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Moondog – Bird’s Lament

Publié le 15 juin 2010 par Guilman

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Que les choses soient claires, j’adore l’écurie Ninja Tune. Peut-être un peu moins maintenant mais c’est quand même grâce au label de Matt Black et Jonathan Moore que j’ai découvert le hip hop alternatif et que j’ai initié mes oreilles à la musique électronique. Parmi la flopée d’albums qu’a édité le label au ninja, quelques-uns sont sortis du lot pour se placer parmi mes albums de référence. Je pense notamment à Hed Phone Sex de Funki Porcini, aux discographies de Kid Koala, d’Amon Tobin et d’Herbaliser, à USSR Reconstruction de Vadim, au Let Us Play de Coldcut et bien sûr à Keep It Unreal de Mr Scruff, machine à tubes comprenant Blackpool Roll, Jus Jus (un titre Hip Hop décalé et détaché avec Roots Manuva au lazy flow), Shanty Town, et le « hit » Get A Move On qui a contribué à la notoriété au-delà des frontières britanniques de Mr Scruff et du Ninja crew au grand complet.

Ceux qui connaissent Get A Move On savent certainement pourquoi je parle de Mr Scruff (et par la même de Ninja Tune) alors que ma chronique d’aujourd’hui porte sur le titre Bird’s Lament de Moondog. Pour les autres écoutez les deux morceaux et vous comprendrez dès les premières notes. Andy Carthy (alias Mr Scruff) a en effet samplé Bird’s Lament (titre rendant hommage au jazzman Charlie Parker que l’on surnommait « Bird ») pour en faire le tube dancefloor que l’on connaît, prouvant encore une fois qu’il « suffit de » (c’est facile à dire) claquer un gros beat sur une composition de Moondog (ça fonctionne aussi avec Philip Glass, Terry Riley et Steve Reich) pour en faire un titre « ogoudujour ». Plusieurs musiciens actuels se sont également penchés sur des remixes de Moondog comme The Avalanches, Jesse Rosse ou The Wiseguys.

Assez parlé de Scruff et des autres, place à la matrice. Moondog (de son vrai nom Louis Thomas Hardin) ressemblait plus (il est mort en 1999 à l’age de 83 ans) à un chamane blanc barbu qu’à un producteur de musiques contemporaines. Artiste extrêmement prolifique (17 albums, 300 oeuvres vocales et instrumentales ainsi que 80 « symphonies »), il a laissé une trace (et pas une trace de merde) indélébile sur la route du jazz et de la musique dite « répétitive » dont il niait pourtant toute affiliation, malgré sa grande amitié avec les pionniers du genre, Steve Reich et Philip Glass. Louis Thomas Hardin était un très grand compositeur, très soucieux de la qualité de son travail et de son rendu. Celui que l’on surnommait Le Viking de la 6ème avenue (il était toujours vêtu d’une tenue complète de roi viking, casque à cornes compris, et habitait New York) combinait les rythmes du jazz avec des procédés musicaux très complexes comme le canon et le contrepoint renversable à deux, trois, quatre ou cinq voix, et employait des mesures 7/8, 5/4 et autres rythmiques impairs qui auraient pu donner mal au crâne à n’importe quel autre compositeur.

Je n’ai ni les connaissances ni le temps pour vous présenter la vie et l’oeuvre (il faudrait sûrement rédiger une thèse) de Moondog mais je vous invite à vous renseigner (si ce n’est pas déjà fait) sur ce musicien atypique et marginal considéré à son époque comme un fou, mais que certains musiciens actuels revisitent et nomment comme référence, à l’image de Mr Scruff et de son Get A Move On, qui a permis à Moondog de connaître une certaine célébrité posthume.

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