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Vilain petit ĂŞtre humain

Publié le 07 juin 2010 par Europeanculturalnews
Vilain petit ĂŞtre humain

Cirkin insan Yavrusu - photo Tolga Ozgal


La jeune turque Maral Ceranoglu s’empare avec sa pièce «Cirkin insan Yavrusu» («Vilain petit être humain») de toutes les scènes d’Europe. Dans le cadre du «festival nouvelles», elle a fait un arrêt à Strasbourg,

Yelda Baskin, Gülce Ugurlu et Elif Ürse, les trois jeunes danseuses et actrices montrent, à quels préjugés les lesbiennes, les femmes kurdes et celles qui portent le voile pour des raisons religieuses, sont confrontées en Turquie. La pièce qui s’appuie sur des faits, arrive avec l’index levé, mais le traitement léger de ce sujet lourd finit par l’emporter : Grâce à la joie contagieuse de Ceranoglu et grâce au talent de ses deux complices. Mais l’humour dont regorge la pièce y contribue également considérablement.
La toile de fond est tissée par l’histoire du «Vilain petit canard» de Hans Christian Andersen. Ce vilain petit canard renié par sa famille qui finit par devenir le cygne le plus majestueux que l’on n’ait jamais vu.
Chez Geranoglu, comme dans tous les contes, chacune des destinées finit par prendre une tournure positive. L’artiste raconte, que c’étaient justement les représailles que les trois femmes ont subies au sein même de leurs familles, à leur travail ou à l’école qui ont été l’élément déclencheur pour qu’elles deviennent maîtresses de leurs vies respectives.
Mais pour en arriver là, à travers une chorégraphie très simple, l’artiste raconte l’enfance de ces femmes dont chacune représente une minorité. Des enfances marquées par des réactions inexplicables de la part des adultes, par des interdits incompréhensibles et par l’exclusion impitoyable par un cercle amical de tout ce qui était différent. Ensuite, trois scènes merveilleusement interprétées se sont chargées du reste: Tous les clichés possibles et imaginables à l’encontre de ces minorités ont été évoqués. Un dialogue grotesque et exagéré les a passés au crible pour qu’on les regarde à la lumière du jour, pour les mettre sur la scène : Les femmes kurdes feraient des enfants «à la chaîne», les lesbiennes seraient forcément issues de familles malades ou alors les femmes voilées ne porteraient sous leur voile que des vêtements griffés, hors de prix.
Le langage corporel était un merveilleux moyen pour transcrire tout ceci : la démarche lourde voir handicapée imitée par les actrices a pointé du doigt la cruauté cachée derrière tout cela.

Cette pièce est un formidable outil pour confronter la jeunesse à la problématique des préjugés vis-à-vis des personnes marginalisées.
Le seul bémol de l’histoire : La conclusion qui s’est imposée aux protagonistes sur la scène et qui serait pour résumer : «Eh bien si c’est comme ça, vous allez voir ce que vous allez voir !» Cette conclusion, malheureusement, ne vaut pas pour tout le monde.
La belle idée de mise en scène à la fin de la pièce, est le résultat d’un travail collectif : Dépeindre le portrait idéale de la femme turque moderne a permis d’embarquer toutes les femmes du public dans le même bateau : dans celui où il s’agit de ramer gentiment, d’avoir du succès, d’être positif, d’avoir une attitude pro-familiale mais où il s’agit de pas être différent, surtout pas ! – Sinon, gare à toi!

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker


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