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Plan social au gouvernement ?

Publié le 22 juillet 2010 par Juan
Plan social au gouvernement ?
Il paraît que la révolte gronde dans les cabinets ministériels, depuis que Nicolas Sarkozy a exigé, lettre à l'appui, de réduire leur taille à 20 conseillers maximum par ministre au nom de l'exemplarité du gouvernement dans la poursuite de la rigueur. L'inquiétude est renforcée par la seconde annonce présidentielle, celle d'un remaniement en profondeur du gouvernement en octobre. C'est un peu comme si un plan social frappait le coeur de la Sarkofrance. Les citations, anonymes, de certains conseillers ainsi menacés sont édifiantes :
«L'ambiance n'est pas à la fête»
«Il y a des gens qui n'ont pas démérité et qui ont aujourd'hui l'impression d'être des fardeaux»
«On ne peut pas fonctionner comme ça»
«L'ambiance est merdique»
«Comment demander à des gens d'être mobilisés quand ils ne sont pas sûrs d'être encore là dans quatre mois?»
On croirait entendre des salariés licenciés de Gandrange.
Plan social à l'Elysée et au gouvernement ? Pas vraiment.
Nathalie Kosciusko-Morizet et Hervé Novelli devront fournir le plus d'efforts. Le second a au moins l'avantage de traiter de vrais sujets de terrain, le commerce, le tourisme, l'artisanat. La première a des attributions plus fluctuantes. Secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, elle a 11 conseillers (contre 4 promis par Sarkozy). Son cumul de fonctions et de mandats - mairie de Longjumeau, secrétaire adjointe de l'UMP, secrétaire d'Etat - exigent sans doute des soutiens en nombre, aux frais du contribuable... Globalement, aucun secrétaire d'Etat ne respecte la règle des 4 conseillers maximum édictée à l'Elysée. Et François Fillon, premier ministre, dispose de ... 57 conseillers.
En fait, la rigueur a bon dos. L'inflation des effectifs et rémunérations des cabinets du gouvernement est une vieille histoire en Sarkofrance. Elle a débuté dès l'entrée en fonction du premier gouvernement Fillon. La première année du mandat sarkozyen était en effet déjà exemplaire: «Entre septembre 2007 et juillet 2008, selon l'annexe au projet de loi de finances pour 2009, les affectations dans les cabinets ministériels ont crû de 397 personnes et le montant des primes distribuées a progressé de près de 5 millions d'euros» rapportait le Monde voici deux ans.
On se rappelle aussi cette déclaration du député Vert François de Rugy, à l'Assemblée Nationale, le 21 octobre 2008, en pleine tourmente financière et crise économique, lors de l'examen du budget 2009 du gouvernement :
«quels sont les agents de l’État qui, en 2009, se verront octroyer une augmentation de salaire moyenne de 15 300 euros ? Quels sont les heureux gagnants de ce jackpot, qui représente, pour chacun de ses bénéficiaires, l’équivalent de la progression de rémunération annuelle de 300 salariés payés au SMIC ?
Je ne vous ferai pas davantage attendre la réponse : ce sont – on l’apprend à la lecture du budget – les quatre-vingt-dix-huit collaborateurs les plus proches du Président de la République
En décembre dernier, on apprenait que les effectifs des cabinets ministériels avaient cru de 17% pour les conseillers, et 10% pour les autres fonctions entre 2008 et 2009. Déjà quelques départs s'annoncent, sans qu'on soit sûr, s'agissant de fonctionnaires, si leur départ représente une quelconque économie pour le budget de l'Etat : Bruno Le Maire (agriculture) vient de se séparer de sa conseillère technique chargée des filières animales et du cheval (sic !);  Luc Chatel a lâché l'une de ses conseillères techniques en tant que porte-parole; Fillon a abandonné son conseiller pour le développement durable («appelé à d'autres fonctions»).
Sarkozy vient d'ailleurs de procéder à une nouvelle embauche, toute symbolique pour montrer combien il tient à la sécurité du pays : Joël Bouchité,  vient d'être nommé conseiller pour la sécurité intérieure de l'Élysée, ancien patron des renseignements généraux et, depuis le 1er juillet 2008, adjoint de Bernard Squarcini à la DCRI.
D'ici octobre, la chasse au poste est donc ouverte : des dizaines de conseillers, et certains de leurs ministres ou secrétaires d'Etat sont à l'affut d'une voie de sortie. La Sarkofrance fournit déjà un bel historique de pantouflage, avec François Pérol (Banques Populaires), Pierre Mariani (Dexia), Emmanuelle Mignon (Europacorp), ou Bernard Delpit (La Poste). André Santini, ancien secrétaire d'Etat à la fonction publique jusqu'en juin 2009, vient même de retrouver un joli strapontin, à quelques mois de son soixante-dixième anniversaire : la présidence du conseil de surveillance de l’établissement public la «Société du Grand Paris». On lui a même concocté une dérogation sur-mesure pour éviter la limite d'âge, une dérogation que Patrick Devedjian aurait bien aimé avoir pour conserver la présidence de l'EPAD en décembre dernier.
Lire aussi :
  • Rémunérations ministérielles : inéquité à tous les étages ? (Sarkofrance, octobre 2008)
  • Promesse non tenue : les drôles d'effectifs des cabinets ministériels. (Sarkofrance, novembre 2007)
  • Les conseillers des cabinets ministériels, un job «précaire» ou «privilégié»? (20 minutes, juin 2010)

Crédit illustration: FlickR CC

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