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CBIRD: A la rencontre des bénéficiaires

Publié le 13 juillet 2010 par Veecus

Il est 8h00 du matin, il fait déjà bien chaud et nous partons en moto avec l’agent de crédit pour rencontrer des bénéficiaires. Un peu de vent pour se rafraîchir, rien de tel pour commencer la journée ! Questionnaires à la main, nous arrivons ainsi chez un premier bénéficiaire.

L’ambiance est très décontractée et courtoise, nous sommes accueillis comme il se doit et déjà le reste de la famille se rassemble pour venir assister à l’entretien. Si de prime abord ils ne comprennent pas trop ce qu’un occidental fait ici, l’agent de crédit s’empresse de me présenter et d’expliquer la raison de ma venue. Un entretien dure en moyenne une demie heure et porte d’abord sur la nature de l’activité génératrice de revenus, puis sur l’utilisation faite de l’emprunt et enfin sur les conditions de vie de l’ensemble du foyer et leur évolution. Le but est alors d’associer et de comparer les différentes réponses entre elles afin de mieux comprendre l’intérêt du micro crédit pour le bénéficiaire et ce que cela lui permet réellement de faire. L’agent de crédit fait la traduction mais je m’efforce toujours de dire un mot ou deux en khmer juste pour montrer aux bénéficiaires que je ne suis pas un touriste et que j’essaye vraiment de m’acculturer, par respect, mais aussi pour mieux les comprendre et ainsi m’en rapprocher.

L'agent de crédit, chez un bénéficiaire

L'agent de crédit, chez un bénéficiaire

Rencontrer les bénéficiaires est donc toujours intéressant car cela permet de rencontrer à chaque fois un peu mieux le pays et ainsi de mieux en comprendre le fonctionnement. C’est d’ailleurs bien utile en matière de micro finance car pour comprendre l’utilisation du crédit, il faut comprendre les us et coutumes locales. Par exemple, la théorie en micro finance recommande vivement les prêts en groupe et l’entraide. Mais au Cambodge ce n’est pas très appliqué car la culture n’est pas la même. J’ai d’ailleurs pu confirmer cela au contact d’autres IMF que j’ai eues l’occasion de rencontrer. C’est comme ça, il faut que cela soit naturel. Peut-être est-ce dû au passé mais les gens ne ressentent pas toujours l’utilité de l’emprunt en groupe car pour eux, ils ne sont jamais seuls et vivent naturellement en groupe. Ainsi quand je pose des questions à un bénéficiaire en particulier, il y a souvent une large partie du voisinage qui est là et qui répond même parfois à sa place. C’est un peu comme si tous faisaient partie de la même famille. Cela n’est pas vrai dans tous les cas mais je dois dire que je trouve la population cambodgienne très fraternelle et très altruiste.

Une activité génératrice de revenus

Un exemple d'activité génératrice de revenus

Ainsi la rencontre des bénéficiaires est toujours un moment de partage culturel et de recherche d’une meilleure compréhension de l’autre. Je regrette simplement de ne pas plus parler le khmer pour pouvoir faire l’entretien sans traduction et ainsi être plus proche de mes interlocuteurs, mais c’est déjà bien de pouvoir les rencontrer chez eux, voir leur maison, leur activité et leur famille. En plus, l’information étant souvent incertaine, c’est un bon moyen de la vérifier en constatant visuellement les dires.

C’est donc une grande richesse pour moi que de pouvoir rencontrer tous ces gens là car cela me permet de vraiment comprendre la micro finance et son application sur le terrain. Sortir de la théorie pour comprendre l’application et ainsi comparer les écarts. Enfin c’est un excellent moyen de comprendre un pays, de voir comment il vit, comment il évolue et quelles sont ses perspectives d’avenir. D’avoir non plus un regard touristique sur le Cambodge, mais celui d’un « habitant ». Le Cambodge est ainsi un pays magnifique qui a la chance d’avoir une population fraternisée par son passé tragique et qui a la volonté de se relever. La pire des tragédies a donc laissé sa place à la fraternité et à l’humilité permettant à d’anciens khmers rouges de pouvoir vivre parmi le reste de la population sans aucune gène et sans différences sociales. Il semble ainsi qu’une telle tragédie a fait naître une forte espérance laquelle joue un véritable rôle de moteur dans la reconstruction du pays.

Entretien avec une bénéficiaire

Rencontre d'une bénéficiaire

Étant volontaire depuis 4 mois, j’ai pu rencontrer 74 bénéficiaires et ainsi faire une analyse des données collectées me permettant maintenant de rédiger un rapport. Il me reste trois semaines pour le faire avant de rentrer en France. Cette expérience aura été très intéressante et enrichissante pour moi et m’a ainsi permis de bien comprendre le fonctionnement de la micro finance. Je remercie donc vivement Veecus et CBIRD pour m’avoir offert cette très bonne opportunité !

Romaric Janssen


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