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Propos.

Par Ananda

Qui suis-je pour juger mes semblables ?

Pas grand-chose, bien évidemment.

Alors, ai-je le droit de juger ? Au nom de quoi puis-je me le permettre ?

Je m’en tirerai en répondant (sans doute lâchement) : « au nom du fait que mes semblables, eux aussi, me jugent ».

Il y a toujours une force qui nous empêche de nous juger nous-mêmes (et surtout, de nous condamner).

Cette force, c’est une force bête, sans doute basique, mais au combien vigoureuse : la complaisance envers soi-même, qui entraîne le besoin de se trouver des justifications, quand ce n’est pas le déni. Après tout, nous n’avons pas d’autre assise, pas d’autre « demeure » (« prison » ?) que nous-mêmes. L’être a l’instinct de conservation, et le sens de l’autodéfense, son réflexe chevillé au corps.

Détester les autres, oui, mais avoir à se détester soi-même pour le mal et/ou  la sottise que nous portons en nous, pour les erreurs que nous commettons, voilà qui est une toute autre paire de manches.

Abstraction faite de l’Homme, l’intelligence est présente dans la nature.

Un  zeste d’aléatoire, une pincée d’ordre…et c’est le monde !

Notre côté fragmentaire.

Le côté  fragmentaire de tout ce qui existe.

Certain(e)s souffrent  de ne pouvoir aimer, de ne pouvoir s’attacher qu’à des fragments.

Ce à quoi ils/elles voudraient pouvoir s’attacher, c’est à la globalité elle-même. Parce qu’elle réunit, contient l’entièreté des fragments. Et parce qu’elle la dépasse.

Voir l’inachèvement des choses…n’est-ce pas entre deviner l’achèvement de dieu ?

L’inachèvement des choses, ce pourrait être dieu qui se montre en filigrane.

Et si l’incomplétude qui emplit le monde était une façon de tracer le chemin vers le Complet, la plénitude suprême ?

La présence et la conscience de la présence…que sont-elles l’une pour l’autre ?

Existe-ton plus et mieux lorsque l’on n’a pas conscience d’exister ou bien du fait d’un sentiment accru, exacerbé de sa propre présence ?

Se sentir exister…l’existence avait-elle besoin de ça ?

Très paradoxalement, dès lors que l’on prend conscience de sa propre existence, on débouche sur une sorte de mise à distance de soi-même. Ou est-ce seulement une impression ?...

La métaphore comme symptôme de la profonde faillite des mots ?

De leur incomplétude (démontrée par le philosophe Wittgenstein), de leur échec à prendre chair, à se coller au monde ?

Nos mots

tout seuls

au milieu

du monde muet…

Nos mots qui se cherchent des échos, des miroirs

Nos mots qui se mordent la queue, tournent

en rond

dans un désert  lisse, circulaire

où ils glissent

Nos mots qui se perdent en les lacis compliqués

d’un réel enclin aux croche-pieds vachards

Nos mots

trébuchants,

titubants,

pâles, harassés

Et nos songes, pensées mêmes

qui leur échappent !

P.Laranco


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