Sarkozy ou l’incarnation du mépris

La phrase avait choqué. Il y a deux ans presque jour pour jour, Nicolas Sarkozy avait fait cette sortie inoubliable devant le Conseil National de l’UMP : « Désormais, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit ».

Ce soir, récidive plus ciblée. Dans son interview sur France 2, il prétend qu’on n’entend plus le collectif Sauvons la Recherche, qu’il n’y a plus eu de manifestations de chercheurs depuis qu’il a été élu, qu’il met beaucoup d’argent dans la recherche. Cette attitude ne se décrit qu’en un mot : le mépris. Le mépris vis-à-vis de tous ceux qui depuis trois se sont mobilisés à de très nombreuses reprises contre les réformes de la droite, jusqu’au mouvement historique de 2009. Il est vrai que c’était avant tout un mouvement d’universitaires, et que notre Président n’a semble-t-il toujours pas compris que les universitaires font de la recherche… Mépris aussi vis-à-vis de la réalité de l’emploi scientifique, Sarkozy étant le seul président de l’histoire à ne pas avoir créé d’emplois scientifiques. Mépris vis-à-vis de la réalité des dépenses de recherche, dont j’ai déjà montré que leur évolution est mauvaise. Mépris enfin quand il tente de minimiser la portée du bouclier fiscal, alors que le chèque de Liliane Bettancourt représente le salaire toutes charges comprises de 500 chercheurs, comme je l’ai écrit dans une tribune publiée par Mediapart…

Ce mépris à l’égard des chercheurs, Nicolas Sarkozy l’a de fait exprimé vis-à-vis de nombreuses autres catégories sociales, en particulier ceux qui sont dans la misère et s’y enfoncent, victimes d’une politique qui ne fait rien pour eux, et tout pour les plus riches. Ce n’est pas avec du mépris qu’on gouverne la France, ce n’est pas avec des mensonges qu’on construit un avenir. La fuite en avant est une tactique de court-terme, un jour arrive où elle devient inefficace. Ce jour est sans doute bien arrivé.