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L’opéra Pygmalion vu par Trisha Brown et William Christie

Publié le 21 juillet 2010 par Regardscurieux

La chorégraphe Trisha Brown et le chef d’orchestre William Christie s’aventurent dans une nouvelle lecture de deux oeuvres de Jean-Philippe Rameau (1683-1764): l’opéra-ballet Pygmalion (1748), en tête d’affiche au Festival d’Aix, mais également la tragédie lyrique “Hippolyte et Aricie” (1733) présentée sous forme de fragments choisis. Et le résultat est inégal.

En pr

Trisha Brown Dance Company
emière partie les beaux extraits d’Hippolyte et Aricie illustrent l’incroyable variété de tons et de styles que maniait Remeau, entre la légèreté d’un intermède marin et les abîmes tragiques de la mort d’Hippolyte qui consument Phèdre . Dans la lecture de Trisha Brown, Phèdre et Aricie sont les seules parmi les personnages principaux de Rameau qui soient représentées. Je reste marquée par l’étonnante mezzo suédoise Karolina Blixt qui déploie dans le rôle d’une Phèdre amère et tourmentée, une voix puissante et dramatique.

La chorégraphie fluide reflète un esprit joueur (les deux photos s’y rapportent). Le mariage entre la musique ornementale baroque et la danse contemporaine épurée fonctionne.

Trisha Brown Dance Company  L´Amour au  théâtre. Photo by Julietta   Cervantes, ©2009
Les mouvements captent la résonance émotionnelle de la musique.  J’en viens même à penser que les œuvres anciennes déploient une nouvelle vie  lorsque leur complexité musicale est portée par la légèreté des mouvements simples.

Trisha Brown applique la même recette à “Pygmalion” en deuxième partie, mais la formule ne prend pas aussi bien. Malgré sa bonne presse historique, l’opéra parait musicalement plus terne après “Hippolyte et Aricie”.

L’oeuvre dessine une trajectoire simple et courte, de l’amour désespère du sculpteur pour son oeuvre on arrive rapidement au miracle de Venus qui donne vie à sa sculpture. Le reste n’est qu’une longue incantation à l’Amour, portée pur l’essentiel par l’admirable ténor Ed Lyon.Cette célébration est le moment critique de  la représentation: sans le support de la narration, la mise en scène est confrontée à la limite de l’épure. Quelques voltigeurs planent, les danseurs esquissent des jeux de groupe, même la chanteuse - sculpture est mise à contribution avec quelque difficulté, mais l’ensemble, éclairage et décors compris, semble soudainement manquer de relief. Et malgré l’entremêlée abondante de corps gris, je ressens une vague nostalgie des fastes d‘antan.

Je repars du Festival d’Aix avec la drôle d’impression que la nouvelle direction privilégie actuellement l’idée d’un grand spectacle par édition ( Don Giovanni cette année, la Traviata l’année prochaine) entouré de quelques spectacles originaux mais d’attrait confidentiel ou discutable et ceci au détriment du foisonnement joyeux et des projets d’envergure.

Les extraits de la première partie seront présentés dès septembre 2010 sous le nom de «L’amour au théâtre» dans le programme qui tournera à Lyon, Biarritz et Arcachon.

Vu le 19 Juillet 2010 au Grand Théâtre de Provence

Direction musicale William Christie

Mise en scène, chorégraphie et scénographie Trisha Brown 
Costumes Elizabeth Cannon
Lumières Jennifer Tipton
 
HIPPOLYTE ET ARICIE (fragments)
Aricie Sophie Karthäuser
Phèdre Karolina Blixt
L’Amour, Une matelote, Une chasseresse, Une Prêtresse Emmanuelle de Negri
Un suivant de l’Amour Ed Lyon
PYGMALION
Pygmalion Ed Lyon
L’Amour Sophie Karthäuser
La Statue Emmanuelle de Negri
Céphise Karolina Blixt
 
Nouvelle production du Festival d’Aix-en-Provence, en co-production avec le Holland Festival, Amsterdam et Athens Festival
En collaboration avec les Arts Florissants et Trisha Brown Dance Company

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