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Défilé françafricain sur les Champs Elysées

Publié le 20 juillet 2010 par Thedailyplanet

Jamais auparavant, un président de la République n'avait fait autant honneur à la France. Après avoir sauvé tel un preux chevalier sur son cheval blanc son ministre de la noyade de l'opinion publique, le chef de l'Etat le plus populaire de la Vème République s'est fait acclamé par une foule en délire sous les doux clapotis de la pluie. Pour fêter l'avènement de son règne, Nicolas Sarkozy avait convié en ce 14 Juillet 2010 les 13 pays africains francophones à défiler sous ses yeux pour fêter le 50ème anniversaire de leur indépendance:  Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.

Pincez-moi donc si je rêve ! Mais quelle claque pour la démocratie, pour la promotion des droits de l'homme dans le monde. Je savais déjà que pour Nicolas Sarkozy, l'homme africain n'avait pas d'Histoire, mais de là à oublier complétement ce que nous avons fait et continuons à faire subir aux gens qui vivent dans ces pays.... Ne serait-ce pour le principe ! Est-ce que l'Italie a déjà invité à son défilé national tous les pays européens conquis par l'Empire de Rome à venir défiler avec les troupes italiennes ? Est-ce que l'Allemagne a déjà invité à son défilé national tous les pays annexés par la Wermacht lors de la Seconde Guerre Mondiale ? Dans aucune démocratie au monde cela ne s'est fait, c'est du jamais vu. Et oui, c'est notre faute si nous n'avons pas pris au sérieux notre président car rappelez-vous, il nous avait prévenu: "ensemble, tout devient possible", même affirmer que tous les pays invités lors du défilé sont des modèles de démocratie.

Mais, où est-ce qu'on est ? La France, c'est la nation des droits de l'homme, c'est la nation d'un peuple qui a toujours lutté pour sa liberté, pour des valeurs universelles. La véritable France, ce n'est pas soutenir les pires régimes dictatoriaux, ce n'est pas non plus faire des montages financiers pour que des micro-partis puissent donner plus d'argent venant de particuliers à un parti beaucoup plus important. La France, ce n'est pas apporter en échange de contrats commerciaux juteux un soutien financier et militaire à des tyrans despotiques affamant leur population, ce n'est pas non plus légitimer le traffic d'armes et la dilapidation des ressources minières de tout un continent.

Mis à part le Bénin du président Thomas Yayi Boni qui fait figure d'exemple en Afrique et peut-être le Mali du président Amadou Toumani Touré (du moins pour son mandat actuel), quasimment tous les autres pays invités par la France pour le défilé national ont des gouvernements issus de coups d'états militaires.

BURKINA FASO (président Blaise Compoaré):

Suite à la Révolution militaire de 1983, Thomas Sankara est porté au pouvoir. En 1987, Blaise Compoaré son frère d'armes commandite son assassinat et prend de facto la direction du pays. Trafiquant d'armes et de diamants en Angola au profit de l'UNITA, fauteur de guerre au Libéria, au Sierra-Leone, et en Côte d'Ivoire, il réussit grâce à ses soutiens occidentaux (notamment français) à devenir membre du Conseil de Sécurité de l'ONU. S'amusant à réécrire la Constitution de son pays comme bon lui semble, il arrive à coups de milliards à museler l'opposition et les médias.

CAMEROUN (président Paul Biya):

En 1982, Paul Biya pris la succession directe de l'ancien général putschiste Ahmadou Ahidjo démissionnaire (qui arriva au pouvoir grâce au soutien de l'armée française à la faveur d'une guerre civile faisant des dizaines de milliers de morts). En 1984, Paul Biya fait exiler son mentor du Cameroun et le condamne à mort par contumace pour tentative de coup d'Etat contre sa personne. En 1987, il réprime dans le sang la révolte des étudiants à Yaoundé. Voyant son pouvoir vacciller à cause des troubles socio-économiques que connait le pays, il instaure en 1990 une loi visant à contrôler la création de nouveaux partis (en clair, ne seront autorisés à gouverner que les partis dont les membres sont proches du pouvoir en place).

CENTRAFRIQUE (président François Bozizé Yangouvonda):

A la suite de la première élection multipartite et démocratique du pays qui a eu lieue en 1993 qui a vu la victoire d'Ange-Félix Patassé, la première tentative de coup d'Etat organisée par le général Francois Bozizé échoue provoquant de violents affrontements à Bangui en 2001. 2003 fut la bonne année pour le général qui renversa son président grâce au soutien de l'armée tchadienne (elle même soutenue logistiquement par l'armée française). Face à une oppostion quasi-inexistante, grâce au traffic de diamants, d'armes, et grâce à des centres de formations de mercenaires sur le sol de son pays, Bozizé s'accroche désespérement à sa fonction.

CONGO (président Denis Sassou-Nguesso):

1997: fin de la guerre civile au Gabon et prise du pouvoir par Sassou-NGuesso qui abroge la constitution. Le chef de guerre porté au pouvoir par des miliciens angolais, rwandais, et français décide alors de procéder à un "nettoyage" faisant de nombreuses victimes dans la population congolaise. Absence d'opposition, corruption généralisée, et presse muselée complètent ce tableau peu réluisant de ce chef d'Etat encore et toujours au pouvoir.

GABON (président Ali Bongo):

Fils du trop célèbre Omar Bongo, élu à la suite de la mort de son père (dans des élections déja entachées de très graves irrégularités), il semble suivre les nobles pas de ce grand démocrate. Soutenu politiquement et économiquement par la France, la dynastie Bongo créee par la France sous De Gaulle n'est pas prête de s'éteindre. La dilapidation des ressources minières (manganèse, uranium), forestières, et pétrolières (avec la bénédiction du groupe industriel français Elf) au détriment de la population  est malheureusement toujours d'actualité avec le nouveau pouvoir.

MADAGASCAR (président Andry Rajoelina):

Rajoelina, ancien maire de la capitale malgache, est arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'état militaire en 2009 suite à la révolte de la population contre le précédent pouvoir qui était largement corrompu. 2010 et rien n'a pratiquemment changé, Rajoelina refusant toujours pour le moment d'organiser des élections libres et démocratiques pour légitimer son pouvoir, malgré les menaces de coups d'Etat proférées par son prédécesseur déchu. Dès lors, et suite à des révélations démontrant le rôle que jouerait la France en coulisse pour maintenir le président par interim, on peut se poser des questions légitimes sur la valeur démocratique d'un tel coup d'Etat.

MAURITANIE (président Mohammed Mould Abdel Aziz):

2007 aurait du être l'année de l'espoir pour la Mauritanie avec l'organisation d'élections démocratiques sans fraudes. Mais en 2008, le général Mohammed Mould Abdel Aziz vexé d'avoit été limogé par sa hiérarchie, prend le pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat militaire. Il enferme dans un lieu secret l'ancien président, son premier ministre, et son ministre de l'intérieur. Depuis, la terreur règne en Mauritanie, et très peu d'informations circulent en dehors du pays.

NIGER (président Salou Djibo):

Corruption, massacre de la population touarègue, business peu reluisant entre le Niger et Areva pour des mines d'uranium: welcome to Niger ! Déja connu pour ses violations des droits de l'homme et de la liberté de la presse, c'est un pays où l'on ne reste pas vraiment longtemps au pouvoir. L'armée fait et défait régulièrement les gouvernements suivant son bon plaisir . Février 2010 est le dernier coup d'Etat en date organisé par l'armée avec à sa tête le chef d'escadron Salou Djibo (qui a promis comme tous les autres précédemment l'instauration de la démocratie....).

SENEGAL (président Abdoulaye Wade):

Opposant de longue date de l'ancien président Abdou Diouf, Abdoulaye Wade est élu démocratiquement à la tête du Sénégal en 2000. Pourtant, au fil des années, le pouvoir du président Wade devient de plus en plus autocratique: vente ou location de terres aux des consortiums des émirats et à la Chine, musellement de l'opposition et des médias, accords douteux de coopération militaire avec la France, succession programmée de son fils à la tête de l'Etat. Plutôt inquiétant pour un pays qui se dit être un modèle de démocratie pour l'Afrique toute entière....

TCHAD (président Idriss Déby Itno):

http://thedailyplanet.blogspace.fr/862947/Itineraire-d-un-assassin-invetere/

TOGO (président Faure Gnassingbé):

Dans les mêmes circonstances qu'au Gabon, Faure Gnassingbé a succédé à son propre père Ganssingbé Eyadema à la tête de la présidence grâce au soutien de l'armée et au bourrages d'urnes électorales. Arrestations arbitraires, interdiction de manifester, passage à tabac de membres de l'opposition, et tout celà avec la bénédiction de la France.

Neo Anderson, The Daily Planet


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