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Les trois chaînes de la télé ultralocale

Publié le 09 mai 2007 par Argoul

Who said there was not any TV in the bush? In the morning, we have three channels at the same time. The ford is the place to see them. On the first channel, the actors are the Black drivers of the truck locked up in the sand and the Black villagers in loincloth. On the second channel, a shepherd wants his goats and kids herd to cross the river but they do not want because of so much water in and too many people around! The third channel is an Amer women procession coming from one village to the other for sending grains and fruits. Time is passing and the ford is now hard enough for our vehicules.

Nous nous levons tôt le lendemain, dans le nacré de l’aube africaine. Le temps reste au beau, les nuages ayant déserté le ciel dès avant les danses d’hier soir. Nous prenons un nouveau petit-déjeuner de camping sous l’éthel avant de plier bagages. Le temps que sèchent les tentes, toutes humides de la nuit, nous allons à pied jusqu’au gué où, comme toujours en Afrique, a lieu le spectacle.

Cette fois ci encore, il ne manque pas. Il y a même trois chaînes à la télé ultralocale.

Le camion à remorque, ensablé jusqu’aux essieux dans le lit amaigri de l’oued constitue la première, la principale. Une dizaine de Noirs en shorts et tee-shirts s’affairent nonchalamment à défaire la remorque, à attacher un câble d’acier au treuil, à héler le bulldozer surgi au matin, destiné à tracter. Ils doivent être les chauffeurs réduits au chômage par l’obstacle. Les autres Noirs, en pagne et coiffures de plumes, doivent être les locaux d’ethnie Amer, assis comme au théâtre. Une heure se passe dans des palabres incessantes, chacun donnant son avis sur ce qu’il y a de mieux à faire, celui qui tient le volant ou le câble, et qui agit, ayant toujours le dernier mot. Les spectateurs sont dangereusement prêts du câble d’acier ; si celui-ci se rompt, les deux brins vont fouetter l’air en cisaillant tout alentour. Naïfs, ils ne réalisent même pas le danger qu’ils courent. Ouf, le câble se détache après tension, pas de bobo ; il faut recommencer. Soudain, l’un des Noirs a une idée, il la soumet au conducteur d’engin avec de grands gestes. Qu’à cela ne tienne, le bull effectue une gracieuse courbe de sa mâchoire de fer et vient se placer au cul de la remorque pour la soulever et aider le crochet à s’en détacher. Le camion tout seul sera moins lourd à tirer. Puis, passant sur l’avant du camion, il essaime en deux coups de pelle de la terre arrachée à la berge pour assécher la voie.


Ethiopie camion ensablé
Vidéo envoyée par argoul

Sur la seconde chaîne, un berger trente de faire traverser le lit boueux de la rivière à son troupeau de chèvres. Celui-ci renâcle devant la non-transparence des eaux qui ne permet pas de juger si l’on a patte ; il hésite devant le nombre d’engins et d’hommes accumulés autour du gué, ce qui est inhabituel. Le berger use du bâton pour ramener les égarées. Il réussit à coincer son troupeau bêlant contre un gros rocher avant de lancer quelques bêtes leaders dans l’eau en les traînant par les pattes avant. Quelques autres se lancent d’elles-mêmes. Voyant que ça passe, tout le troupeau suit, apaisé, les têtes tendues sur une seule ligne. L’ensemble se retrouve sagement en pack sur l’autre rive et s’en éloigne, tranquillement, sans plus de bêlements.


Ethiopie traversée des chevres
Vidéo envoyée par argoul

La troisième chaîne est une procession d’Amer, surtout des femmes et des jeunes garçons, qui viennent du village d’hier soir et se dirigent vers le marché de Turmi, des ballots de denrées à vendre sur la tête. Seins nus par-devant, queues de zébu par-derrière ballotant aux fesses, les Amers femmes se suivent et se ressemblent, royales, avançant d’un même pas chaloupé, accompagnées des petites filles au visage peint de boue et de quelques gamins dont la panthère gracile d’hier soir qui a conservé ses taches.


Ethiopie traversée des femme
Vidéo envoyée par argoul

J sonde le terrain : nous pouvons y aller. Les 4×4 s’engagent un par un, sans passager, sur le lit aménagé par le bull. La traversée se fait sans incident.


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