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Vert pâle sur Alla Nazimova.

Publié le 13 juillet 2010 par Alexcessif
Vert pâle sur Alla Nazimova. Mandavit.
Al. progresse en comptant les gravillons sous les platanes de l'allée menant au parc où Marcelline Delbeck et Benoît Delbeck (ce n'est pas un doublon mais une homonymie) vont nous présenter Alla Nazimova.
Mais Al. s'en fout.
Du décor autant que du décorum: Elle est prés de lui.
D'ailleurs, l'idée d'assister à cette "littérature en jardin" est d'Elle. Il Lui viendrait l'idée de faire la tournée des déchèteries ou de s'intéresser à la fumisterie de l'art contemporain qu'il trouverait bonne, l'idée.
Où était-Elle tandis que coulait le sable du temps et que ce con-là retournait inlassablement et inutilement son sablier?
Prés d'Elle, le temps prends son temps. Il y a devant eux autant de secondes qu'il y a de cailloux dans l'allée.
L'écran attend sous le cèdre. Quelques bancs de bois délaissés pour l'herbe, sont de sortie avec la permission du maire de l'école communale. Il s'allonge sur le gazon épris d'Elle et pris de la narine en otage par la citronnelle de l'air. Qu'importe l'odeur prégnante et le décor scolaire, ils sont là pour le verbe.
Les mots  pour l'instant sont des images qui défilent comme pour un 14 Juillet aux ordres du rétro projecteur  portant sur le screen* du tissus la filmographie rétrospective de Alla Nazimova et accrochant au passage l'ombre des branches basses du cèdre.
Mise en espace minimaliste: Noir et blanc, muet, pianiste. Selon la volonté des auteurs, nous voyageons à l'époque des films d'avant le cinéma bavard.
Une voix, fantôme descendue des limbes, pénètre mots à mots et glissent pas à pas dans le silence. Laborieusement!
Comme il y a dans la diction  lancinante de Marcelline Delbeck une emphase disproportionnée dissimulant un texte indigent de belles tournures, il y a dans la mélancolie des pensées d'Alex un halo de tristesse floutant la dictature de sa mémoire tout autant indicible. La rhétorique amoureuse réécrite comme un palimpseste, de l'illusionniste à l'opportuniste orchestrant la musique des mots d'amour complice des mots tactiques. Aimer maintenant, si vite, si tôt , si fort?
C'est l'heure indécente où l'âme est impatiente et le hasard fait ce qu'il veut.
Voilà qu'une toile nouvelle paraît, où s'archivent quelques souvenirs, et malgré quelques surprenants soucis de pinceaux, il sent le désir de peindre par dessus  l'oeuvre enfin aboutie, d'esquisses en ébauches,et un peu de débauches, comme le repenti* se fabrique une virginité.
La tristesse est souvent alibi de la beauté. La beauté, illusion et les songes, mensonges.
A quel instant les souvenirs merveilleux deviennent-ils poisseux et les rêves, trahisons?
Probablement lorsqu'il s'agit d'abandonner la vie d'avant, serpent laissant derrière lui l'ancienne peau,  le symbole reptilien de la trahison réapparaît tel un spectre avec sa trajectoire sinueuse alors que la morale préfère la rectitude.
"- ça fout la trouille ton truc Al.contrairement à toi, Elle sait archiver ses souvenirs!" intervient Tom B. Dunid.
Alex lit en braille de ses doigts sur sa peau et voit dans ses yeux lucides, "la lumière des justes"*
* Matière d'écran.
* Repentir: peindre par dessus cf Tonino Benacquista dans "Malavita".
* Merci Henri Troyat.

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