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La villa de Michel Drucker : encore plus fort que Joyandet !

Publié le 26 juillet 2010 par Kamizole

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Je poursuis ma lecture du Canard Enchaîné. Huit pages où les motifs de colère ne manquent pas ! Quitte à me répéter : en Sarkozie, le scandale est permanent comme certains cinémas jadis. Les acteurs changent mais le fond demeure. Il est fort utile d’être un animateur de télévision bien en cours dans les allées du pouvoir. Passer les plats à Bernadette Chirac hier ou Carla Bruni et tutti quanti aujourd’hui, forcément ça aide quand on désire obtenir des passe-droits dans une république népotiste et clientéliste. Comme faire construire une villa en méconnaissance totale des règlements d’urba-nisme et de protection des sites.

Dans le cas d’Alain Joyandet, sans doute parce qu’il était un sous-ministre déjà sur la sellette pour une affaire de dispendieux voyage et que cela l’affichait mal alors que la pilule de la réforme des retraites coinçait dans beaucoup de gosiers, plus l’affaire Woerth-Bettencourt qui pointait son nez, il avait préféré renoncer à poursuivre sur la lancée de son permis de construire entaché d’irrégularités. Avant d’être obligé de démissionner, sacrifié sur l’autel de la défense d’Eric Woerth.

Les travaux n’avaient d’ailleurs pas encore commencé. Contrairement à ceux de la villa de Michel Drucker à Eygalières dans les Bouches-du-Rhône qui seraient pratiquement terminés ! Quand bien même le tribunal administratif de Marseille - saisi d’une action en référé par une association de défense de l’environnement, la Ligue de défense des Alpilles – aurait-il le 26 novembre 2009 suspendu – au motif que l’architecte des Bâtiments de France n’avait pas été consulté préalablement en contradiction évidente avec les règles s’agissant de l’édification d’une maison de 293 m² dans un rayon de moins de 500 m d’une chapelle, inscrite «dans le périmètre d’un site classé, dans un espace remarquable de la Directive paysage Alpilles» - la décision du maire d’Eygalières (Bouches-du-Rhône) qui avait refusé de retirer un permis de construire accordé à Michel Drucker Mais… fort curieusement, le TA n’avait pas ordonné en même temps l’arrêt des travaux !

Selon une dépêche de l’AFP (22 juillet 2010) Le Conseil d’Etat confirme le retrait d’un permis de construire à Michel Drucker en des termes on ne peut plus clairs et sans aucune aménité «Le juge des référés a pu, sans commettre d’erreur de droit ni dénaturer les pièces du dossier qui lui était soumis, retenir, en l’état de l’instruction, comme de nature à créer un doute sérieux sur la légalité du permis de construire litigieux, le moyen tiré de ce qu’il serait entaché de fraude» et soulignant au passage que l’avis de l’architecte des Bâtiments de France - «très attaché à la préservation du site d’implantation du projet qui est classé» - n’avait pas été sollicité alors que les textes l’exigent.

Il restera que cet arrêt statue uniquement sur le refus du maire de retirer le permis de construire et que la procédure sur le fond du litige doit suivre son cours, aucune date d’audience n’étant encore arrêtée. Certes, Annick Blanc, présidente de la Ligue de défense des Alpilles peut se déclarer satisfaite de l’arrêt du Conseil d’Etat mais elle n’en constate pas moins que «La maison est pratiquement construite mais à ma connaissance, il n’y a plus de travaux en cours»… Ben oui, quoi ! Une fois que le gros œuvre est achevé, le reste n’est que broutilles.

Je pensais naïvement que l’instauration du référé administratif qui n’existait pas encore quand j’étudiai le droit de l’urbanisme mettrait définitivement fin à ces fort nombreuses situations quasi ubuesques où l’arrêt du Conseil d’Etat constatant la nullité d’un permis de construire en contradiction avec – surtout - les lois Littoral et Montagne et autres prescriptions d’urbanisme ou de sauvegarde de l’environnement intervenait quand les opérations immobilières sur des ZAC, des ZUP et autres acronymes aussi barbares étaient terminées et les immeubles ou lotissements déjà occupés par leurs habitants !

Assurément, Michel Drucker ne manque pas d’entregent. Depuis le maire divers-droite d’Eygalières jusqu’aux services de Jean-Louis Borloo – ministre, entre autres attributions, de l’Ecologie ! – qui se sont fendus d’un mémoire de quatre pages destiné à soutenir la cause de Michel Drucker devant le Conseil d’Etat, ce qui visiblement n’a pas impressionné les hauts magistrats de l’ordre administratif.

Cela aide aussi d’avoir le pouvoir dans sa manche. Une première plainte déposée en avril 2009 pour «faux et usage de faux» auprès du Tribunal de grande instance de Tarascon vient d’être classée sans suite par le procureur de la République. Qu’à cela ne tienne ! La Ligue de défense des Alpilles envisage de déposer à nouveau une plainte au pénal – cette fois avec constitution de partie-civile – indique Annick Blanc.

Il est dommage que je ne sois pas équipée d’un scanner car je n’ai pas de photo de cette “villa” si tant est que l’on puisse nommer ainsi le monstrueux et énorme bunker blanc – donjon du XXIe siècle pour bien signifier la suprématie de l’argent-roi ? - qui défigure totalement le paysage vallonné d’une pinède.

Crime contre la beauté et la nature. Mariage de l’argent et du goût de chiottes. Impossible de penser qu’il puisse y avoir un architecte digne de ce nom à l’origine d’un tel projet ou qu’il ait en quelque chose respecté un cahier des charges qui ne doit pas manquer d’exister dans une zone protégée.

Remarquez qu’en matière d’architecture moche – il faudrait un concours ! – et de très mauvais goût, je suis tombée en arrêt devant la photo de la fameuse île d’Arrosa et sa monstrueuse villa pour milliardaires. Un mélange entre la maison des «sept nains» de Blanche-Neige à la sauce Disney et maison des Schtroumpfs ! Vous y ajoutez un zeste du village gaulois d’Astérix et le mauvais tour est joué : l’argent ne suffit pas à rendre esthète.

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