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Dieu du foyer

Publié le 29 juillet 2010 par Fengshui
Dieu du foyer
Le Dieu du Foyer et sa femme ont leur image dans toutes les maisons ; ce n’est pas une statue, mais un simple dessin grossièrement colorié où le dieu est figuré ordinairement comme un vieillard à barbe blanche, en costume de mandarin, assis sur un fauteuil ; à côté de lui, sa femme, debout, donne à manger aux six animaux domestiques : cheval, boeuf, porc, mouton, chien,
poulet ; ou bien encore, elle est simplement assise auprès de lui, en costume de cérémonie, et les six animaux domestiques, quand on les représente, sont soit accroupis à ses pieds, soit disposés autour du groupe qu’elle forme avec son mari. Quelquefois, il ont à leurs côtés deux assistants, l’Adolescent Ramasseur de Bois et M. le Porteur d’Eau.
Ce dessin, impression coloriée aux tons criards, est collé dans la niche qui lui sert de temple au-dessus du fourneau de la cuisine, petite construction faite de quelques briques avec un toit en imitation de tuiles vernissées (le tout haut d’un pied à peine et large d’autant), et ouverte face au sud, parce que, le Dieu du Foyer étant le chef des dieux familiers, celui qui gouverne la maison doit être placé comme l’empereur dans sa salle d’audience et, en général, comme tout maître de maison dans sa salle de réception. Toute l’année on place devant ce petit sanctuaire une tasse de vin vide avec une paire de baguettes à manger ; le 1er et le 15 de chaque mois, vers six heures du matin, avant le premier déjeuner, le chef de famille brûle deux cierges rouges et quelques bâtonnets d’encens, mais sans présenter de riz ni de vin. L’offrande est d’ailleurs peu solennelle, car ce n’est après tout qu’un petit dieu : le père de famille se prosterne une fois, allume les cierges et les bâtonnets d’encens, le plus souvent sans faire aucune prière, puis il s’en va à ses affaires et ne revient que lorsqu’ils sont presque consumés ; il se prosterne alors de nouveau et attend à genoux qu’ils se soient éteints d’eux -mêmes ; il se relève alors, et, la cérémonie étant ainsi achevée, la famille prend le repas du matin. C’est seulement trois fois par an qu’on lui offre un repas : le jour anniversaire de sa naissance, qui est le 3 du huitième mois, puis le 24 du douzième mois et le 20 du premier mois, au départ et au retour de son voyage annuel au ciel, quand il va à la Cour de l’Auguste de Jade rendre compte de tout ce qui s’est passé au cours de l’année dans la maison dont il a la charge ; dans presque toutes les familles, c’est le 24 du douzième mois qui est la fête la plus importante, car c’est le jour de son dépar t, et on tient à lui donner un souvenir agréable, afin qu’il fasse un rapport favorable.
Le Dieu du Foyer et sa femme tiennent chacun un registre où ils inscrivent toutes les actions de la famille, lui s’occupant des hommes et elle des femmes : tout ce qui se fait de bien et ce qui se fait de mal doit y être noté impartialement. Chaque mois, le dernier jour, il prend ses registres et va rendre compte au Dieu des Murs et des Fossés ; chaque année, au moment du Jour de l’An, il va rendre compte à l’Auguste de Jade ou, comme on dit vulgairement, à Monsieur le Ciel (Laotianye), souverain des dieux, tandis que sa femme en fait autant auprès de la Sainte Dame Auguste de Jade, Yuhuàng shengmu. Il est en effet un fonctionnaire de la Cour Céleste qui lui donne le titre d’Inten dant Familial, et, comme tout fonctionnaire, il doit aller rendre hommage au souverain chaque année ; l’Auguste de Jade prend connaissance de son rapport et, suivant qu’il constate la prédominance du bien ou du mal, il augmente ou diminue la part de bonheur de la famille pour l’année suivante.
La croyance du Dieu du Foyer au ciel est ancienne : un auteur taoïste des confins du IIIe et du IVe siècle de notre ère, Ge Hong (né vers 250 et mort entre 328 et 331, à l’âge de quatre -vingt-un ans), cite des ouvrages plus anciens où il en est parlé, en ajoutant du reste que, « pour lui, il n’a pas été capable de vérifier si le fait est vrai ou faux » ; la seule différence avec les idées modernes est que, comme au temps où ces ouvrages furent composés, le culte des dieux des Murs et des Fossés ne s’était pas encore constitué, il n’y avait aucun intermédiaire entre le Dieu du Foyer et le Ciel, en sorte que c’est chaque mois qu’il montait au ciel, et non plus seulement à la fin de l’année comme aujourd’hui : « Dans la nuit du dernier jour de chaque mois, le Dieu du Foyer monte au ciel présenter son rapport sur les fautes des hommes. » Le soir de son départ annuel, le 24 du douzième mois, on offre au dieu un dîner complet de six plats ; de plus, il y a un gâteau spécial, boulette de farine de riz sans sucre remplie à l’intérieur de confiture de haricots rouges. Après son dîner, tout est préparé pour son voyage. On place devant sa niche un petit palanquin en papier, porté par deux statuettes d’homme également en papier ; le père de famille se prosterne, puis il décolle l’image du dieu et la dépose dans le palanquin ; après quoi il place le palanquin sur un plateau, qu’il emporte de la cuisine jusqu’au -dehors de la grande porte de la maison ; celle-ci est grande ouverte, et c’est par elle qu’il doit sortir pour faire honneur au dieu. Pendant tout le temps qu’il porte le dieu, il doit s’arranger pour qu’il ait toujours la tête tournée vers le sud, ce qui est souvent bien difficile et l’oblige, par moments, à marcher à reculons. Dès que le père de famille est sorti de la maison, on jette à terre devant lui quelques poignées de paille : il y place le palanquin toujours tourné vers le sud, ainsi que du papier argenté simulant des lingots d’argent, destiné à payer les d épenses du voyage au ciel. Puis il dit :
« Dieu du Foyer, en montant au ciel, gardez pour vous nos fautes ! Si en vous servant nous avons été irrespectueux, soyez indulgent un peu ! »
Et il brûle le palanquin pendant que les enfants tirent des pétards, et ensuite il rentre à la maison. Le fourneau de la cuisine est alors éteint et doit le rester pendant l’absence du Dieu du Foyer, qui dure un mois ; pendant ce temps, on fait la cuisine sur de petits fourneaux portatifs, qu’on déplace chaque jour et qu’on é teint chaque soir. Le Dieu du Foyer ne revient qu’un mois plus tard, le 20 du premier mois. Ce jour-là, on achète une nouvelle image, et on prépare un repas pareil à celui du départ, car il rentre le soir juste pour le dîner ; on l’accueille avec des péta rds, on place l’image neuve dans la chapelle, puis on allume les cierges et on présente les offrandes ; la famille les mange le lendemain.
Pendant l’absence du Dieu du Foyer, personne ne tient sa place, car sa femme monte avec lui et va rendre hommage à la femme de l’Auguste de Jade ; il n’y a personne pour inscrire les fautes commises pendant ce temps, ce qui est fort heureux, car, au moment des fêtes du Jour de l’An, bien des gens jouent et boivent plus que de raison ; mais, grâce à l’absence du dieu, les péchés commis à ce temps de l’année ne sont pas inscrits à leur compte.

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