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Comme une envie de liberté sauvage

Publié le 03 juin 2009 par _djess_
Hier soir, à mon grand bonheur, mon homme me fît découvrir un autre de ces chefs d'oeuvre cinématographiques. Bien sûr, une telle affirmation mériterait que l'on s'attarde sur la notion de "bons" ou de "mauvais" films, ce qui en théorie nous (enfin, me, surtout) prendrait des heures, je dirai donc simplement qu'à mon sens un bon film, ou un bon livre d'ailleurs, est celui qui allie le phénomène de "scotchée au bord de mon siège" et la profondeur des propos qui me font réfléchir des jours durant. Ce qui fût entièrement, absolument, résolument le cas avec Into the WildPour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de se familiariser avec ce scénario, laissez-moi vous en faire un bref descriptif. Tiré d'une histoire vraie, ce film relate les aventures époustouflantes du jeune Christopher MCCandiness, aka Alexander Supertramp (réalisé par Sean Penn, quand même), ce jeune brillant diplômé qui, en totale contradiction avec les valeurs de la société qui l'entoure, décida de vider son compte en banque au profit d'Oxfam et de partir, sans prévenir personne, son sac à dos sur les épaules, à la conquête de l'état sauvage, de son moi profond, de sa nature première.Un tel sujet ne pouvait évidemment me laisser de marbre, moi qui depuis maintenant quelques temps réfléchis à la possibilité d'un retour à la nature. La société actuelle, et ce depuis plus de deux mille ans, fait de l'élevage d'humains apprivoisés et conditionnés à vivre en appartements (parfois certains préfèrent vaguement une maison à la campagne, sans trop savoir pourquoi) et à produire de la valeur monétaire avec l'appât maigre mais oh-combien-désirable du confort et du matérialisme comme ultime nécessité à son bonheur éventuel.Séparé en toute inconscience de son authentique nature, l'être humain s'aliène, devient aigri avec le poids des années, des corvées, alors même qu'il a accumulé les richesses matérielles de ce monde. Il devrait se sentir profondément satisfait de son succès terrestre. Seulement ce n'est pas le cas, et naît alors une dichotomie entre l'image du bonheur véhiculée par les visages épanouis des acteurs dans nos spots publicitaires et la réalité d'une insatisfaction permanente. Alors, l'Homme visera plus haut, plus loin... plus, encore et toujours plus, pour en venir à la conclusion extrême que quelque chose ne va pas chez lui. Il traverse la crise de la quarantaine bien avant l'âge, et la crise de la cinquantaine quelques mois plus tard, pour finir gisant, l'infarctus au bout du coeur, dans son canapé, le plateau de nourriture artificielle sur les genoux, le dernier reality show devant les yeux. Désenchanté, l'être humain devient dépressif, il s'enfuit dans l'alcool, dans mille et une expériences les plus insignifiantes et illusoires les unes que les autres: le pouvoir, les conquêtes sexuelles, la performance, le succès, ... Alors que le bonheur, quelle qu'en soit sa conception, se trouve ailleurs, et qu'au lieu d'espérer plus, il aurait suffit de vouloir moins.La nature humaine gît emprisonnée entre les barreaux invisibles de sa cage dorée...Si l'on garde les yeux fermés, c'est notre perte. Si nous les ouvrons, quel choix nous reste-t-il? Se résigner, s'en arranger... ou s'en aller. Certains diront qu'il suffirait de tenter un entre-deux. Mais comment être dedans et dehors à la fois sans quelques fois se sentir en dehors de tout ça?Idéalement, le système en entièreté serait à réviser, à renverser. Mais encore faudrait-il croire en la capacité humaine à se reformater, à oublier ces années de déchéance et de pseudo-confort pour qu'un avenir meilleur soit possible, un avenir qui n'engendre ni sa perte, ni celle de sa planète.Et puis, à notre petite échelle d'un seul, d'une seule poignée d'êtres, peut-on vraiment effacer ces centaines d'années de corruption, de ce tourbillon virevoltant d'où résonent des mots tels que "profit", "performance", "mérite"?L'on peut toujours s'en aller, quitter tout, retourner à notre état sauvage. Je repense à ces quelques uns qui en on fait le choix et qui l'ont payé de leur vie. Sommes-nous vraiment capables de survivre en pleine nature hostile? Et même alors, serions-nous capables de vivre?Si toutes ces questions restent sans réponse, ce n'est pas faute de réflexion. Et croyez-moi, je n'ai pas fini d'y réfléchir...

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