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Case Oromo vers Yabello

Publié le 09 mai 2007 par Argoul

We are on a true road, today again. We have to go until the village of Yabello. Borana houses are shelters of cob and straw. Only the door let the light to come. People are friendly and allot their house with the cattle, for warmness during the winter nights and to protect them against the beasts. Along the road, we can see ant-hills, very strange to us. Soil is becoming redder and the driver says we enter in a Muslim county. How to recognise it? People are poorer, women veiled and children in rag, some camels are conveying goods. The Yabello Motel is providing decent rooms but bad dinner.

Nous partons sur la route, toujours goudronnée, vers le sud. Sur 33 856 km de route, seulement 4 367 km sont asphaltées, selon les Américains. Le paysage change à mesure ; de très vert autour d’Addis, il devient plus sec, la terre passe de l’ocre jaune au rouge en fin d’après-midi.

Tout un assemblage de poteries est convoyé sur une charrette tirée par un âne. Plus pauvre, le pays est moins mécanisé. Les maisons Oromo sont des cases africaines de pisé, monté sur des clayettes de bois entrecroisés. Nous en visitons une. Aucune autre ouverture n’existe que la porte. L’intérieur est donc éminemment sombre, fait seulement pour cuisiner par temps de pluie et dormir.

Le foyer est directement à terre, aucun meuble ; certaines cases ont un coffre, pas ici. Le bétail occupe la moitié de l’espace, séparé des hommes par une cloison de rotin sous le même toit.

Les gens veulent se faire prendre en photo, ils aiment se voir sur les écrans numériques. Nous leur donnons un petit quelque chose, par sympathie.

La maison est entourée de vrais bananiers mais on nous montre les « faux ». Ils ressemblent aux vrais mais sans fruits, avec les feuilles plus allongées et le tronc plus large. Les feuilles servent d’assiettes ou d’enveloppe ; la pulpe est broyée et séchée pour faire une farine fort nourrissante. Alentour, poussent aussi manguiers, avocatiers et piment.

Nous prenons un déjeuner pique-nique dans un lodge. Ceux qui aiment peuvent aussi manger la crêpe de teff avec ses dix sauces, dont une d’œufs brouillés. La bière est très chère en cet endroit, 7 birs, le double du prix habituel. Le touriste est fait pour être trait. Durant le déjeuner tombe une pluie violente qui, comme hier, ne dure pas. Hibiscus, daturas, poinsettias fleurissent le jardin du lodge. Ces fleurs de rêve pour nous poussent ici avec un grand naturel, prouvant la profusion de la nature.

Nous effectuons quelques arrêts en bord de route pour photographier des cases, des gens, des termitières. Ces dernières s’élèvent comme des doigts de ciment droit vers le ciel, en rouge sur fond bleu. Tout cela est nouveau pour nous et ceux qui nous regardent se demandent pourquoi nous nous y intéressons. Cela constitue leur ordinaire, ils ne le voient même plus. L’après-midi délivre une belle lumière sur fond de nuages qui s’éloignent.

Nous sommes entrés dans une nouvelle région, à majorité musulmane cette fois. Les femmes portent des vêtements plus bariolés, mais elles sont voilées. Y a-t-il une relation de cause à effet ? Les hommes aussi portent foulard, contre le soleil et la poussière, ainsi que la raison le veut, mais surtout comme marque distinctive du Musulman. Les enfants, en revanches, sont plus mal habillés et plus dépenaillés. La région est incontestablement plus pauvre. Des chameaux, incongrus ici, passent le port haut, méprisants.

Une pause pour le café (boisson nationale de l’Ethiopie, il ne faut pas l’oublier !) est offerte par les chauffeurs dans un bar extérieur d’hôtel. Le jardin où nous dégustons le breuvage longe un terrain vague, boueux, qui semble destiné au foot pour la jeunesse pléthorique du coin. A cette heure du jour, les 10 à 20 ans s’assemblent et palabrent comme des vieux plutôt que de s’activer, préférant aligner leurs vélos rutilants (et chinois) plutôt que faire preuve d’initiative autour d’un ballon. Hormis le premier matin, le café bu en Ethiopie a toujours été bon, infusé assez fort et parfumé chaque fois différemment.

Nous arrivons en fin d’après-midi au village de Yabello, en ethnie Borana. Sur le parking, à l’arrivée, je rencontre un Blanc barbu aux yeux bleus qui sort d’un gros 4×4 Toyota. Il parle peu français mais bien anglais. Je lui demande ce qu’il fait : il travaille ici. Dans quoi ? « - Dans la religion ». - Catholique ? « - Non, protestante, évidemment. » Cet « évidemment » est révélateur du retard et de l’arrogance de l’église catholique qui se soucie peu d’évangéliser, de soutenir ses coreligionnaires chrétiens coptes, se contentant des missions établies. Seuls les Protestants sont prosélytes ; seuls les Protestants croient encore en leur message et leurs valeurs ; seuls les Protestants osent contrer l’Islam dans son expansion parmi les pauvres.

Safari nous déclare que nous trouverons ici « le meilleur hôtel de notre séjour ». Le « Yabello Motel » au nom peu original est plus calme qu’hier, bien que situé sur la route d’entrée du village et près d’une station service, mais les chambres sont nettement plus rustiques, toutes au rez-de-chaussée. Ce qui m’intéresse surtout est de trouver une prise de courant pour recharger les batteries de l’appareil numérique et de graver sur CD les photos du jour dans un dossier ad hoc. Les prises sont en Ethiopie au même format qu’en France, pas besoin d’adaptateur.

Les étrangers sont tous appelés ici « frankaji ». Ce mot vient sans doute de l’arabe et signifierait plutôt « Franc » ou « croisé » que « français » à proprement parler, mais mes compatriotes ont le jabot qui se gonfle immédiatement et il serait malvenu d’émettre un quelconque doute scientifique dans l’immédiat.

Le dîner est sommaire et mauvais : si la soupe de légumes, simple, est plutôt bonne, les nouilles sont savonneuses, la sauce « bolognaise » est composée de vieille chèvre hachée et de tomate de conserve. Certains ont pris des grillades « de chèvre », servies panées comme des escalopes milanaises. Archicuites, elles n’avaient aucun goût. La seule bière est la moins goûteuse et la moins forte : la « Harar ». Un père occidental et son fils (de plus de 20 ans) voyagent seuls avec leur guide local ; ils dînent à une table voisine. Quatre petits chats font la sarabande sous la nôtre. Deux sont tigrés roux, les plus délurés, et deux noir ébène, plus réservés. Ils sautent sur une table servant de desserte et vont lécher les plats où reste de la sauce chèvre.

Nous nous couchons vers 21 h. Demain, le lever est fixé à 7 h, nous avons de la route encore à faire. Beaucoup d’insectes vrombissent dans l’atmosphère, attirés par les ampoules.


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