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Un don de Toni Morrison, Prix Nobel 1993

Par Mango
Un don de Toni Morrison, Prix Nobel 1993Nous sommes en 1690, en Amérique, dans la ferme de Jacob Van Aark, bâtie magnifiquement avec un superbe portail en fer forgé en plein milieu d’une nature sauvage, libre,  enjôleuse et maléfique à la fois. Tout y semble encore promis et possible mais tout y est danger mortel aussi. Une petite communauté de gens des plus disparates, venus de toutes parts et pour des raisons très variées,  s’est formée là, plus ou moins soudée,  maîtres et esclaves avant même que l’esclavage ne soit reconnu. Autour de Jacob et de Rebekka, le couple venu d’Europe, se regroupent Lina, l’Indienne, Florens, que la mère venue d’Afrique a cédée à  un colon à la place de son frère et qui devient l’esclave de son amour pour un  forgeron, Sorrow, étrange et généreuse, rescapée d’un naufrage,  qui enfante si facilement et Willy et Scully qui travaillent pour acheter leur liberté.La vie de chacun est très dure et leur passé l’est encore plus mais la nature  les domine tous,    tour à tour ravissante et effrayante.. Les croyances sont fortes et  multiples,  superstitieuses pour la plupart. On croit aux sorcières,  aux mauvais esprits, on tue, on se jette des sorts, on se persécute. Les passions sont violentes. C’est un très beau récit dans une langue poétique, biblique, symphonique. Il le fallait pour décrire les vastes paysages, la nature encore vierge de cette époque et la solitude qui enferme hommes et femmes dans leurs peurs et leurs certitudes. Dernier roman de Toni Morrison, Prix Nobel de littérature en 1993, ce livre évoque avec force et  sans aucun sentimentalisme la dureté de la vie des premiers pionniers. Les actes des   personnages sont racontés à la troisième personne sauf lorsqu’il s’agit de Florens, la seule à évoquer elle-même  ses sentiments et son obsession d’être à nouveau abandonnée. La fin du récit nous délivre une information essentielle, expliquant par là-même le titre du livre. C’est une nouvelle voix qui s’élève. Ce livre est une vraie réussite.Tu vois,? Tu as raison. A minha  mâe aussi. Je suis devenue la sauvagerie incarnée mais je suis aussi Florens. Pleinement. Impardonnable. Qui ne pardonne pas. Pas de pitié,mon amour. Aucune.Tu m'entends? Esclave. Libre. Je dure. Je garderai une seule tristesse. Que tout ce temps je ne puisse pas savoir ce que me dit ma mère. Elle ne peut pas non plus savoir ce que je veux lui dire. Maë, tu peux être contente maintenant, parce que la plante de mes pieds est aussi dure que du bois de cyprès.Un don de Toni Morrison, Prix Nobel 1992Christian Bourgois , 2009Traduit de l’américain par Anne Wicke. Titre original : A Mercy

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