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En début de journée, une tonne de couscous déboule sur le projet...

Publié le 16 juillet 2010 par Fabrice @poirpom
En début de journée, une tonne de couscous déboule sur le projet...

En début de journée, une tonne de couscous déboule sur le projet de K-Pu, dans une camionnette aussi belle qu’une popote après quatre ans de camping en Amazonie. 

Mais il y a une bonne raison à tout ce couscous.

C’est pas vraiment comestible.

K-Pu virevolte comme une gamine qui déchire ses cadeaux de Noël. Elle a loupé le gros barbu de peu mais il lui a lâché une pelletée de joujoux dans ses tatanes. Une tonne, même.

C’est du sable. Pour poser des dalles sous l’abri de jardin qu’on a fait mi-juin.

Le temps de payer le lutin dans sa carriole, départ en trombe pour le Dôme. Retrouver Choupette. Qui virevolte. Gamine. Gros barbu. Tonne de cadeaux dans les sandales.

J’suis dans mon élément, là. J’suis pas faite pour les tableaux Excel dans un bureau.

Son cadeau, c’est le Dôme. Deux mille personnes qui viennent transpirer dans moins de huit heures. Et tout un bazar à bricoler en amont. Banderoles et lampions en tous genres. Un carnaval statique se prépare.

Choupette, jusqu’à ce jour souriante comme un moine shaolin assis sur des charbons ardents - un peu crispée mais sous contrôle, se déride comme un raisin sec en pleine ré-hydratation dans une salade de fruits frais.

J’suis dans mon élément, là.

La journée démarre en douceur. Cause banderoles et lampions sont dispersés dans tout Marseille sur les projets de K-Pu et et de B-Ka. 

Visite du site. Balances d’artistes aphones. Visites de loge. Repérages divers.

Repas au catering.

J’aime voyager.

Choupette a dit ça un jour, entre deux gorgées de champagne. Car elle ne boit que ça. Le reste lui irrite la gorge.

Là, elle a les crocs plantés dans un bout de claquos.

J’adore le fromage.

Jou-Jou, attablé face à elle, frémit comme une feuille de chêne à l’aube de l’automne. Prêt pour le grand saut. Un plateau de pue-des-pieds les sépare. Sa main fébrile s’égare sur celle de Choupette. L’audacieux tente une offensive.

Tu aimes le fromage? Tu aimes les voyages? Toi, tu es du groupe sanguin B+.

Silence.

De loin, observer les tourtereaux éclater de rire, du fromage plein la bouche, cernés par des roadies anglais patibulaires, peut sembler totalement incongru. De près, c’est pire.

L’audacieux remballe sa pogne. Retour du plateau de fromage en cuisine. Fin de la pause sensation pure.

Axl s’écrabouille sur le parking du Dôme et bondit hors de l’utilitaire. L’engin dégueule de banderoles et de panneaux.

J’ai braqué tous les visuels de B-Ka en quatre minutes chrono. Quand j’suis parti, elle distribuait les places de concert le cul posé dans le camion.

Il file au catering, se gave, rôte, fume, bavasse quelques minutes avec les membres de l’équipe disséminés sur site puis disparaît. Pour dépouiller le projet de K-Pu de tous les visuels restants.

Alors Miss Produits Laitiers, émoustillée par le fromage de Normandie et les audaces de Jou-Jou, trépigne. Les douceurs sont finies. Place à la mise en place.

J’suis dans mon élément, là.

On va finir par le savoir.

Jou-Jou s’enfuit caler tous les détails pour l’after-show. 

Début de la course de fond, avec Choupette, pour installer la déco du carnaval. Détour par les loges. Où ça fleure bon la weed, le chichon et la bière. Les stars, qui arrivent au compte-goutte après des ballades de courtoisie sur les projets, prennent possession des lieux. Chaque star est accompagnée d’un membre de l’équipe, censé le maintenir sur des rails, qui lui explique le boulot en l’emmenant sur les projets.

Parfois, on fabrique des abris de jardin. On peint des murs aussi. On fait des fresques sur des murs décrépis. On défriche, on taille, on coupe, on bricole. Les gens viennent bénévolement. Des jeunes surtout.

Il y a ceux qui s’en foutent. Qui n’écoutent rien. Qui écrivent des SMS. Qui parlent mal. Qui ont le QI d’un galet sur une plage bretonne. Ceux-là, K-Pu se les cogne sur son projet et soupire tellement fort que le mistral passerait pour un éternuement de chaton s’il soufflait.

Et il y a les autres. Qui se plient au jeu de la star sympa et dispo. Qui ont un mot pour chacun et du temps pour tous. Simples notions de respect et de politesse inculquées par des parents de la vieille école. De la star parfois sensible au travail à échelle humaine. À l’artisanat de fortune. À ces petits grand n’importe quoi, foireux, bourrés de défauts, bricolés au quotidien par des hurluberlus armés de sincérité.

Ceux-là, les autres, sont comme les amis. Les doigts d’une main suffisent pour les compter.

Au Dôme, l’installation de la tripotée de banderoles vire à l’épreuve olympique. Comme coéquipiers, un prestataire qui bosse en tongs et en short. Et deux roadies quinquagénaires, aussi efficaces qu’une paire de chaussettes sales de rando pour une soirée galipettes quatre étoiles.

La transpiration est l’évacuation de la sueur par les pores de la peau. Chez l’homme, sa principale fonction est la régulation de la température du corps. En s’évaporant, la sueur abaisse la température corporelle.

L’installation devient un cours de physiologie sous forme d’apprentissage par l’exemple. C’est aussi une autre façon de ressembler à Bob l’Éponge après un plongeon dans un évier un jour de canicule. Serpillère humaine sous méta-amphétamines.

H moins pas grand chose. Les impatients font le pied de grue devant les grilles, la sécu balise. Toute l’équipe pointe le bout de son nez, récupère son pass, se ballade puis se pose dans la salle.

En coulisses, la pré-réception VIP débute. Les coupettes tintent et les courbettes se plient tandis que la salle se remplit.

Coupettes vidées. Et la première star pose son son, après l’intro de la starlette de service qui présente et anime le concert. Et là, c’est le drame. 

L’acoustique du Dôme, c’est du Beethov’ interprété par une flûte à bec et un ukulélé. 

C’est surtout très drôle.

Les basses vrombissent, les aigus chouinent. Sur le parking, les roadies patibulaires ont leurs popotins écrasés sur des chaises pliables, au cul de leurs camions. Ils attendent patiemment, en déballant leur humour so british, la fin du concert.

Le roadie anglais parle cul. Comme tout le monde.

Retour sur le parvis, à l’avant du Dôme. Les deux quinquas sont morts entre deux canettes de bière renversées. Le presta en shorts digère le taboulé et la pizza du catering. Entre deux banderoles, les traîne-la-patte refoulés tentent une approche. Grand-mère malade, femme enceinte, manque d’information, découvert bancaire, règles douloureuses… Causette veut taper l’incruste dans le concert. Causette se casse les dents. Gentiment.

Le temps du concert, tout le matos est replié-rangé. Au pas de charge. Ponctuellement, la patronne apparaît, dans un haut souple et léger, ses longues jambes calées dans un pantalon bien taillé. Maquillage légèrement marqué - plus qu’au quotidien. Au bras de son jules, elle glisse jusqu’à l’Algeco VIP, bricolé pour désaltérer financeurs et autres pontes pendant la soirée.

Entretemps, Jou-Jou, agrippé à son scoot’, ricoche sur le parking. 

I’m back. Ça gère ou bien? Je checke deux trois bricoles avec la team et on file au Dock fignoler l’after.

Franglais renforcé obligatoire pour comprendre Jou-Jou.

J’ai dégoté un bus pour trimballer everybody. Le mec assure même des navettes rien que pour nous vers down town all night long. On peut rentrer bourrés. Première fournée: les VIP. Puis la team. Vingt-trois heures trente maxi, tout le monde est calé là-bas, une margarita au bec. 100% groove.

B-Ka se catapulte hors du Dôme. Les deux grimpent sur la trottinette de Jou-Jou et tracent. Chargé de bricoles, installation dans le cockpit de l’utilitaire, collé à la roue arrière de Jou-Jou.

Planète Mars pique du nez.

Soirée chaude, vitres ouvertes. Sang chaud, muscles tressaillants.

Direction Dock des Suds.


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