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Pénibilité au travail selon François Fillon : cela ne doit pas sentir la rose !

Publié le 31 juillet 2010 par Kamizole

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François Fillon est assurément fin connaisseur en matière de travail pénible ! C’est bien simple : il n’a jamais vraiment travaillé de sa vie si l’on excepte deux stages d’été à l’AFP comme journaliste (cf. son pedigree sur Wikipedia). Jamais de sa vie il n’a été confronté au monde de l’entreprise et toutes les difficultés que peuvent y rencontrer les salariés. Edifiant !

Tout comme son appréciation de la pénibilité au travail lors de la visite d’une usine de savons en Ardèche et le compte-rendu qu’il en fit par la suite à ses amis de l’UMP. J’ai sous les yeux l’entrefilet du Canard Enchaïné (21 juillet 2010) qui fait référence à un article du Parisien dans la rubrique «Couloirs» (16 juillet 2010) Fillon et la lavande. C’est très court, je le cite in extenso :

«François Fillon s’est laissé aller, mardi matin devant les députés UMP, en leur racontant un épisode de son déplacement de la veille dans l’Ardèche : « Hier, on a visité une entreprise où il y a de jeunes et jolies jeunes filles qui font des savons, a raconté, émoustillé, le Premier ministre. Ça respire le bonheur, ça sent la lavande, et après, elles me parlent de travail pénible, sous prétexte que c’est à la chaîne! Je leur ai répondu : Et pour ceux qui coupent le cou des volailles, chez moi dans la Sarthe, vous croyez que ce n’est pas pénible ?».

Et macho en plus ! Tout à fait dans la lignée des déclarations déplacées d’Eric Woerth sur la pénibilité au travail ou les problèmes auxquels sont confrontés la grande majorité des Français : «se garer est aussi un problème» avait-il osé sortir, toute honte bue ! C’est dire le plus grand mépris dans lequel il nous tiennent !

N’en déplaise à François Fillon, une chaîne de travail reste une chaïne quel que puisse être le matériau. Qu’il sente bon ou mauvais. Nous savons tous que les mouvements répétitifs entraînent des troubles musculo-squelettiques, arthrose, tendinites et syndrome du canal carpien à la clef. De surcroît, il est très fréquent que les ouvrier(e)s travaillant à la chaîne soient obligés de transbahuter ensuite les cartons pleins, souvent très lourds. Ce qui n’arrange en rien le dos en général et les lombaires en particulier.

Je doute par ailleurs qu’il réserve meilleur sort aux ouvriers qui travaillent dans les abattoirs de poulets ou autres animaux… Métier difficile s’il en est. Ils devront sans doute comme les autres faire la preuve qu’ils sont invalides à au moins 20 % - reconnaissance qui sera très difficile à obtenir. Ce qui revient à dire que la plupart seront obligés de travailler jusqu’à au moins 62 ans. Quel que soit l’âge auquel ils auront commencé à travailler. Voire plus – l’âge auquel on pourra prétendre à une retraite à taux plein ayant été repoussé à 67 ans ! - si pour diverses raisons, leur carrière présente des trous : chômage, maladie, etc.

Me faudra-t-il rappeler une fois de plus que cette réforme est totalement inique car elle lèse les salariés qui cumulent tous les handicaps sociaux : carrière longue, travail précaire et mal rétribué, mauvaises conditions de travail, travail posté et/ou de nuit. J’ai été outrée de lire chez Sarkofrance A Saint-Nazaire, Sarkozy enterre bien l’industrie française que s’agissant des salariés qui ont été exposés à l’amiante, il n’y aurait aucun changement pour les personnes déjà atteintes mais «qu’on va avoir des discussions pour ceux qui ont été exposés à l’amiante mais n’ont pas été touché. Je sais bien qu’il faut que je tranche cette question-là. Je ne le ferai pas aujourd’hui (…)J’ai demandé une expertise sur le sujet. je veux pouvoir y réfléchir».

Renversant et criminel quand on sait que l’abestose – l’équivalent de la silicose des mineurs – et surtout ! le redoutable cancer de la plèvre peuvent ne se déclarer que très longtemps après l’exposition à l’amiante. Pas besoin de réfléchir. Ces salariés sont condamnés à une mort lente dans d’atroces conditions. L’humanité commanderait de ne point les priver d’années de retraite où leur santé n’est pas encore trop altérée.

En tant qu’infirmière ayant exercé 6 ans dans une entreprise de la métallurgie (mécanique de précision) j’en connais certainement beaucoup plus que François Fillon sur la pénibilité au travail. J’ai toujours attaché beaucoup d’importance à l’ergonomie et j’ai eu l’avantage insigne de travailler dans une bonne boîte où l’on ne se moquait pas, bien au contraire, des conditions de travail et des risques. Tout n’était sans doute pas parfait, cela plus de 30 ans.

Je n’en reste pas moins stupéfaite de voir combien aucun progrès sensible n’a été réalisé en la matière lors même que nous disposons d’une technologie autrement supérieure. J’inclinerais même à penser que tout s’est au contraire nettement dégradé : la sécurité au travail, forcément, ça coûte ! Les profits des actionnaires passent avant toute autre considération.


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