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Hommage à Nicolas Sarkozy...

Publié le 27 juillet 2010 par Edgar @edgarpoe

Oui c'est une blague. Mais pas complètement.

Notre bon président a en effet chargé Lionel Stoleru, en juin dernier,  d'une mission de réflexion sur les déséquilibres du commerce international.

Lionel Stoleru, rappelons-le, souligne depuis un moment les limites du libre-échangisme actuel (cf. mon commentaire sur un article qu'il signait en juin 2009).

Le mois dernier, l'ancien ministre récidivait dans un article publié par le Monde, où il écrivait ceci :

"L'Europe va-t-elle enfin reconnaître que ses problèmes viennent plus de la Chine que de la Grèce ? L'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a eu la sagesse d'accueillir la Chine en 2001, est-elle capable d'engager avec elle un dialogue constructif ? Le prochain G20 de Séoul voudra-t-il bien y consacrer plus que cette seule et unique ligne du précédent G20 de Pittsburgh refusant le protectionnisme ? Le temps passe, le chômage augmente en France, en Europe, en Occident, et ce n'est plus la faute des subprimes."

C'est donc à ce Lionel Stoleru que notre président a demandé d'éclairer la préparation de la position de la France au prochain G20.

Dans la lettre de mission de Lionel Stoleru je vois une ruse et une bêtise. Voilà le passage en question :

"Comme il est évident que des déséquilibres de grande ampleur ne peuvent se résoudre, ni par des changements de parités monétaires, ni par des normes sociales ou environnementales, ni a fortiori par un retour en arrière au protectionnisme, il y a place pour l'établissement en commun d'un diagnostic partagé sur l'évolution des échanges Orient-Occident, et pour la recherche de solutions ou de régulations définies d'un commun accord dans une conception de développement mondial équilibré à moyen terme."

Le lecteur pressé peut se dire que voilà M. Stoleru bien entravé : la première moitié de la phrase semble indiquer qu'il n'a pas le droit de réfléchir à des ajustements de parités (pour lesquels Stoleru plaidait en juin 2009) ni à des normes sociales. En réalité, en ajoutant "ni a fortiori par un retour au protectionnisme", l'Elysée a l'air de suggérer qu'il faudra bien imposer à nos interlocuteurs de choisir le moindre des deux maux, et ainsi d'accepter des normes sociales, ou environnementales, ou des ajustements de parités.

Voilà à mon sens pour la ruse.

La bêtise, elle, est dans la stratégie d'affrontement Orient-Occident clairement désignée par l'Elysée.

Il faut en effet rappeler que le yuan chinois n'est pas sous-évalué parce que le chinois est vil. Le yuan est dévalué parce qu'il est lié au dollar.

Pourquoi donc devrions-nous accepter d'être inclus dans le camp américain alors même qu'une bonne partie de nos problèmes économiques viennent de l'incurie de la gestion américaine, rendue possible par le privilège de la monnaie de réserve internationale ?

On peut donc atendre, pour le G20, quelques propositions intelligentes et originales de notre bon président, via Lionel Stoleru. Elles seront limitées au sens où elles ne remettront pas en question la gestion américaine de la crise. Mais ça pourrait être suffisant pour repositionner Sarko face à DSK dans le domaine économique, en occupant le terrain de la défense de l'emploi, que la gauche lui a laissé. Pardon, que la gauche a laissé aux espoirs d'une Europe sociale non définie...


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