pas paru en donner une représentation exceptionnelle.

La deuxième partie m'a davantage touchée : elle retrace le procès de Tom Robinson, un Noir accusé (à tort) du viol d'une Blanche. C'est Atticus qui est commis d'office pour le tenter de le préserver d'une condamnation inévitable à la peine de mort. Atticus, avec son honnêteté foncière, ses postulats d'égalité, va se heurter, là encore, à l'inclémence de ses concitoyens, à leur puritanisme malhonnête. L'affrontement est inégal : que vaut la parole d'un Noir contre les assertions d'une Blanche dans une communauté engluée dans la haine et la xénophobie ? Mais même perdu d'avance, ce procès démontre qu'il est possible de transformer quelques mentalités et de mettre en marche quelques remises en cause. Le chemin sera long, douloureux, hypothétique, mais le roman ouvre des pistes dont on peut voir, quatre-vingts ans plus tard, qu'il n'est pas encore vraiment accompli.

Ce sont donc des sentiments mêlés qui m'habitent en refermant ce livre qui a pourtant été couronné par le prix Pulitzer en 1961 et qui s'est vendu à plus de trente millions d'exemplaires dans le monde entier. Les critiques sont unanimes pour le louer, je crains de jouer le vilain petit canard qui n'exécuterait pas complètement la même partition.

De nombreuses citations ici

challenge_premier_roman
de Pascale

3_etoiles

Retour à l'accueil


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tinusia 86 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines