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La Madeleine !

Publié le 13 juillet 2010 par Jlhuss

col_de_la_madeleine.1279027913.jpg Morzine – Saint-Jean de Maurienne. Une étape d’anthologie !

benjamin : J’en ai été le premier surpris, parce que le col de la Madeleine, malgré sa difficulté extrême, fut rarement un “juge de paix” comme le Galibier ou l’Izoard.

Le roi Cadel meurt, mais ne se rend pas !

Dès le départ, surprise avec ce pansement bleu innovant et très impressionnant qui “coinçait” tout l’avant-bras de Cadel Evans. L’échappée du matin se constitue, l’équipe BMC en charge de la défense du maillot impose un tempo, comme il se doit.

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Dans cette échappée, le géant Thor Hushovd fait plus que sa part de travail, réalisant entre autres une descente d’anthologie qui tire tout le groupe, jusqu’au premier sprint à bonification. Logiquement, ses complices le remercient en ne le disputant pas  - de toute manière ils auraient perdu. Thor les remercie et rentre doucement dans le rang, mission accomplie (six points de plus dans la besace du maillot vert, pendant que ses adversaires au sprint – Cavendish, Mac Ewen, Petacci - galèrent déjà dans le premier gruppetto )

Un carton rouge décerné à Cunego pour son comportement odieux et totalement antisportif. Il n’a pas pris un relai dans cette échappée, suçant les roues pendant 180km, espérant ainsi arriver le plus frais et récolter les bénéfices du boulot des autres (venus lui parler à tour de rôle, sans succès). Pire, tricheries manifestes qui auraient mérité une mise hors course : faux “incidents mécaniques”, sur la radio changée deux fois, sur l’oreillette, à chaque fois comme par hasard quand ça grimpait, tranquillement accroché à sa voiture. Mais que font les commissaires ? Je pense qu’aujourd’hui il s’est fait dix “copains” qui auront la rancune tenace. Il y a une justice, il n’a pas gagné au final (nous en reparlerons)

Derrière, la succession de cols fait son effet ravageur même si ça ne se traduit pas concrètement dans la première phase. Jérôme Pineau fait les sprints de sommet (on se demande pourquoi Moreau “la pleureuse”, mesquinement, est allé lui disputer deux points alors qu’il n’a aucune ambition au classement du meilleur grimpeur !) Le gruppetto se constitue dès le premier col et il arrivera avec 40mn de retard (délais d’élimination aujourd’hui : 47 mn)

Col de la Madeleine, le dernier et le pire. Démarrage très sec de Vinokourov pour partir en point d’appui et durcir la course et… Cadel Evans esseulé (ses équipiers étaient “à la planche” craque. Dix mètres, vingt, trente, cinquante… puis très vite une, deux, trois minutes. C’est fini, il a perdu le Tour et même une place sur le podium.

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Premier démarrage fulgurant d’Andy Schleck, Contador sautant dans sa roue. Second, même riposte ; troisième… les deux s’observent dans un mano a mano impressionnant, quasiment à l’arrêt entre les giclettes. Puis ils se parlent et conviennent de rouler ensemble pour faire le ménage. Ils ramasseront deux ou trois comparses, Sanchez étant en “chasse patate”. Devant, Charteau, qui était dans l’échappée du matin passe en tête au col de la Madeleine (sprint très disputé) et prend le maillot à pois à égalité de points avec Jérôme Pinot. Derrière, Schleck que l’on disait mauvais descendeur et qui a d’ailleurs un style de patate molle réalise un numéro d’anthologie, salué par Moreau qui n’est pas le plus mauvais en la matière et qui s’est déclaré admiratif. 100km-h les mains au dessus des cocottes de freins – ce qui est aberrant : on rehausse son centre de gravité – mais des freinages dans le dernier centième de seconde. Les trois roulent à fond dans la vallée et reprennent les échappés survivants dans le dernier kilomètre. Heureusement pour la beauté de l’histoire et pour notre chauvinisme national, Sandy Casar règle le sprint d’une manière impériale, battant nettement Luis Leon Sanchez (quand même champion olympique…) et surtout Cunego l’infâme.

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Il est maintenant clair que le Tour – sauf accident ou circonstance exceptionnelle – se jouera entre Schleck et Contador. Schleck qui a avoué à l’arrivée qu’il avait pu démarrer trois fois, mais que si Contador avait riposté juste après, il explosait. Contador sûr de lui, très calme, mais sans la giclette de l’an dernier. Je crois que depuis le fameux Tour 1964 qui s’est joué entre Anquetil et Poulidor, on n’a jamais eu un tel mano a mano, aussi indécis. Et entre cadors décidés à se battre !

Larmes de Cadel Evans, arrivé huit minutes après les échappés (il leur a quand même repris 2mn30 dans la plaine alors que ceux-ci roulaient à fond !), consolé, soutenu moralement par ses équipiers et son boss qui révèlera que l’équipe a fait une sorte de “poker menteur” : hier il était incapable de rouler pendant toute la sortie de “décrassage” et une radio a révélé un trait de fracture sur le radius consécutive à sa chute de dimanche. Mais “on n’abandonne pas le Tour quand on porte le maillot jaune”. Que répondre à cela ? (il est incertain pour demain : le médecin de l’équipe décidera “souverainement” en fonction des conséquences possibles sur son état de santé et des risques encourus)

Ce cador est profondément attachant et comme chaque année, il avait reçu hier le “prix de la bonne humeur et de la disponibilité” décerné par la presse. Un très brave type, un beau champion, jamais épargné par le sort.

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A noter qu’Armstrong a encore perdu plus de deux minutes, et que le classement général se retrouve bouleversé. Et à noter également la splendide prestation des Français avec Casar, très beau vainqueur de l’étape à l’issue d’un sprint difficile alors qu’il s’est échappé dès le début, Pinot qui a pris pas mal de points, Charteau qui sprinte victorieusement au sommet de la Madeleine, Monnier qui a fait une superbe étape malgré une chute à 90 km-h dans la descente de la Madeleine.

Quel Tour !!

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Le vélo pour les nulsQu’est ce qui fait tomber les coureurs ?

Très rarement la maladresse ! Essayez donc, par exemple, d’enfiler une protection anti pluie sans tenir le guidon, en grimpant une pente de 10%, comme ils savent tous le faire… Il faut d’ailleurs savoir que si un incident ponctuel peut survenir qui provoque une chute collective, il est rare qu’on en tienne rigueur au responsable. Il faut qu’il ait eu un comportement de voyou (comme Cavendish à maintes reprises) ou qu’il soit franchement maladroit de manière réitérée pour que ça roume ! (les Colombiens étaient détestés, parce qu’ils ne savaient pas rouler en peloton et prenaient gamelle sur gamelle, entraînant d’autres coureurs avec eux). Ce qui ne pardonne pas quand on roule en peloton, c’est la “touchette” sur la roue arrière du coureur précédent. Gamelle assurée.

D’une part, on va plus vite grâce aux progrès des bécanes et à l’état des routes. Ensuite ces vélos sont justement devenus des machins “racés”, très rigides (c’est ça, bien plus que le gain de poids, qui les rend plus efficaces) et qui restituent donc toutes les aspérités de la chaussée. Le guidon saute bien davantage qu’avant.

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Sur une route très mauvaise, les coureurs calculent leur vitesse et ne tombent pas plus souvent qu’ailleurs. Ce qui est dangereux, c’est l’imprévu. Il n’y a plus de nids de poules (la DDE passe avant le Tour) mais il y a la plaque de goudron qui fond, les gravillons projetés par des voitures de la caravane, quand elles ont roulé en partie sur les bas côtés, les flaques de gazole voire, quand il pleut après des jours de chaleur, la pellicule huileuse qui se forme avec les rejets des pots d’échappement accumulés.

Les descentes de col sont souvent plus dangereuses… quand elles paraissent faciles pour le profane. Si elles sont rectilignes, même à forte pente, les coureurs les prendront à plus de cent kilomètres à l’heure,  sans risque majeur même si c’est impressionnant. Si au contraire on a une succession d’épingles à cheveux très resserrées, ils devront tellement freiner avant de relancer que le risque est également minime. C’est “l’entre les deux” qui est périlleux, surtout avec un virage “normal” qui se referme brutalement : parce qu’en principe on freine AVANT de tourner ; un coup de patin dans le virage, et c’est le décor assuré.

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Autres dangers : les ralentisseurs, les lignes blanches (haïes par les motards, aussi : rien à voir avec les traits de peinture jaune d’antan ; elles sont maintenant conçues avec un revêtement qui n’offre aucune adhérence). Les séparateurs (remarquez que la plupart du temps, un motard de la garde républicaine venu en éclaireur les signale au sifflet et avec un fanion) Il est d’usage, quand on est en tête de peloton, de signaler avec la main les obstacles qu’on découvre et d’indiquer le passage logique, sur la gauche ou la droite.

La chute à grande vitesse est souvent plus spectaculaire que dangereuse – sauf si on va “taper” sur un obstacle ou… des barbelés. Les glissières de sécurité en alu coupant sont les ennemies mortelles des deux roues : dans les courbes dangereuses on les remplace parfois par des rondins. A grand vitesse sur route sèche, vous glissez et vous vous “épluchez” (ces brûlures sont néanmoins très douloureuses, et empêchent le coureur de bien dormir puisqu’il se réveille dès qu’il bouge dans son lit : elles contribuent à l’épuiser)

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C’est souvent la “chute conne”, à basse vitesse, qui provoque la mise hors course. Le jeune Eric Duclos-Lassale est tombé l’année dernière à 30km-h au ravitaillement : poignet cassé. La blessure typique du cycliste, c’est la fracture de la clavicule, logique puisqu’on met le bras en parade pour protéger le crane.

Le dernier mort en course, sur chute : Salvodelli Casartelli. Et on se souvient peut être de la carrière de Roger Rivière, un “monstre” de son temps, très vite interrompue par une terrible chute dans un ravin (colonne vertébrale fracturée)

Les deux meilleurs descendeurs du moment : Hushovd et Cancellara

Pour terminer sur une note amusante : l’année dernière, un coureur a fait un splendide gadin, à 80 km-h, dans le Tourmalet. Il a atterri indemne trente mètres plus bas, sur un alpage et il a fallu une chaine de spectateurs pour l’aider à remonter à quatre pattes. Son vélo, lui, était 50 mètres plus bas encore ! (je ne sais pas si la caravane l’a récupéré)

L’ancien du jour : Roger Rivière

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Le Chat : Décidément, ce mois de juillet n’est pas frappé au coin de la « rigolade » Hier Sarkozy donnait bien le sentiment de ne pas y souscrire; il semblait impressionné par l’enjeu. Cet après-midi les coureurs du Tour n’ont pas batifolé non plus.
Les multiples sommets de l’étape du jour inspiraient le respect mais on attendait pas une sélection aussi sévère.
Les bouleversements sont maintenant quotidiens dans ce Tour et bientôt même les jours de repos
n’échapperont pas à la surprise. Le duel ébauché entre Shleck et Contador promet une fin de Tour passionnante et des Pyrénées palpitantes. A moins que les choses se rigidifient avant.
Le cru 2010 du Tour de France réconcilie avec la compétition cycliste. C’est déjà un grand bénéfice.
A.Shleck a dit « j’ai un plan » …   Sarkozy … Aussi !

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