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La fleur de cactus et le hérisson

Publié le 04 août 2010 par Livmarlene
La fleur de cactus et le hérisson

Au détour d’un chemin de campagne, une fleur de cactus croise un animal étrangement familier. La bête a une bonne bouille, du genre que l’on n’aime pas voir écrasée au bord de la route. En plus elle pique un peu, ce qui ne gâche rien. Et puis elle se comporte un peu comme un cactus, un cactus qui aurait des pattes pour filer loin.

Peu à peu, la fleur, d’ordinaire bien protégée au milieu des piques de sa plante nourricière, ose approcher le bout de son nez pour observer le phénomène de plus près. Pas de réaction intempestive, juste quelques petits bruits, tout va bien. Un peu plus près... Ça n’a pas l’air si piquant que ça.

La bestiole est même carrément rigolote. Aussi ni une, ni deux, la fleur saute sur le dos du hérisson et surprise : elle se sent comme à la maison. Pas croyable : c’est différent et pourtant, c’est pareil ! Deux, trois blagues sur les marguerites et le hérisson si élégant dans son costume d’aiguilles, gagne la confiance de son invitée surprise. La fleur est conquise. Elle veut rester là, perchée sur son cactus voyageur qui l’a retournée comme une chaussette sans qu’elle s’en rende compte. Elle goûte au plaisir de se balancer sur le dos de son nouvel ami à chacun des pas qu’il fait vers l’inconnu. Elle sent le vent dans ses pétales, le soleil sur son coeur, la joie d’une compagnie aussi complémentaire. Mais à peine commence-t-elle à s’habituer à voir du pays tout en étant doucement bercée, qu’un vélo lancé à pleine vitesse passe tout près de la joyeuse caravane. Pour éviter de se faire écrabouiller par les roues, le hérisson pique un sprint. Prise par surprise, la fleur de cactus n’a pas le temps de s’accrocher fermement. Le courant d’air la détache des piquants et lui frippe la corolle. Elle retombe un peu plus loin sur un figuier de barbarie, très courant dans la région.

“Horreur, où est mon mobile home ?” s’écrie-t-elle.

Parti. Elle regarde tout autour d’elle, espérant un moment voir le museau du hérisson surgir de derrière une plante. Mais elle ne voit rien. Elle verserait bien une larme, mais c’est la saison sèche et la plante qui l’accueille n’a pas d’eau à gaspiller. Alors elle se contente d’un soupir.

Elle s’y voyait déjà, parcourant le monde à dos de hérisson, un sourire au pistil, tandis que son compagnon lui raconterait des blagues de coquelicots.

Sauf qu’après le passage du vélo, il n’est pas revenu la chercher. Il n’avait peut-être pas tellement envie de sa compagnie, finalement. “Pas grave, se dit-elle. Sur les figuiers de barbarie au moins, y’a à bouffer !”

*** L'image est aussi de moi. Même les caramels, je me dois de les assumer !


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