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La danse des seconds couteaux

Publié le 16 juillet 2010 par Ruminances

Posté par lediazec le 16 juillet 2010

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Aussi mystérieuse et insondable que la Sainte Eucharistie pour le profane, l'affaire Woerth-Bettencourt ressemble de plus aux poupées russes, ces matriochkas de tailles décroissantes placées les unes à l'intérieur des autres et qui ont tant amusé les enfants de tous âges et de tout pays.

Depuis sa bicoque de la Pointe de l'Arcouest, en face de l'île de Bréhat, Liliane Bettencourt s'est exprimée devant les caméras pour expliquer au monde qu'elle n'est pas neuneu, comme sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, veut bien le faire croire. A la regarder et à l'écouter, on oublierait presque les implications politiques et l'argent palpé par certains pour mener à bien des campagnes électorales, pour ne garder qu'une sordide histoire de fric chez les très riches.

Même si tout ça n'est pas prouvé - pas encore - et que tout coupable est avant tout « présumé innocent », il s'y dégage comme une sale odeur de combine. Cette affaire éclabousse et agace un président  très empêtré.

Après s'être démené comme un dément pour éviter à Eric Woerth de calfater à lui seul la voie d'eau qui s'est ouverte dans l'embarcation gouvernementale, après avoir invité à une ridicule parade militaire des états africains lors du défilé du 14 juillet – dont certains ne brillent que par leur attachement à la dictature – le chef semble vouloir changer de stratégie et profite pour prendre quelques jours de congé pour recharger les accus en pratiquant le vélo. C'est la mode au mois de juillet, Tour de France oblige !

Pour reprendre un peu son souffle, il teste ses jeunes recrues, ceux qui piaffent d'impatience au pied du perron, histoire de voir ce qu'elles ont dans le ventre et, pourquoi pas, leur filer une bonne promotion le cas échéant, lors du prochain remaniement, prévu toujours à l'automne. Pour cela, il faut que le jeune loup montre canines longues.

Le chef envoie donc au front, en ce début d'été, ses jeunes lieutenants, secrétaires d'état ou responsables de parti, prêts à déchiqueter leur proie pour une place au soleil. Ces militants de l'extrême, sorte de kamikazes de l'ambition, catalogue de Rolex en main, se jetant sur la lumière médiatique, courent, bousculent, mettent à terre le passant, tuant père et mère s'il le faut, pour aller à la cognée. Fiers de pouvoir fustiger le mauvais esprit français et le poujadisme rampant autour duquel s'articule une campagne basée sur le mensonge et le discrédit. Ils hurlent à la manipulation de l'opinion, laquelle, bien entendu, est sciemment détournée de ses intérêts.

Ainsi, ce matin, sur France Inter, une station qui me gonfle de plus en plus, Benoist Apparu, invité de l'émission  l'été en pente douce  est allé de son couplet d'homme scandalisé par le complot qui s'ourdit.

Après une introduction audible sur le discrédit de la classe politique – cela est tout à fait vrai – suite à ces sordides affaires qui pourrissent le mental du quidam, l'incitant à la révolte, ni une ni  deux, il franchit le rubicond pour accabler l'auditeur d'un tas de maux dont il voudrait que la France se débarrasse une fois pour toutes.

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Oui, il est ambitieux, Benoist Apparu, et il n'a pas honte de le clamer. Oui, il veut une montre, la même que celle du président, si possible. Oui, il a envie d'aller plus haut – ou plus bas, tout dépend – de montrer au pays via l'audimat de la station qui n'a plus beaucoup d'idées entre les oreilles, que la politique c'est une ambition au service de tous et que cette affaire Bettencourt-Woerth ne peut que la discréditer, car elle repose entièrement sur le mensonge et la déstabilisation politique. Qu'à cette allure le pire est déjà là. Faisant fi des questions qu'on lui pose, il affirme que la justice n'est pas confisquée, oubliant cet appel lancé par des parlementaires, des magistrats, des avocats et des universitaires « pour une justice indépendante et impartiale » dans les affaires Bettencourt-Woerth. Sans doute s'agit-il là de poujadistes insinués dans les plus hautes sphères de l'administration française. Tous anti-sarkozystes primaires !

Entre deux questions – tout de même ! - concernant le penchant de son chef pour les gens riches et pour le bling-bling, il a concédé que la nuit au Fouquet's dont les français font régulièrement reproche à son maître était une maladresse politique, mais qu'en aucun cas Nicolas Sarkozy est, comme on veut bien le présenter, le président des riches. Qu'il en a plus que marre de toutes ces campagnes ne visant qu'un objectif : faire sauter son Maître à penser. Tu l'as dit bouffi !

En clair, la pensée de Benoist Machin, secrétaire d'état, se résumant à ceci : laissez-nous faire nos petites affaires entre gens de bien et occupez-vous d'aller sagement prospecter dans vos régions de quoi vous héberger. Car son plan sur le logement en France sera long, très long, à mettre en place, suggère-t-il, entre deux hoquets.

Avec toutes ces affaires qui lui pourrissent son agenda, Benoist Apparu n'a guère le temps ni les moyens de s'en occuper ! Pourtant, il y a urgence en la matière.


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